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Les Québecois : pauvres ou riches ?

Publié le 03 juin 2011 par Jclauded
L’ex-ministre péquiste François Legault et démissionnaire du parti Québécois brasse la cage. Cet homme d’affaires, brillant et dynamique, devenu politicien avait fondé la compagnie de transport aérien Air Transat devenue fort importante avec son chiffre d'affaires de 1,3 milliard $ et ses 4 000 employés.
Legault, homme de vision, est préoccupé de l’avenir des Québécoises et des Québécois. Depuis son départ de la politique, il a réuni autour de lui dans une « Coalition pour l’avenir » plusieurs individus, penseurs, hommes d’affaires, professionnels et autres qui sont au fait des problèmes qui confrontent la société québécoise. Ils discutent et recherchent des solutions pratiques pouvant solidifier les fondements de notre société et proposer un plan d’action pour ce faire.
La Coalition est un mouvement apolitique. Pour elle, la relance du Québec passe par deux axes importants : le rétablissement de la confiance des Québécois dans leurs institutions publiques et la fin du débat indépendantistes/fédéralistes qui les divise. La Coalition dévoile ses propositions par volets. Après avoir présenté ses cahiers sur la santé et l’éducation, François Legault vient de déposer ses idées sur l’économie. Celui de la langue et de la culture suivra.
Le volet sur l’économie fait couler beaucoup d’encre et a engendré un des meilleurs débats de blogueurs que j’ai constatés depuis que j’écris mon blog, il y a déjà sept ans. Y participent, en plus de François Legault : le conseiller politique Jean-François Lisée, l’économiste Pierre Fortin, l’économiste Martin Coiteux, le journaliste Pierre Duhamel et des centaines d’internautes qui ajoutent leurs commentaires. On peut retrouver les liens pour tous ces blogueurs dans la liste des blogs que je recommande à mes lecteurs, à la droite de cette page.
Dans ce cahier économique, Legault et la Coalition proposent des idées pour rebâtir une économie de propriétaires, pour agir afin d’accroître la productivité, pour inciter la création de valeur et mettre fin à la spirale de l’endettement public.
Le débat a pris feu lorsque Legault a affirmé, pour décrire la situation actuelle au Québec, que « les Américains gagnent 45% de plus que les Québécois ». Lisée s’est vite levé pour dénoncer Legault, l’accusant d’affirmer « des statistiques fausses, erronées et trompeuses et de volontairement les utiliser à répétition ». Il ajouta « il est dommage qu’un homme de sa valeur… s’entête à tromper ainsi les citoyens ». « En fait », dit-il « ce sont les Québécois qui gagnent plus que les Américains ». Pourtant, Lisée admet ne rien connaître aux statistiques mais se fie à celles qu’il a demandées à l’économiste Pierre Fortin de fabriquer.
Lors d’un débat à la radio de 98,5FM à l’émission « puisqu’il faut se lever », où l’animateur Paul Arcand avait invité Lisée à débattre avec l’économiste Martin Coiteux, ce dernier a affirmé clairement que les chiffres qu’utilise Lisée « ne sont pas bons, sont incorrects » et lui a suggéré de « retourner à votre table de travail ». De plus, il a reproché à Lisée de répandre la rumeur que Legault veut briser le filet social, alors que jamais ce dernier n’en a parlé. Il a même affirmé le contraire.
Au lieu d’utiliser les données de l’OCDE, le PIB de chaque pays, comme le font tous les économistes, le couple Fortin-Lisée utilise des données de taux d’inflation urbains de Statistiques Canada alors qu’il sait que l’agence elle-même met en garde de ne pas les utiliser pour établir des comparaisons de coût entre les villes. De plus, Fortin et Lisée étêtent les chiffres en enlevant les plus hauts salariés (les riches) pour établir leurs propres statistiques.
Je suis surpris que l’économiste Pierre Fortin, professeur d'économie à l'UQAM, se prête à ce jeu, car il a été l’un des douze signataires du manifeste « Pour un Québec lucide » où il a affirmé que « le Québec court à sa perte s'il n'effectue pas un sérieux coup de barre économique et social ». C’est ce que propose Legault avec des propositions pratiques et réalistes.
Jean François Lisée est un homme intelligent, articulé, auteur et chroniqueur. Il a été le conseiller politique de deux premiers ministres péquistes québécois et demeure un ardent indépendantiste. Il jouit d’une influence certaine.
Lisée voit sûrement un danger politique en la personne de François Legault puisque de récents sondages placent ce dernier au pouvoir advenant une élection générale, alors qu’il n’a même pas de parti politique. Les Québécois ont soif de changement et ceux que propose la « Coalition pour l’avenir » de Legault leur plaisent. Ils ont confiance en cet homme simple, un peu timide, sérieux, passionné du Québec et qui veut aider notre société à se réorienter vers un avenir positif.
Cela explique la véhémence avec laquelle Lisée a attaqué François Legault. Lisée devrait être de la Coalition, mais non ! Il demeure un partisan politique, même s’il joue le chroniqueur objectif, et c’est avec cet œil qu’il juge les propositions de tous ceux qui veulent aider le Québec. « Si c’est bon pour le PQ, c’est bon, sinon c’est pas bon », est son slogan. Individus et idées sont dans le même sac. Et pour trouver des arguments pour étayer son point de vue, quel qu’il soit, il est un des meilleurs en ville.
C’est malheureux car Lisée pourrait contribuer grandement à un changement majeur au Québec. Mais, « que voulez-vous » comme disait un ancien premier ministre canadien, « la partisannerie rend aveugle ».
Claude Dupras

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