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[Roman] Planète à louer, par Yoss

Par Corwin @LR_Corwin

La SF peut aussi servir à dénoncer des conditions sociales ou sociétales modernes. J’en veux pour preuve ce recueil de nouvelles du cubain Yoss, « Planète à louer ». L’auteur et l’éditeur annoncent clairement la couleur sur le 4ième de couverture : «  Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette terre du XXIe siècle est purement intentionnelle ». Au menu, 7 textes mettant en scène autant de personnages principaux que l’existence, d’une façon ou d’une autre, n’est pas facile et que se sont ou auraient pu se croiser.

planete a louer de yoss

La Terre, au plus mal en ce début de 21ième siècle, du fait de l’activité un peu folle de l’humanité, voit son salut tomber des étoiles. Un empire composé de plusieurs planètes (et donc races) annexe la Terre. Toute tentative de résistance était futile, et cela fut démontré : l’Afrique et Paris (entre autres) ont payé le prix fort.
Pour les aliens, les humains n’ont rien à offrir : aucune technologie, aucun savoir, rien… Si ce n’est leur existence. Alors, la Terre devient une sorte de zoo, un spectacle quotidien, un self-service, une attraction touristique. Les humains deviennent prisonniers de leur berceau, défaits de leurs illusions.

A Cuba, il y a bien quelques personnes qui tentent de s’en sortir. Que ce soit en vendant leur corps, ou à défaut, leur âme. Leurs espoirs passent systématiquement par une évasion, un passage en force vers l’espace, mais au prix élevé : comment briser le blocus imposé à la Terre ?
Il y a quelques moyens reconnus, art, sport, prostitution, et d’autres moins….

Le quatrième de couv’ :

« Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette terre du XXIe siècle est purement intentionnelle »
Dans un futur indéterminé, une guerre nucléaire totale est sur le point d’éclater. Afin de sauver la Terre, des espèces extraterrestres en prennent possession, après avoir fait montre de leur force en annihilant l’Afrique. Ils y imposent des règles draconiennes visant à rétablir l’équilibre écologique. Un siècle plus tard, notre planète est redevenue un paradis, un « monde souvenir », où les riches xénoïdes viennent faire du tourisme. Mais derrière l’image d’Épinal, les conditions de vie des Terriens sont loin d’être idylliques.

Buca, la prostituée, Moy, l’artiste métis ou Alex, le scientifique de génie, tous n’aspirent qu’à une seule chose : fuir… partir… s’exiler… quitter la Terre… par tous les moyens !

Le fond, la forme, etc.

Dans un futur proche, l’auteur nous brosse un tableau drolement sombre d’une société humaine à genoux. Même si parfois, à force de grossir le trait, on tombe dans la caricature, il n’est pas possible d’éviter de réfléchir à ce qu’il se passe à Cuba. Yoss aura cherché et réussi à faire en sorte que le sort cubain ne soit jamais loin de notre réflexion autour des thèmes de ces nouvelles.

Prenons par exemple celle traitant du sport, n’est-il pas vrai que certains athlètes « s’échappent » de leur pays/prison le temps d’un grand événement ? N’est-ce pas là un mince espoir d’échapper à un quotidien que nous autres occidentaux, connaissons peu. Mais que se passe-t-il après la compétition….
Autre exemple, la nouvelle qui traite d’une tentative d’évasion. L’analogie avec les bateaux de fortune que les clandestins montent par eux-mêmes et utilisent pour tenter de rallier la Floride est évident, jusqu’à l’évocation de gardes-côtes.
On retrouvera d’autres ingrédients distillés dans chaque nouvelle, en compagnie d’éléments plus… perturbants.

Au niveau du style, ne vous attendez à rien de nerveux, rapide. Pas d’action non plus. On est dans spectateur d’un état de fait. L’auteur nous montre par les pensées des « héros » de chaque nouvelle ce qu’il se passe sur Terre et parfois ailleurs. Les dialogues sont quasiment absents également. Tout cela combiné, cela donne une impression un peu surannée. Comme ces textes que j’ai pu lire il y a une vingtaine d’année.

Conclusion :

Je ne peux pas dire que ce recueil m’a scotché. Deux, voire trois des textes ne m’ont pas vraiment pas plu. De plus, l’auteur reste relativement vague sur les conditions de survie de l’humanité en générale. Mais il y a de belles idées, un vrai désir de critiqué « son » monde. J’aurais apprécié qu’il y ait un peu plus de rythme, ou que d’une façon ou d’une autre on puisse s’attacher aux personnages. Cela aurait sans doute permis à ce « Planète à Louer » de prendre plus d’ampleur, d’être plus immerger encore. L’auteur a fait le choix d’un livre contemplatif. Dommage. Mais une bonne lecture toutefois.

Je vous invite à passer voir la présentation du livre sur le site de l’éditeur, Mnémos, juste pour voir les photos de Yoss qui valent quand même le détour.


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