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Les Saoudiens, à la manoeuvre

Publié le 01 juin 2011 par Jcharmelot

Avec leur discrétion habituelle, les Saoudiens interviennent là où ils le peuvent et comme ils le peuvent dans les troubles qui secouent les pays arabes. Et ils ont les moyens de transformer en succès les expériences de renaissance qui sont engagées de l’Afrique du nord à la Péninsule arabique.

Le roi Abdallah avait donné le ton à son retour, fin février, de trois mois de convalescence. En quelques jours, il avait distribué à ses sujets 100 milliards de dollars en aides diverses, pour calmer un début de tensions dans les provinces orientales du royaume. Elles sont riches en pétrole, mais abritent également une minorité chiite qui accuse la monarchie sunnite de les opprimer.

Par la suite, Riyad avait décidé de mettre de l’ordre dans l’agitation communautaire à Bahreïn, son petit voisin.  Les Saoudiens avaient offert une aide de 10 milliards de dollars, et envoyé mille hommes de troupe pour aider la dynastie des Khalifa à rétablir l’ordre.

Riyad a également pris la tête des initiatives du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) pour stabiliser la situation en Libye. C’est grace à l’organisation de coopération du Golfe que la Ligue arabe a trouvé le courage d’appeler au secours la communauté internationale. Et c’est grâce au feu vert de l’organisation pan-arabe que l’Onu a finalement voté la résolution 1973 qui a autorisé l’intervention de l’Otan contre le colonel Mouammar Kadhafi.

Les Saoudiens ont également pris la tête des efforts pour ramener l’ordre au Yémen, où le président Ali Abdallah Saleh est confronté à une contestation sans précédent depuis des mois. Le roi Abdallah lui a finalement retiré son soutien, et oeuvre pour une solution de rechange. Mais le Yémen, qui a toujours été une source d’inquiétudes pour son grand voisin, est loin d’être apaisé. Les Saoudiens devront encore y appliquer leur recette qui mélange les arguments financiers et les pressions militaires.

Mais pour le royaume des Saud, comme pour le reste du monde, le gros morceau reste l’Egypte. Près de 85 millions d’habitants, une pauvreté qui s’aggrave et un taux de chomage croissant. Riyad l’a bien compris et a déja annoncé qu’il envoyait 4 milliards de dollars à la junte militaire au pouvoir pour boucler ses fins de mois. Ce ne sera pas suffisant et le Qatar a lui aussi décidé de mettre la main à la poche et prévoit dix milliards d’aide. Mais l’Egypte est toujours loin du compte. Et la générosité saoudienne doit rapidement se transformer en un plan de développement à long terme financé par les Arabes s’il faut stabilise la patrie de Nasser.

Par précaution, les Saoudiens ont proposé au Maroc et à la Jordanie de joindre le GCC, pour que les monarchies arabes resserrent les rangs face à l’instabilité de la région. Ce Club des rois ressemble à l’Union Arabe lancée en 1958 entre la Jordanie et l’Irak, pour contrer la création par les Syriens et les Egyptiens de la République Arabe Unie.

Mais ce genre de vieux réflexes ne sera pas d’un grand secours face à l’impératif que les Saoudiens, et les autres régimes du Golfe, doivent dorénavant affronter : la nécessité d’une meilleure répartition des richesses du pétrole entre les Arabes qui en ont, et ceux qui n’en ont ont pas.  

New York Times


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