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[Critique DVD] Shahada

Par Gicquel

Je ne vois pas tous les jours des films de fin d’études, mais j’imagine qu’ils atteignent rarement le niveau de ce premier film. Une mise en scène au cordeau, une image et un cadre magnifiques (surtout les plans nocturnes), une direction d’acteurs irréprochable.
Tout ici semble déjà maîtrisé. Trop peut-être ; en tirant sur  les ficelles d’un art qu’il aura encore bien le temps de mettre en pratique, Burhan Qurbani se prend les pieds dans une dialectique qui à longue peut paraître pompeuse, sinon ennuyeuse.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au départ il s’agit de trois destinées dont les parallèles vont se croiser. Une figure de style dans le genre « Babel » que le cinéaste maîtrise plutôt bien. Ce sont des jeunes gens confrontés à leur croyance, à la religion musulmane qu’ils adaptent selon leur propre mode de vie. Un apprenti cuistot tenté par les garçons, Maryam la fille d’un imam qui vient d’avorter et un policier ravagé par une récente bavure…
Sur ces trois parcours parfaitement balisés, la caricature prend vite le pas sur l’esquisse, et le drame forcé atténue la portée du regard.

[Critique DVD] Shahada

Je ne sais pas trop pourquoi mais l’écriture de Burhan Qurbani me fait penser à celle de Fatih Akin quand il peint les relations humaines dans un film magnifique « De l’autre côté ».
Sur la thématique on est assez proche, mais là où Akin donne de l’air à ses personnages, leur confère une liberté de ton et d’expression jubilatoire, Qurbani plombe sa mise en scène d’un discours proche du prosélytisme.
On aime ses personnages, il nous les rend attachants (notamment Maryam jouée tout en finesse par Maryam Zaree ) et les comédiens ne sont pas étrangers à ce sentiment (superbe interprétation en porte à faux de Carlo Ljubek , le policier). Mais la manière dont ils s’en emparent est quasiment égocentrique. On n’accède plus à l’histoire, on entend une histoire, il nous l’assène….
Le réalisateur  nous renvoie trop me semble-t-il ses propres angoisses et ses réflexions de jeune homme civilisé, qui se doit de rendre des comptes à son créateur.Il en devient académique et c’est un comble au regard de ce film qui porte tous les espoirs d’un nouveau cinéma.

LES SUPPLEMENTS

Interview du réalisateur et de Maryam Zaree
Tous les deux s’attachent à définir les contours d’une histoire « universelle dans une population issue de l’immigration où des gens sont confrontés à une crise existentielle » relève Qurbani. « Mais le sujet, ce sont les personnages, pas la religion, c’est la vie pas le jugement qu’on porte dessus ».

[Critique DVD] Shahada

Un point de vue que je ne partage pas, au regard du film, même s’il approfondit bien ensuite dans son entretien « la confrontation entre ces deux mondes » et la manière dont il conduit sa propre existence. « S’il n’y a pas d’amour, pourquoi sommes-nous là, mais c’est aussi le paradoxe des êtres humains que d’être à la fois remplis d’amour et d’être incapables de l’exprimer et de le vivre. C’est un drame très humain ».
Les scènes coupées
Elles sont toutes très intéressantes, surtout qu’on y trouve aussi une forme de bêtisier sympa, avec parfois la même scène présentée sous deux angles différents, ou avec d’autres dialogues.


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