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Les Rolls-Royce des Maharadjahs (1/3)

Publié le 21 mai 2011 par Olivia1972

rajagari.jpgOn l’a souvent écrit dans ce blog, l’Inde a eu dans le passé beaucoup de richesses. Ainsi l’Inde a acheté un grand nombre de Rolls Royce au cours des 50 premières années du siècle précédent. Retour sur ces voitures de légende…

Quand les britanniques régnaient encore en maître sur les Indes (sur plus de 400 millions d’habitants au moment de l’indépendance, en août 1947), il y avait en fait deux Indes :
D’une part l’Inde des provinces et des territoires directement administrés depuis New Delhi par les Anglais (soit 310 millions d’habitants, répartis sur les 2/3 du territoire) et, d’autre part, l’Inde des Principautés autonomes, en tout 565 Etats princiers semi-indépendants (soit 100 millions d’habitants, : un quart de la population totale, répartie sur environ 1/3 du territoire de l’Empire des Indes).

Il s’agissait là de principautés dont les souverains héréditaires (et souvent absolus) s’étaient montrés loyaux envers les britanniques sur les champs de bataille (on se souvient - par exemple – de la loyauté de l’Hyderabad durant les guerres marathes ou contre les établissements français - à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècles - ou de la vaillance des Maharadjahs rajpouts de Bikaner, de Jodhpur et de Jaïpour, Rajasthan lors des campagnes de la Somme, de Palestine et d’Italie – notamment à Monte cassino – lors des deux guerres mondiales), honoraient régulièrement ou avaient recherché l’alliance britannique ou avaient formellement fait acte d’allégeance à la couronne britannique.

Tous propriétaire de palais luxueux et somptueux, d’haras immenses et d’énormes troupeaux d’éléphants de parade, collectionneurs de voitures de luxe, de trains privés et de diamants de taille et de valeur inestimables (la plus grosse topaze du monde, propriété du maharadjah sikh de Kapurthala.

Ils formaient là une aristocratie hors du commun qui fit dire à Rudyard Kipling que ’’ces hommes avaient été créé par la providence afin de pourvoir le monde en décors pittoresque

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s, en histoires de tigres et en spectacles grandioses’’ : excentricités, prodigalités, exotisme et rêve d’une époque féérique alors sur sa fin. Comptant parmi les hommes les plus riches du monde, chacun des 565 membres de cette vaste confrérie princière possédait en moyenne 11 titres, 6 femmes, 12 enfants, 10 éléphants, 3 wagons de chemin de fer privé, 3 Rolls-Royce et un palmarès de 23 tigres abattus.

Mémorables et légendaire prince de Bharatpur (avec sa collection de tapis faits en perles d’ivoire et sa Rolls-Royce - réputée d’influence ’’aphrodisiaque’’ - en argent massif...), prince de Mysore (dont le trône en or massif pesait plus d’une tonne, qui célébrait chaque année avec ostentation le ’’roi’’ de son troupeau d’un millier d’éléphants, prince de Bénarès (qui se faisait réveiller chaque matin par les meuglements d’une vache sacrée hissée, pour l’occasion, jusqu’à la chambre du royal dormeur...), prince marathe de Junagadh ou rajah de Dhenkanal (qui invitaient toute l’Inde princière aux mariages - en grande pompe - de leurs chiens ou éléphants domestiques respectifs, lesquels vivaient en écuries dorées ou en appartements avec électricité et téléphone...), prince d’Alwar (dont la voiture « Lancaster » plaquée or - en intérieur comme en extérieur - était alors une réplique exacte du carrosse de couronnement

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des rois d’Angleterre...), prince sikh de Kapurthala, Pendjab (qui s’était fait construire la réplique d’un petit Versailles aux pieds de l’Himalaya...), excentrique prince marathe de Gwalior, Malwa (chasseur-tueur d’environ 1400 tigres, prince dont un train miniature faisait le service à table... ou qui fit vérifier la solidité des toits de son palais en y faisant promener l’un de ses éléphants...), heureux prince sikh de Patiala, Pendjab (goinfre au vingt kilos de nourriture par repas, qui mangeait deux à trois poulets entiers à son quatre heure, propriétaire d’environ cinq cent chevaux et aux près de 350 épouses et concubines...).
Pingre prince d’Hyderabad, propriétaire du légendaire diamant ’’Koh-i-noor’’ des anciens souverains moghols, vivant dans la plus extrême dénuement apparent (s’habillant en pyjama et sandales...) avec ses cent quarante épouses et concubines peuplant son harem (et autant d’enfants...) et sa collection de plusieurs centaines de voitures de luxe, à proximité d’une douzaine de camions enfoncés dans le sol jusqu’aux essieux puisque bourrés de lingots d’or et de malles dont le contenu représentait - en petites coupures dévorées par les rats.
Certains d’entre eux brillant également par leur humanité, leur modernisme et leur implication dans les oeuvres humanitaires, charitables, éducatives et sociales : les maharadjahs de Bhopal et de Baroda ayant beaucoup oeuvré pour les femmes et pour la condition des intouchables (les loger, les vêtir, les instruire...), le maharadjah de Bikaner, Rajasthan ayant beaucoup fait pour l’irrigation du Rajasthan, celui de Mysore et de Jaïpour, Rajasthan y ayant respectivement ouverts un observatoire d’astronomie et une université scientifique de renom (et beaucoup fait pour le développement de industries locales), celui de Kapurthala, Pendjab ayant également beaucoup fait pour le développement des infrastructures (hopitaux, voies ferrées, écoles) de sa principauté, etc... si bien que les conditions de vie dans les Etats princiers étaient très souvent beaucoup plus favorables aux populations locales que ce n’était alors le cas dans les territoires de l’Inde des provinces, territoires directement placés sous la ’’gouvernance’’ coloniale britannique.

C’est vers cette Inde que 900 Rolls-Royce seront livrées entre 1907 et 1947.

A SUIVRE


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