Chambre 1408 : L’Antre de la folie

Romancier, Mike Enslin (John Cusack) ne croit pas aux fantômes, pourtant il en vit & leurs consacre un guide : le guide des hôtels hantés américains. Dans cet ouvrage, chaque lieu de résidence se vantant d’avoir une chambre hantée est passé au crible. Inutile de vous préciser que Mike n’a jamais rencontré le moindre revenant… Mais ça va changer ! Recevant un jour une carte postale anonyme, Enslin est intrigué par le message qu’elle contient : "N’entrez surtout pas dans la chambre 1408" de l’Hôtel Dolphin (New York). Aprčs enquęte, Mike apprend de la bouche du directeur de ce "Palace", Mr. Olin (Samuel L. Jackson), que plus de 50 personnes se sont données la mort dans cette fameuse chambre. Malgré les mises en garde d’Olin, le romancier est bien décidé ŕ passer une nuit dans la suite…

Matinée d’un sens aigu pour les "Légendes urbaines", la premičre partie de "Chambre 1408" respire l’angoisse ŕ plein nez & promet beaucoup. Avant que le héros du film, Mike Enslin, ne pénčtre dans cette véritable chambre de l’horreur, un intense sentiment malsain gagne le spectateur. Ajoutez-y en plus un synopsis accrocheur, des dialogues intelligents, une touche certaine de sensationnel, (trčs) obscure, & un Samuel L. Jackson des plus convaincants en patron d’un prestigieux hôtel qui aimerait éviter un nouveau drame dans la chambre 1408.

Toutefois, on regrettera que, quand la porte se referme sur Enslin et que celui-ci se retrouve bloqué dans la 1408, la trame horrifique de ce film, signé Mikaël Hafstrom, retombe fortement pour laisser plutôt place ŕ un drame psychologique. En effet, enfermé dans un espace clos trčs kafkaďen, John Cusack, une nouvelle fois trčs en forme, se retrouve ŕ lutter contre les fantômes de son passé…

Il n’est pas question donc ici de débordement Gore et d’apparitions spectrales sanguinaires - malgré ce que laisse supposer la premičre partie du film (!) -, mais plutôt d’une introspection tendue dans l’esprit d’un homme qui a passé son existence ŕ enfouir au plus profond de lui ses peurs et ses peines. Ce traitement, męlant psychologie et psychose, n’est pas nécessairement déplaisant mais certains spectateurs pourraient toutefois se sentir duper par la "marchandise" !

Tiré d’une nouvelle de Stephen King, "1408" tourne - toujours dans sa seconde partie - rapidement en rond et l’on peut soupçonner un scénario assez modeste comblé, il est vrai, par une bonne mise en scčne et une bonne interprétation de John Cusack. Livré ŕ lui seul durant une grande partie du film, ce dernier tient le coup sans problčme devant la caméra, méthodique et inspirée, d’Hafstrom.

Aprčs avoir fait preuve d’un peu de dérision et de nonchalance, John Cusack plonge corps et âme dans un registre qu’il a rarement fréquenté : le drame sentimental combiné ŕ de la folie morbide. A ce petit jeu-lŕ, notre acteur s’en sort assez bien męme s’il ne transcende pas pour ainsi dire l’écran. Pour sa part, Samuel L. Jackson (peu présent ŕ l’écran) profite des apparitions qui lui sont offertes pour composer un personnage naviguant entre l’homme d’affaire sombre et froid & l’ange gardien (?) policé.

Rehaussé par une intro magnifiquement sombre et angoissante, "Chambre 1408" choisit de tourner quelque peu le dos ŕ l’horreur pour virer vers le drame psychologique… Qu’on se le dise ! Malgré ce "revirement" pas toujours trčs emballant (surtout pour les stricts amateurs de frisson), "1408" a quelques belles cartes ŕ abattre & demeure un bon thriller qui laisse derričre lui une certaine sensation inquiétante ou du moins malsaine… Pour un film prétendu horrifique c’est déjŕ pas mal !

Les fans de John Cusack seront aux anges ; ceux de Jackson également męme s’il est vrai que les apparitions de ce dernier sont comptées. On pouvait craindre franchement pire surtout quand on sait que le réalisateur Mikaël Hafstrom avait auparavant mis en scčne le trčs moyen "Dérapage" !

La bande-annonce…