Cisjordanie : une ville entière se mobilise pour une étudiante assassinée

Sourif est une ville de 15 000 habitants en Cisjordanie, c’est aussi un autre fief révolutionnaire du monde arabe. La population s’est littéralement soulevée pour protester contre l’injustice des crimes d’honneur  après la découverte du corps d’une étudiante

L’assassinat d’une étudiante à Sourif en Cisjordanie a ému le village entier. Ayah Baradeya était une jeune étudiante sans histoire. Elle avait disparu et sa famille était sans nouvelles. Le 24 avril dernier, des paysans ont fait une macabre découverte : ils ont retrouvé le corps de la jeune femme dans un puits près du village. Son oncle a avoué être l’auteur du crime. Le motif ? Il désapprouvait la liaison qu’entretenait Ayah Baradeya avec un étudiant de la faculté où elle étudiait.

Contre la loi du silence

La loi du silence prévaut souvent dans ce genre de situation. Rami, le frère de la victime, a choisi de se battre.  La révolte s’est traduite par des manifestations et une grosse mobilisation sur internet, un peu à la manière des révolutions arabes. « Ayah à sa manière a fait tomber une loi obscurantiste. C’est une petite révolution pour la Palestine », explique le frère de l’étudiante au journal Le Monde.

Une annonce en direct lors d’une émission télé

La mobilisation a porté ses fruits : l’autorité palestinienne a  amendé la législation qui permet aux auteurs de crimes d’honneur de s’en sortir sans grand dommage. Une émission avait lieu dans la ville de Sourif pour évoquer Ayah. Le secrétaire général de la présidence palestinienne a donné en direct un coup de téléphone pour annoncer la fin de l’impunité pour les crimes d’honneur. Applaudissements, cris de joie : le village a fêté la nouvelle. Des associations de défense des droits  des femmes ont soutenu la révolte mais, pour elles, le combat n’est pas fini pour autant.