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Made in RPC.

Publié le 25 octobre 2010 par Sebastienjunca

Dans quelque domaine que ce soit, la nature et le monde de manière générale ne suffisent plus à satisfaire nos exigences, nos envies, notre désir de nous distinguer, de nous singulariser du reste du troupeau. Tous les moyens sont bons pour faire preuve d’originalité au risque d’en oublier nos origines. Mais la raison de cette ruée à la consommation est-elle véritablement à chercher chez le client, le demandeur, toujours insatiable ? L’origine de cette boulimie consumériste n’est-elle pas plutôt à chercher chez les « marchands du temple », les industriels, les financiers, les annonceurs... tous à la solde de groupes toujours plus énormes et protéiformes qui font l’économie et allant jusqu’à dicter leurs lois aux gouvernements les plus inflexibles.

Pour susciter de nouveaux achats, pour continuer de faire marcher la planche à billet ; pour que notre sacro-sainte économie puisse continuer de subvenir aux besoins et apparentes nécessités que nous nous sommes nous-mêmes créés, pas d’autre solution que de continuer d’inventer, de produire et de subdiviser à l’infini le réel en autant de nouveaux produits de consommation. Les plantes, les animaux, les aliments ne font pas exception à la règle qui préside à la fabrication des téléviseurs, des automobiles, des téléphones, des programmes de remise en forme, des régimes, des produits financiers, des médicaments, des assurances-vie et autre conventions obsèques. Pour vendre, il faut immanquablement créer de la nouveauté. Une nouveauté que la nature, depuis plus d’un siècle, ne suffit plus à fournir. Ainsi, il faut attirer l’œil, susciter la convoitise, l’envie, le rêve. Offrir à chacun la possibilité de croire qu’il peut être différent de son voisin tout en continuant d’endosser la parfaite panoplie de la réussite sociale, de l’appartenance au groupe et à toute ses certitudes de carton-pâte. Ainsi nous nous perdons, chemin faisant, au milieu d’une kyrielle de nouveaux produits de consommation et de nouveaux concepts qui, à défaut de nous rendre heureux, sont au contraire autant de leviers, d’emprises et d’occasions de nous créer de nouvelles dépendances, de nouveaux manques et de nouvelles servitudes. Chaque plaisir associé à la possession de ces nouveaux objets du quotidien n’est là que pour masquer la présence d’un éternel mal-être, d’un manque, d’une nausée et d’une incapacité à vivre sa vie de la manière la plus authentique possible. Nous pensons que cette nouveauté permanente contribue à entretenir notre bonheur, alors qu’elle ne fait que farder et masquer notre répugnance à vivre. On crée sans cesse de nouvelles races, de nouvelles espèces, de nouvelles variétés tandis que d’autres disparaissent dans une quasi-totale indifférence, paradoxalement victimes de cette industrialisation à outrance. Nous précipitons ainsi la vie et l’humanité dans un inextricable imbroglio au sein duquel nous nous perdons chaque jour davantage. Le souvenir de l’essentiel, de nos origines, du vrai bonheur se trouve de la sorte submergé, englouti, étouffé sous cette débauche de créations, d’inventions et de profits. Car ne nous y trompons pas ! Le seul but, la seule fin de toute cette falsification à échelle planétaire n’a pas d’autre ambition que de continuer à enrichir les uns et à laisser espérer les autres qu’ils pourrons eux aussi, un jour peut-être, avoir accès à leur part du gâteau et leur place au soleil, fut-il de pacotille et estampillé made in RPC.

Sébastien Junca.


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