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F. Hollande, une normalité qui fait polémique

Publié le 26 mai 2011 par Hmoreigne

François Hollande, une normalité qui fait polémiqueS’affichant d’ores et déjà comme l’adversaire principal de Nicolas Sarkozy, François Hollande a revendiqué dimanche dernier sur le plateau de TF1 une présidence "normale" qui tranche avec le mandat du président sortant. "Je considère que ce que nous vivons depuis 2007 n'est pas normal", a estimé l’ancien Premier secrétaire du PS. L'actuel locataire de l’Elysée n’a pas eu besoin de riposter. Martine Aubry s’est chargée de porter dans la foulée la contradiction par média interposé. "Je suis une femme normale au sens que je vis comme tout le monde, mais je pense que quand on veut être candidat à la présidence de la République, il faut un peu plus". "Il faut incarner la France pour gagner, incarner son histoire, ses valeurs, il faut montrer une vision, un cap", mais aussi faire preuve de "proximité avec les Français" a répliqué la patronne des socialistes sur France 2. A la normalité du Président du Conseil général de Corrèze, la Maire de Lille oppose la notion de proximité. Ce faisant elle commet une importante erreur stratégique. Quel que soit le candidat qui sortira vainqueur de la primaire, il lui faudra faire feu de toutes pièces sur le Chef de l'Etat sortant et son bilan. Or, l’hyperprésidence et le mode de gouvernance de Nicolas Sarkozy prêtent le flanc à la critique tant les excès et dérapages ont été nombreux pour ne pas dire, pathologiques. En taclant avec hargne François Hollande, Martine Aubry prive les socialistes d’arguments susceptibles de faire mouche. Car Nicolas Sarkozy n'entend pas modifier son mode de fonctionnement, persuadé que les Français ne se soucient que des résultats, pas des gesticulations. "Il y a une énorme vague qui veut de l’épicé, du vrai tempérament et des vraies idées. Ceux qui sont déçus par moi ne le sont pas parce que j’en fais trop, mais parce que je n’en fais pas assez" déclarait il y a quelque temps le président en exercice. A l'inverse, François Hollande oppose à la  caricature de monarchie absolue  républicaine une présidence plus conventionnelle, respectueuse du collectif, des corps intermédiaires et qui sait laisser du temps au temps. "Il faut avoir une ambition élevée pour les Français et une humilité si on veut être le président du quotidien" estime le député de Corrèze qui dénonce notamment une confiscation de tous les pouvoirs par un seul homme, une situation qu’il juge « inacceptable ». "Il faut inventer une nouvelle forme de présidence, avoir de la hauteur sur l’essentiel et le respect des Français. En 2007, les Français voulaient rompre, avoir de la transgression. Sarkozy l’a fait par rapport à Jacques Chirac, Ségolène Royal voulait le faire par rapport au PS. Aujourd’hui le président doit réconcilier, apaiser, unir. C’est cela la présidence normale", a développé pour Le Monde François Hollande. Les ténors de la majorité présidentielle se sont bien gardés de répondre sur la question délicate de la gouvernance pour railler la notion de « normalité ». "Tous nos présidents ont été des personnages exceptionnels. Pour mener une campagne, pour diriger un pays de 65 millions d'habitants, il faut être hors du commun", a ainsi affirmé Claude Guéant. L'aristocrate et polytechnicienne et ministre NKM a enfoncé le clou : "Je ne suis pas sûr que chaque Français puisse être un grand président de la République. C'est une forme d'anormalité en soi-même. Président normal, ça ressemble vraiment à un slogan et en l'occurrence, c'est un slogan creux, vraiment creux. C'est l'exemple du creux". Ce faisant la droite qui a retrouvé les yeux de Chimène pour son champion fait sans doute fausse route. Frappé par la crise, les français sont las du bling-bling et des réflexes de castes dans lesquels la consanguinité l'emporte sur la méritocratie par le recours à la cooptation. La normalité évoquée par François Hollande renvoie à la qualité de l'homme d'Etat, une personne capable de servir l'intérêt général et non de se servir ou de servir ses amis. Elle esquisse donc à un retour de la  morale dans la vie publique par opposition à l'affairisme assumé de Nicolas Sarkozy. Dans le débat qui oppose le normal à l'exceptionnel, François Bayrou en bon centriste joue les arbitres. Rejetant les deux termes, le président du Modem préfère parler "d'un homme équilibré ayant une vision pour la France".


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