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Senna, live fast, die young.

Par Tred @limpossibleblog
Senna, live fast, die young.Où étais-je le 1er mai 1994 ? Que faisais-je ? Je me suis posé la question en sortant du cinéma mardi soir. J’ai failli aller voir Stone de John Curran ce soir-là, pour le plaisir de voir Robert De Niro et Edward Norton se faire face une fois de plus. Et puis non. Il y a quelques jours j’avais regardé la bande-annonce de Senna sur Internet, un documentaire d’Asif Kapadia. Contre toute attente j’ai eu envie de voir le film. Je dis « contre toute attente », car voilà de nombreuses années que je ne m’intéresse plus à la F1, et il me paraît peu probable que je regarde un Grand Prix dans les cinquante années à venir. Mais voilà, j’ai été enfant.
J’ai été enfant dans les années 80, ado dans les années 90. J’ai été un garçon passionné de voitures avant de m’en désintéresser totalement. Le nom d’Ayrton Senna m’a fait rêver quand j’étais gamin. Alors j’ai eu envie de voir ce documentaire passé par Sundance et sorti en catimini sur Paris. J’ai eu envie de retrouver ce héros de ma jeunesse dont je me suis détaché au fil des ans. « Héros » est un mot fort, mais vous savez ce que c’est, on arrondit toujours un peu certains détails de l’enfance. Le film de Kapadia m’a replongé des années en arrière. Il ne m’a pas converti en aficionado de Formule 1, mais avec ces images d’archives dont le film est uniquement constitué, avec quelques commentaires en voix-off des personnes ayant côtoyé Senna, Kapadia trouve une voix cinématographique sensible.
D’abord parce que son sujet est fort, bien sûr. Ayrton Senna, champion automobile, héros brésilien, destin tragique. Un homme pareil fait une matière passionnante pour un documentaire. Mais il y a autre chose. Il y a ce regard sur les coulisses de ce sport, ces briefings d’avant-course entre pilotes offrant tension et détente. Il y a cette marque laissée par Senna sur son pays, l’influence que ce sportif a eu sur la santé morale de ses concitoyens, l’enthousiasme national pour lui, la détresse profonde que sa disparition a entraîné (essayer de trouver une personnalité française dont le décès aurait un tel impact sur le peuple, vous n’en trouverez pas). Il y a aussi, bien sûr, la compétition sportive entre Senna et Alain Prost. Ces ennemis intimes ayant donné le meilleur ou le pire d’eux-mêmes pour arriver premier au nez et à la barbe de l’autre. A travers les images d’archive, Kapadia parvient à nouer une tension hautement cinématographique entre Senna et Prost, leur lutte continuelle, tantôt fraternelle, souvent haineuse, qui fait ces grands antagonistes cinématographiques, si loin et pourtant si proches.
Senna, live fast, die young.Où étais-je en ce funeste jour de mai 1994, pendant que sur le circuit d’Imola à San Marin, deux pilotes perdaient la vie au cours du même week-end, dont Ayrton Senna, fonçant à 300 kilomètres heure dans un mur ? C’était un dimanche, j’avais 12 ans, et je ne me suis plus jamais vraiment intéressé à la F1. Le cœur battant, j’ai revécu ces épisodes du passé, de la vie d’Ayrton Senna, de mon enfance. J’ai découvert les funestes coulisses de ce Grand Prix à Imola, les attentes, les nervosités, et l’inéluctabilité d’un week-end violent et tragique. Mourir trop jeune et trop vite a forgé la légende de Senna, et offert un documentaire aussi palpitant qu’émouvant au cinéma, sorti aussi discrètement que Senna est parti en faisant du bruit.

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