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DSK, Karachi, Tapie : Sarkozy est écrasé.

Publié le 20 mai 2011 par Juan
DSK, Karachi, Tapie : Sarkozy est écrasé.Vendredi 20 mai, Dominique Strauss-Kahn devrait être libéré sous caution. Il avait encore passé une nuit à Rikers Island, mais le juge a accepté qu'il sorte le lendemain. DSK avait démissionné un peu plus tôt de son poste de directeur général du FMI. Déjà, la rumeur que Christine Lagarde soit pressentie pour le remplacer avait refait surface.
Mais le hasard fait mal les choses. La ministre est accusée par le Canard Enchaîné d'avoir empêché la justice de suivre son cours contre Bernard Tapie. Et une autre affaire, à Karachi, se rappelait aussi dans l'actualité. 
Lagarde ne remplacera pas DSK
L'actualité est ainsi faite qu'elle présente parfois des affaires similaires au même moment. L'agenda médiatique est occupé par les affres de Dominique Strauss-Kahn. L'affaire fait écran à tout le reste. Elle provoque ici ou là quelques réactions de ras-le-bol, mais toujours une incroyable curiosité mortifère. Jeudi soir, l'audience du jour fut retransmise, avec un léger différé, sur toutes les chaînes d'informations. France 2 y consacra un plateau spécial, mais  l'animateur David Pujadas avoua qu'il parlait mal anglais pour pouvoir traduire l'incroyable séquence qui se déroulait sous nos yeux. Sarkozy pouvait bien sillonner la France, comme chaque jeudi, tout le monde s'en fichait.
Pire, un tout nouveau sondage confirmait que Sarkozy restait largement distancé au premier tour de la présidentiel malgré la disqualification de DSK. Quelle injustice !
Un peu plus tôt, le directeur général du FMI a démissionné de ses fonctions. Et on prête à Christine Lagarde l'intention de briguer le poste. Trois jours avant le scandale, la ministre niait une telle intention : « Je n’ai pas du tout envie d’arrêter. J’ai de bons amis qui sont allés raconter des salades sur moi ». En fait, personne au gouvernement ou à l'Elysée ne croyaient à l'époque crédible de faire succéder une Français à un Français.
Le hasard faisant bien, ou mal, les choses, une affaire impliquant la ministre a ressurgi dans les colonnes du Canard Enchaîné ce mercredi 18 mai. Selon l'hebdomadaire, la ministre de l'Economie et des Finances Christine Lagarde aurait refusé de suivre l'avis des services de Bercy dans le règlement du litige opposant le Consortium de réalisation (CDR, gérant le passif du Lyonnais) et Bernard Tapie. L'hebdomadaire s'appuie sur un rapport de la Cour des Comptes. Un conseiller de la ministre a expliqué qu'il n'y avait rien de nouveau dans ces informations. En fait, pas tout à fait. On savait déjà que la Cour des Comptes avait critiqué la décision de recourir à un tribunal arbitral plutôt que de laisser la procédure judiciaire suivre son cours, et l'absence de recours après la condamnation du CDR en juillet 2008 à verser près de 285 millions d'euros à Bernard Tapie. Cette fois-ci, le Canard Enchaîné affirme que Christine Lagarde n'a pas suivi les recommandations de ses propres services.
Le 10 mai dernier, La Cour de Justice de la République avait annoncé le lancement d'une enquête. La ministre dénonce une calomnie.
Karachigate, ça redémarre
Autre affaire, celle de l'attentat de mai 2002 qui coûta la  vie à 14 personnes, dont onze ingénieurs français de la DCN. Sur le coup, le juge , Jean-Louis Bruguière, qui rallia plus tard l'UMP, avait privilégié la piste de l'attentat islamiste. On avait même prétendu que le 15ème mort était un kamikaze. Seulement voilà... cette thèse vient de subir un sérieux revers. Mediapart a révélé jeudi 19 mai que le juge Marc Trévidic, qui a succédé au juge , Jean-Louis Bruguière dans l'instruction sur l'attentat, a reçu un rapport d'expertise, rédigé le 30 avril dernier par deux experts en «explosifs» et «déminage» du laboratoire central de la préfecture de police (PP) de Paris, Jean Vareille et Jean-Jacques Minet.
Les deux auteurs ont invalidé, preuves à l'appui, la thèse de l'attentat-suicide : « Malgré l'absence de vestige du dispositif d'amorçage, les circonstances de l'explosion et les investigations sur site permettent de penser qu'il s'agit d'un système télécommandé, à radiocommande ».  Ou encore : «Nous n'avons retrouvé aucun vestige humain à l'avant, ce qui nous incline à penser que le conducteur était vraisemblablement sorti du véhicule avant que la charge ne fonctionne.» Le plus curieux est que ces deux experts, présents quasi-immédiatement sur les lieux de l'attentat en mai 2002, avaient remis un rapport préliminaire dès les premier mois. Et pourtant, ils ont confirmé au juge Trévidic qu'ils n'avaient jamais été sollicité ensuite pour finaliser leur rapport.
On croit rêver.
Sarkozy parle tutoiement et radars des routes
En déplacement en province, le second de la semaine, Nicolas Sarkozy a préféré commenter l'affaire … des radars. La suppression prochaine des panneaux annonçant la présence de radars fixes a « enflammé » la réunion du groupe UMP mardi dernier. Et la polémique ne s'est pas calmé. Certains élus UMP craignent pour leurs électeurs automobilistes. Le lendemain, Guéant confirmait la mesure, décidée voici 10 jours. Et ce jeudi, Sarkozy enfonce le clou. Le sujet est aisé, il permet de montrer, à peu de frais, davantage de volontarisme qu'avec la prime sur l'emploi.
Autre sujet facile, il a rappelé l'interdiction du tutoiement dans la police ou la gendarmerie. Il visitait la gendarmerie flambant neuve de la Londe-les-Maures, dans le Var. Il s'était dressé sur une estrade, comme souvent, micro en main, comme toujours. Contempler Sarkozy dominant d'une tête une foule compacte est toujours une image bonne à prendre. Devant gendarmes et gendarmettes en shorts et en vélos, il prévient, très sentencieux : « Pas de familiarité, on ne tutoie pas » . « Une démocratie qui n'a pas de policiers et gendarmes pour faire respecter la loi et protéger les braves gens n'est pas une démocratie. Parce que vous êtes la loi de la République, vous devez être exemplaires. Vous avez le droit d'utiliser la force mais c'est la force de la République ». Là aussi, la charge est facile, et anecdotique en regard de la situation du pays.
On attendait du Monarque qu'il commente les tensions économiques, l'inflation qui repart partout dans le monde, le pouvoir d'achat menacé ou la sécheresse, qui frappe une belle part de l'Europe mais également la Chine, et alimente la hausse des prix des matières premières. Sarkozy, ce jeudi, était finalement médiatiquement tétanisé par les déboires de Dominique Strauss-Kahn à New-York.

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