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Sweeney Todd

Par Sébastien Michel


Adaptation d’une comédie musicale à succès de Broadway, « Sweeney Todd » est la sixième collaboration des surdoués Tim Burton et Johnny Depp. Habitués des productions macabres, les deux artistes se surpassent dans une fresque sublimement mise en scène mais décevante sur le fond.
Sweeney Todd
Dans une ville de Londres aux allures victoriennes des plus sombres, Sweeney Todd revient sur les traces du Juge Turpin qui quinze ans plus tôt le fit emprisonner pour jouir à sa place de sa famille. Privé pendant toutes ces années de sa femme et de sa fille, le diabolique barbier de Fleet Street a soif de vengeance et, aidé de Mlle Lovett, met en place un stratagème démoniaque pour attirer sous le fil de son rasoir son ancien bourreau.
Connu pour ses thèmes de prédilection, son style et son travail d’auteur, Tim Burton revient au sommet de sa forme avec un long-métrage musical qui ravira les aficionados du gore et du gothique par sa noirceur morbide et son côté macabre fulgurant. Pétrie d’humour noir, cette chronique acerbe et sanglante à souhait nous invite à voir la vengeance d’un homme du peuple sur une aristocratie toute puissante et corrompue. Tout y est : amour, haine, cruauté, trahison. Pourtant, le film manque paradoxalement d’émotion, sans doute à cause d’un excès de style et d’hémoglobine. L’avalanche d’horreur invite le spectateur à prendre énormément de recul par rapport à l’histoire et de fait, le détache de la tragédie qui se déroule sous ses yeux.
Néanmoins, les décors sublimes, les images exceptionnelles, un sens du cadre au sommet, une mise en scène juste et inspirée, une musique de circonstance, nous rappellent la réussite flagrante du long-métrage. Cinéaste de la forme et de l’esthétisme, Tim Burton nous livre un bijou visuel qui rend presque anecdotique les chants de ses protagonistes. Le réalisateur nous dispense également de ballets interminables et grandiloquents pour rester sur le nœud dramatique d’un scénario somme toute classique. Car c’est malheureusement là que réside la grande faiblesse de « Sweeney Todd » : même s’il regorge de rebondissements, ceux-ci sont trop prévisibles pour tenir en alerte le spectateur. Pire, ce long-métrage ressemble presque plus à une commande de studio qu’à une œuvre vraiment personnelle du maître, comme si on avait demandé à Burton de faire du Burton. Il n’empêche que la réussite visuelle est indéniable et les interprètes remarquables.
Saluons donc la prestation d’un casting exceptionnel et tout en voix emmené par l’éminent Johnny Depp. Après « Edward aux mains d’argent », « Ed Wood », « Sleepy Hollow », « Charlie et la chocolaterie » et les « Noces funèbres », l’association de ces deux grands du Cinéma fait mouche une fois de plus. Inquiétant, macabre, fou, Johnny Depp trouve en Helena Bonham Carter la partenaire idéale pour ce rôle. L’immense Alan Rickman incarne à merveille un juge concupiscant, pervers et corrompu, tandis que l’étonnant Sacha Baron Cohen (mais si, rappelez-vous, Borat et Ali G, c’est lui) détonne dans un rôle de barbier Italien très en verve.
Sans grande surprise, le dernier Burton regorge de qualités et constitue une belle expérience cinématographique. Néanmoins, « Sweeny Todd » demeure une œuvre assez prévisible et peu personnelle mais heureusement servie par une réalisation exceptionnelle et des comédiens inspirés.


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