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Europe Ecologie - les Verts : Duflot écarte Cohn-Bendit

Publié le 07 juin 2011 par Alex75

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Cécile Duflot est assurée d'être réellue, secrétaire nationale d'Europe Ecologie - les verts. Lors du dernier congrès du mouvement, à la Rochelle, le vote des militants s'est porté très nettement, en sa faveur, arrivant loin devant Cohn-Bendit. Un meurtre politique du patriarche, qui relève de la symbolique forte chez les verts. Stratégiquement parlant, ce fut un modèle dans le genre, la tactique ayant été bien rôdée. Mais pour un mouvement, qui n'a pas de candidats crédibles.

Ce vote fut effectivement un modèle du genre, ce que Daniel Cohn-Bendit a pu apprécier en connaisseur, avec une vraie-fausse ouverture à tous ceux qui n'étaient pas encartés, modèle de verrouillage. Paradoxal également, dans un parti positionné à gauche, où la tradition partisane est pourtant la plus ancienne. Mais cela accomplit plutôt dans une approche freudienne, les dernières volontés du défunt. Cohn-Bendit était le dirigeant légitime du mouvement. Grâce à lui, les verts avaient fait jeu égal avec les socialistes et la majorité, aux dernières européennes. Daniel Cohn-Bendit était le “sauveur venu d'Allemagne“, auréolé de son aura mythifiée de héros générationnel de mai 68. Mais seulement, “Dani le Rouge” se refuse à toute compromission, alors qu'il est le seul à incarner une symbolique forte, une idéologie, qui a au moins le mérite d'être claire. Dans une approche sociologico-politique, il était à même d'incarner cet électorat d'urbains, diplômés, travaillant dans les services, nés de la génération de mai 68 et baptisés les bo-bos. C'est lui, qui aura poussé les verts à s'élargir, à s'ouvrir. Mais cet éternel adolescent a refusé son rôle historique, par fuite des responsabilités, pétri de principes marxistes et par rejet épidermique de l'image de père.

D'ailleurs, Cohn-Bendit qui est réellement à l'origine de ce mouvement d'Europe - Ecologie, ne voulait pas d'un candidat vert aux élections présidentielles. Mais il voulait une liste commune avec les socialistes, conduite par Dominique Strauss-Kahn, avec qui il partage nombre de points communs. Ils sont tous deux des hommes de gauche, libéraux libertaires, intelligents, partisans de la mondialisation heureuse et l'Europe est leur patrie. Mais la sortie fracassante et la chute de DSK, a tué ce projet. Les verts n'ont plus de candidats, à proprement parler. La presse écrite et les médias en tous genres (radio / tv), nous ont rabbatu les oreilles, ces deux derniers mois, avec leurs percées éclatantes dans les sondages qui ne résolvent rien, conjurant le reste provisoirement. Que ce soit les déstabilisations liées aux piètres prestations publiques, les maladresses, l'absence réelle de programme. Il n'y a sinon que l'ancienne juge d'instruction, Eva Joly, mi-norvégienne / mi-française, à l'accent charmant ou horipilant selon les moments, incarnant sublimement ce dépassement des nations, cher à cette tendance écologiste. Et à côté d'elle, l'ancien présentateur d'Ushuaïa, Nicolas Hulot, reconverti politiquement dans la défense de la cause environnementale. Mais les militants n'aiment ni Eva Joly, ni Nicolas Hulot. L'une parce qu'elle n'est pas environnementaliste, et qu'elle s'est ralliée à eux par opportunisme, donnant l'impression de réciter une leçon apprise par coeur, lorsqu'elle parle du nucléaire ; elle était au début, plutôt séduite par Bayrou. L'autre parce qu'il n'est ni de gauche, ni vert, que c'est un ancien présentateur, qui a gagné beaucoup d'argent à la télévision, et qu'il n'a jamais milité pour la régularisation des sans-papiers, chère à Dominique Voynet, et le mariage homosexuel, cher à Noël Mamère.

Les verts sont ainsi empêtrés dans leurs contradictions idéologiques, leur absence de “leadership“, leurs querelles intestines. D'ailleurs, au travers de leurs précédentes candidatures aux présidentielles, leurs candidats que ce soit Voynet ou un(e) autre, ne sont jamais parvenus à passer la barre fatidique des 5 %. Les verts ne sont pas une force politique, qui compte réellement dans le paysage politique hexagonal, contrairement à Outre-Rhin, où ils ont opéré leur mue sociologico-politique et sont retournés à leurs fondamentaux. “Le mouton à cinq pattes n'existe pas” (Zemmour), ou plutôt si, il s'appelait Daniel Cohn-Bendit.

   J. D.


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