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Rusty James

Publié le 27 mai 2011 par Tedsifflera3fois

Un film de Francis Ford Coppola avec Matt Dillon, Mickey Rourke et Dennis Hopper
Drame – USA – 1h35 – 1983
Titre original : Rumble Fish
Synopsis : Rusty James est le frère du « Motorcycle Boy », roi déchu des gangs de la ville de Tulsa. Rusty, admiratif de son aîné, aimerait bien reprendre le flambeau…

Rusty James
Dans un monde en noir et blanc, les nuages semblent fuir à toute allure une musique oppressante. Rusty James est coincé entre la prison que représentent ses amis, sa famille, son univers et l’espoir de liberté qui semble attaché aux cieux. Il doit choisir entre poursuivre la chimère de devenir son frère et se décider à être lui-même.

Francis Ford Coppola innove à chaque instant, ses plans obliques enferment encore un peu plus le héros dans un destin écrasant. Les images sont magnifiques et glauques, certains moments touchent au sublime, dès le début quand Rusty James est interpellé alors qu’il joue au billard, ou plus tard lorsque son âme quitte son enveloppe charnelle. Mickey Rourke, Matt Dillon et Dennis Hopper sont d’une densité terrible, les dialogues sont incisifs, ils frôlent le pastiche sans jamais perdre de leur solennité.

Les rares apparitions de la couleur trahissent la dernière chose qui intéresse encore le Motorcycle Boy dans un monde qui a perdu toute sa saveur : les rumble fish, poissons bagarreurs qui essaient de détruire leur propre reflet. Comment se libérer de cette image, de cette légende qui le poursuit partout? C’est la dernière quête du grand frère de Rusty James car l’important n’est pas de mener les autres mais de savoir où les mener. Et si le Motorcycle Boy peut réussir tout ce qu’il entreprend, il ne sait pas quoi entreprendre. Il n’y trouve pas de sens.

Le monde est peuplé de deux sortes de gens : ceux qui sont simplement là et s’en satisfont (comme le personnage de Nicolas Cage ou la petite amie) et ceux qui cherchent une signification. Alors que les premiers peuvent essayer d’être heureux, les seconds sont condamnés : ils errent, comme le Motorcycle Boy, ils tentent d’oublier (comme son père ou sa petite amie), ou bien ils fuient (comme sa mère), essayant de poursuivre les nuages, toujours plus rapides, toujours plus fuyants.

Dans ce drame existentiel déguisé en histoire de gangs adolescents, Rusty James doit choisir entre poursuivre ses rêves de grandeur (mais ce qui est grand rend malheureux) ou rester un être médiocre mais potentiellement heureux.

Les rumble fish sont agressifs parce qu’ils sont enfermés. Dans un espace trop étroit pour eux, ils ne peuvent même plus supporter leur propre image. Impuissant à se libérer de ce que les autres et lui-même attendent de lui, le Motorcycle Boy veut délivrer les poissons de leur reflet en les plongeant dans l’océan. Rusty James ne peut trouver le salut qu’en se libérant lui aussi. De l’image de son frère, de l’image qu’il voudrait avoir de lui-même. De cette ville qui l’étouffe. Fuir lui aussi vers l’océan. Et profiter qu’il soit moins intelligent que son frère pour oublier que tout ceci n’a pas de sens. Et tant pis pour tous ceux qui se demandent à quoi bon : il leur reste toujours la drogue, l’alcool, le désespoir et la mort.
Note : 9/10


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