[CRITIQUE] X-Men : Le Commencement

Personnages complexes, esthétique sixties et réalisation spectaculaire : Matthew Vaughn signe l’un des films les plus réussis de la saga X-Men.

Des coiffures en choucroute et des sous-marins dissumulés dans des yachts ? Non, ce n’est pas l’un des nombreux épisodes de James Bond, mais bien le dernier film de Matthew Vaughn. Pour ce prequel de X-Men, le réalisateur de Kick Ass avoue s’être inspiré de l’esthétique résolument 60s des films de 007. Ajoutée à la légéreté assumée de certaines scènes, c’est le premier atout de ce nouveau volet Marvel.

Mais situer l’action à cette période permet aussi d’inscrire l’intrigue dans un contexte historique solide : celui de la crise des missiles de Cuba, en 1962. A la manière de Watchmen, la toile de fond historique faussement binaire entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest vient renforcer le caractère trouble des personnages, pas encore entrés dans leurs costumes trop rigides de « bons mutants » d’un côté et de « méchants » de l’autre. Vaughn lève ainsi un bout du voile sur la naissance de la relation fratricide entre Magneto et Docteur X, tout comme il explique comment ce dernier est devenu paraplégique.

Seul problème dans cette mécanique plutôt bien huilée : si elle permet d’éviter le manichéisme qui rend insupportable bon nombre des adaptations de comics au cinéma, elle fonctionne presque trop bien. Le scénario finit par se fondre dans une gigantesque zone grise qui pourra en dérouter certains. Lorsque l’on ressort du film en se demandant si, au fond, Magneto n’aurait pas un peu raison dans son délire maniaco-dépressif, c’est que les cartes ont été bien brouillées.

Il n’empêche. La relative complexité des personnages, doublée d’une réalisation spectaculaire (la scène du sous-marin) et inventive (quelques split-screens là où il faut pour rappeler l’univers papier) font clairement de X-Men : Le commencement l’un des épisodes les plus sophistiqués de la série.

En salles le 1er juin 2011

Photo : © Twentieth Century Fox France