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Alexandre Song: Le Génie et ses mauvais gènes

Publié le 03 juin 2011 par 237online @237online
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Alexandre Song: Le Génie et ses mauvais gènes Talent et fortune précoces, entregent familial et intrigues en vie de groupe ne font pas toujours bon ménage chez ce garçon qui a encore son histoire à écrire.Mais qu'est donc venu faire Alexandre Song au Cameroun ? De simples vacances pour le milieu de terrain de Arsenal, dans la Premier League anglaise après un dur labeur qui s'est malheureusement terminé par un ratage total sur toutes les compétitions où l'équipe était engagée (même si le club de Arsene Wenger disputera quand même le tour préliminaire de la Ligue des champions), ou alors venir davantage pourrir l'ambiance au sein des Lions indomptables à quelques jours d'un match décisif contre le Sénégal demain au stade Ahmadou Ahidjo ?

La chronique de la vie au sein de la tanière ces derniers jours, relayée par divers médias semble malheureusement corroborer la seconde hypothèse. Alexandre Song Billong aurait rejoint le groupe et aurait refusé de serrer la main de Samuel Eto'o qui la lui tendait, probablement pas pour une réconciliation, mais au moins pour des raisons de bienséance), achevant d'embarrasser la grande famille des Lions qui peine à se rabibocher.
Manifestement, n'aurait donc accepté que du bout des lèvres sa dernière convocation et continue d'indiquer que le bilan de South Africa 2010 n'a jamais été fait et lui a été jeté à la vindicte populaire. Il a sans doute raison. Il a surtout ses raisons. Et nul n'ignore qu'en matière de bienséance, ce n'est pas Samuel Eto'o, la «victime» de mardi dernier, qui donnerait des leçons d'exemplarité, son propre parcours étant jalonné de gestes similaires. Mais était-il judicieux, pour des règlements de comptes personnels, de s'organiser pour saper davantage le moral des troupes à quelques jours d'une bataille capitale.

Evidemment, on ne mettra pas sur les épaules (de moins en moins frêles, il est vrai) de ce jeune garçon de 24 ans la responsabilité d'une plus que probable non qualification des Lions indomptables à la prochaine coupe d'Afrique des nations qui, ironie de l'histoire, est la première à être organisée en Afrique centrale (Gabon et Guinée Equatoriale) depuis la Can de 1972 au Cameroun. Les errements managériaux (match de Garoua contre la Rdc) et un geste de malchance en mars dernier à Dakar contre le Sénégal, avaient déjà placé les Lions dans une posture où seul un miracle peut encore nous qualifier en tant que meilleur deuxième.
Ce qui aurait davantage donné raison à Alexandre Song, l'un des « bannis » de la coupe du monde qui aurait alors savouré, en silence, les conséquence d'une mauvaise gestion des ressources humaines qui a commencé par le sélectionneur Paul Le Guen et s'est poursuivie par les responsables de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) et du ministère des Sports et de l'Education physique (Minsep), avant de s'achever par le staff actuel de notre sélection nationale qui a brillé par son ponce-pilatisme.

Moment historique
Mais en choisissant de créer ce nouveau Buzz, en venant s'exposer de la sorte à un moment où, confusément, une bonne partie de l'opinion camerounaise continue de croire aux chances des Lions, il risque de se présenter encore une fois comme un bouc émissaire idéal : celui là même qui est venu semer la zizanie au moment où il était question d'union sacrée pour le pays.
Mais au fond de lui, il doit en avoir cure. Et savoure certainement ce moment de l'histoire où il est au centre de toutes les conversations, de toutes les attentions. Qui l'eut-cru lorsque ce jeune garçon naît à Douala le 9 septembre 1987 et que, dès le bas âge (mais comme des milliers d'autres Camerounais à Yaoundé, Douala et ailleurs), il court derrière un ballon sur les terrains nus de la capitale économique ? Même lorsqu'il prend sa première licence au Red Star 93 de Yaoundé, et qu'il s'entraîne sans relâche sous la chaleur moite, sans prime d'entraînements ni de matches, comment aurait-il pu imaginer, au milieu de tant d'autres joueurs, qu'il gravirait aussi vite les marches pour tutoyer le sommet du monde du football.

En dehors du talent et du travail, Alexandre Song a eu un petit plus qui n'est pas donné à tout le monde. Au moment où il doit franchir le pallier du football de haut niveau, il a la chance d'voir un oncle qui est capitaine de l'équipe nationale de football du Cameroun et qui, bonheur suprême, porte le même nom que lui : Rigobert Song. Dans le monde du foot comme ailleurs, même sans intervention directe de ce dernier, c'est des relations qui comptent. Et ce n'est pas un hasard si, dans toutes les biographies rassemblées ça et là, on rappelle systématiquement «neveu de l'international camerounais Rigobert Song». L'occasion était donc idéale pour intégrer son premier club professionnel, Bastia, dans le championnat d'élite français, dès la saison 2003/2004.
Mais si les relations ouvrent les portes et facilitent les contacts, il faut s'imposer par son talent et son travail. Et on doit reconnaître qu'en la matière, son ascension a été fulgurante. Il ne manque pas sa chance avec Bastia pendant la saison 2004/2005 en disputant 32 matches sur 36 et en crevant l'écran aux côté d'un autre phénomène naissant, la Ghanéen Michael Essien.

Personne ne s'étonnera que de nombreux clubs anglais lui fassent les yeux doux et qu'il atterrisse à Arsenal où, la première saison, il est tellement peu utilisé qu'il est prêté à un petit club pour apprendre mieux l'environnement du football anglais. Quand il retrouve Arsenal en 2008, il prend des galons et devient rapidement l'une des pièces maîtresses du système de Arsène Wenger : il brille en Premier league et illumine les soirées européennes du club de la capitale anglaise. Et au sein de l'équipe nationale qu'il a intégrée en 2005 par Arthur Jorge et qui a vu passer des coaches, il est désormais une star confirmée, et sera même adoubé comme le meilleur Lion de la Can 2010 en Angola.
C'est sans doute de là qu'est parti le grand malentendu (ou la grande rivalité) avec Samuel Eto'o, déjà adoubé comme leader technique et charismatique de l'équipe, au moment où l'on réclame, de plus en plus, le départ de Rigobert Song, son oncle et bienfaiteur, de l'équipe nationale. Mais combien de temps faudra-t-il trainer ce boulet qui pourrit la vie à tout le monde ? Avec ou sans victoire face au Sénégal demain, n'est-il pas temps de tourner définitivement la page, pour se consacrer enfin à établir son propre palmarès international, encore vierge ?


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