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Pourquoi ce tonnerre nommé DSK ?

Publié le 20 mai 2011 par Rsada @SolidShell

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« Comme un coup de tonnerre » : empruntant la formule rendue célèbre par Lionel Jospin au soir du 21 avril 2002, la première Secrétaire du Parti Socialiste Martine Aubry a exprimé le ressenti de bon nombre de français lorsqu’ils ont appris l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New-York dans une affaire d’agression sexuelle.

« Le poids des mots, le choc des photos » : devise célèbre empruntée à l’hebdomadaire Paris Match synthétisant parfaitement les commentaires de nos responsables politiques et le traitement de cette information par les medias français.

Mon sentiment personnel se résume cruellement au travers du Twit d’un ami qui annonçait dimanche : « Le 15 mai 2011 on apprit que DSK ne sera pas Président de la République française ».

La violence du coup une fois amortie et le cadre étant posé, revenons maintenant sur quelques faits marquants qui ont jalonné la réception des informations en provenance des Etats-Unis.

LA JUSTICE AMERICAINE PORTEE A L’ECHAFAUD

Le premier élément d’étonnement réside sans doute dans l’interprétation rendue au public français de l’application de la Justice américaine. En dehors du récit détaillé des conditions d’arrestation de l’ex-Directeur Général du FMI et des charges retenues contre lui par le Procureur de New-York, nos medias nous ont réservé un véritable réquisitoire hâtif et sans défense du système judiciaire américain depuis dimanche.

Le téléspectateur français doit longuement batailler pour trouver un avocat acquis à la cause de la Justice outre-Atlantique qui a été tour à tour présentée comme « brutale », « violente », « attentatoire à la dignité humaine » et irrespectueuse de la « présomption d’innocence ».

Parmi toutes les interventions, seule la curiosité pouvait permettre de trouver un commentateur capable d’expliquer que le système américain est dit « accusatoire », que c’est la Défense qui mène l’enquête afin de démonter chacune des charge retenue contre lui, et qu’il s’oppose donc frontalement au système judiciaire français qui se veut lui « inquisitoire » et où c’est le Juge d’instruction qui réuni les preuves de culpabilité. Fort heureusement, des spécialistes en Droit américain sont venus corriger le faux-départ du début de semaine.

Au lieu de tout cela, de brillants journalistes qui nous avaient habitués à la qualité de leurs analyses se sont noyés dans un méli-mélo où le sensationnel a primé sur le rationnel et, plus surprenant, de nombreux responsables politique se sont livré à des propos peu flatteurs, voire insultants à l’égard des pratiques Yankees, sonnant comme une insulte à leur intelligence et compromettant tout avenir diplomatique.

Les medias américains ne s’y sont pas trompés. Ce grand Barnum venu de France résonne encore à leurs oreilles comme une forme avouée d’arrogance bien française.

JUSTICE POUR TOUS

L’arrestation de Dominique Strauss-Kahn violente certes, car aussi incroyable qu’inattendue, relève bien plus d’une leçon sévère que nous ont infligé nos meilleurs ennemis américains que d’un simple camouflet anti-français.

Depuis dimanche, la France, patrie des Droits de l’Homme dont le principe constitutionnel revendique un « Gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple » se voit vertement renvoyée à ses études par le biais de la télévision qui lui montre que la Justice, rien que la Justice, lorsqu’elle est prétendue égalitaire, s’applique sans distinction de classe ou de condition sociale.

Nombreux sont ceux qui s’accordent sur l’idée qu’une personnalité à fonction identiques et dans des circonstances équivalentes, n’aurait pas eu à subir une arrestation dans les mêmes termes dans notre pays. Les français ne manquent d’ailleurs pas une occasion de souligner les inégalités de traitement qui peuvent subsister selon si l’on est un « grand » ou un « petit ».

Partant de cela, mes chers compatriotes, qu’avons-nous donc à voir dans les usages américains une quelconque perfidie ?  

PHOTO OR NO PHOTO, THAT IS THE QUESTION !

Sans doute encore secoués, par bêtise ou par simple erreur de jugement, la publication des photographies montrant DSK menotté au sortir du Commissariat de Harlem et la retransmission de l’audience du Tribunal de Manhattan conduisant à son incarcération à la prison de Rikers Island, n’ont pas manqués de faire polémique.

Cette polémique justement, sur quoi a-t-elle reposé ? Rien de ce qui a été montré au public français ne portait ombrage à la présomption d’innocence de Dominique Strauss-Kahn et encore moins, à une illusoire atteinte à sa dignité !

Les autorités américaines ne l’ont pas exhibé en sous-vêtements ou dans une posture humiliante !

Serais-ce le fait d’avoir vu l’ex-patron du FMI menotté ? Oui mes chers compatriotes, la fiction rejoint parfois la réalité ! Toutes ces images d’une Justice américaine qui nous parviennent au travers des nombreuses séries dont nous sommes friands existent bel et bien !

Pourtant, je ne crois pas avoir entendu ces « outrés du moment » lorsque ces mêmes chaines de télévision nous ont montré un Mickaël Jackson ou un Bernard Madoff menotté au moment de leur propre arrestation !

Pourtant, ces « scandalisés de l’instant » n’ont jamais versé une larme pour les détenus de Guantanamo présentés enchainés et entravés dans divers reportages de JT !

Pourtant, ces « grands émotifs » n’ont jamais protesté lors de la diffusion de documentaires relatant l’enfer des prisons de l’Oncle Sam ou émus du cas des détenus de la prison de Maricopa en Arizona !

Ce larmoiement intempestif était de trop. A un point tel qu’il en était ridicule et pathétique. Encore plus, lorsque ces déclamations sont tenues par des personnalités dites « intellectuelles » ! Encore plus, tant que la vérité demeure inconnue de tous !

Non, ces complaintes monotones visaient seulement à faire oublier que nous vivions en ces tristes instants, une douloureuse et profonde humiliation collective ! Oui, les français se sont sentis humiliés ! Humiliés de voir celui qui aurait pu devenir leur prochain président, être présenté aux yeux du monde comme un criminel sans nom. 

APRES LUI, LE CHAOS !

Au moment où Dominique Strauss-Kahn est inculpé de toutes les accusations portées contre lui et, se voit accordé dans le même temps un régime de liberté conditionnelle, les journalistes français sont accusés d’avoir passé sous silence sa « sexualité déviante et/ou débridée » !

Amis américains que l’on dits éternels puritains, fuyez ! La Mondaine s’en revient de par chez nous pour remettre de l’ordre dans nos mœurs ! Comme de bien entendu, vous allez voir ce que vous allez voir ! Si vous ne le saviez pas encore, la bonne moralité, c’est encore nous qui l’avons inventé !

Voilà encore poindre à l’horizon une polémique certaine. Celle d’un débat franco-français où l’on débat de tout et surtout de rien. Celle où chacun conviendra dans quelques semaines, qu’il ne revient pas aux journalistes de nous décrire les envies ou les coucheries des uns et des autres. Voici ou Gala suffisent à assouvir nos pulsions voyeuristes…

Enfin, que pensez de l’attitude stupéfiante d’Anne Mansouret, vice-présidente PS du Conseil Général de l’Eure, candidate à la Primaire du même parti et mère de Tristane Banon ? Si je ne réfute pas l’hypothèse que DSK ai pu avoir un comportement incorrect envers sa fille, je ne m’explique pas que celle-ci préfère étaler son dégoût du personnage devant les caméras plutôt que devant un  prétoire, aux côtés de sa fille, même près de dix ans après les faits supposés ! Une élue socialiste, censée défendre l’idée d’une République où la Justice est égale pour tous…

EPILOGUE DE LA FIN DU DEBUT

A l’heure où j’écris ces quelques lignes, je ne connais pas le destin de Dominique Strauss-Kahn. Mes sentiments personnels, resteront jalousement conservés. La Justice, quelle soit américaine ou française, dictera sa loi et s’appliquera sans que personne ne puisse la contester.

Le seul regret que je viens ici confesser, c’est que bien plus encore qu’en 2007, je reste intiment persuadé que Dominique Strauss-Kahn aurait été un excellent président pour la France.

A la manière de Confucius : « L'homme de bien situe la justice au-dessus de tout. Un homme de bien qui a la bravoure mais qui ignore la justice sera un rebelle. L'homme médiocre qui a la bravoure mais qui ignore la justice sera un brigand ».


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