Magazine Cinéma

[INTERVIEW] When Saints Go Machine

Par Kub3

Ahhh, Copenhague. Sa petite sirène, ses canaux, ses smørrebrød. Et un nouvel item à ajouter dorénavant à la liste des attractions touristiques : la délicieuse électro-pop ambiance clair de lune de When Saints Go Machine.

Danois tous les quatre, les membres de WSGM ont grandi dans la même quartier de la capitale. Ils composent et se produisent ensemble depuis plusieurs années déjà. Après un beau galop d’essai en 2009 (Ten Makes a Face), c’est en ce début d’été 2011 que sort leur second album, Konkylie. Pop avant tout -ils y tiennent- l’opus se révèle un travail d’orfèvre aux sonorités riches, perdu quelque part entre Caribou et Fever Ray.

De passage à Paris pour une date unique au Nouveau Casino, Nikolaj (chanteur) et Silas (batteur) se sont assis à la table de KUB3 pour répondre à nos questions.

KUB3 : Comment ça marche dans le groupe, pour composer les morceaux ?

Silas : On n’a jamais de schéma pré-défini, on n’est jamais très sûrs de ce que ça va donner avant de commencer. Les idées nous viennent au fur et à mesure quand on est réunis.

Nikolaj : On bosse beaucoup ensemble oui, du coup on s’inspire les uns les autres. On est tous producteurs, dans le sens où chacun compose des choses dans son coin. Puis on se les fait écouter, et après on les enrichit, on rebondit dessus. Ça parait peut-être idiot d’être inspiré par soi-même, mais c’est la façon dont on travaille ! [rires]

C’est ce processus où l’on incorpore progressivement les idées de chacun qui vous donne, au final, un son si organique ?

S. : Sans doute, oui. Pour le nouvel album, on s’est donné comme règle de pouvoir vraiment “ressentir” chacun des éléments qui composent notre musique. Si on n’entendait pas vraiment chaque son, alors ça n’allait pas. On a essayé de donner une signature à chacun d’entre eux, pour en faire quelque chose qui nous soit propre. Et c’est ce qui fait le caractère unique de notre travail.

Comment vous vivez le double aspect à la fois pop mais aussi très électro de votre musique ?

N. : On se considère comme un groupe pop avant tout, donc ce que nous faisons illustre notre vision de la pop. Jonas et Silas ont un background techno, alors que Simon et moi non. C’est ce qui explique aussi l’aspect composite de notre musique.

Les cordes notamment sont assez présentes…

N. : Oui, ça se remarque par exemple sur notre précédent single Fail Forever avec le violoncelle. Nous avons aussi utilisé beaucoup de cordes sur Konkylie, même s’il y a pas mal de filtres par-dessus.

S. : Je ne sais pas trop pourquoi, mais on ne peut pas s’empêcher d’utiliser des cordes. Peut-être simplement parce qu’on trouve ça beau ! En général, on modifie leur son avec des effets parce qu’elles sonnent trop clean, alors qu’on aime bien des choses moins propres ou auxquelles on rajoute de la distortion.

J’ai lu que Konkylie voulait dire coquillage en danois. C’est vrai qu’en écoutant l’album, on a souvent cette sensation d’être comme dans une grotte sous-marine… un peu comme si l’on portait un coquillage à son oreille.

S. : Ça me fait très plaisir que les gens puissent penser ça. Notre musique est là pour faire fonctionner leur imagination. Et puis c’est vrai que le mot lui-même, “konkylie”, est très beau. On l’a choisi pour ça et aussi parce que, dès lors qu’on sort du Danemark, il revêt une part de mystère. Nous seuls le comprenons alors, et il devient notre mot à nous.

N. : C’est en effet la chanson-titre (Konkylie), très aquatique, qui lorsqu’on l’a composée a posé les bases du reste de l’album. On voulait que ça sonne de cette façon.

Kelly by When Saints Go Machine

Il y a quand même une chanson qui me parait un peu différente, peut-être plus joyeuse que les autres, plus dansante en tout cas : Kelly. Quelle est l’histoire derrière ce titre ?

S. : Quelle que soit la chanson, on essaye toujours de faire de la pop… et même si ça peut parfois paraître très “alternatif”, ça reste notre fil conducteur. Kelly est une chanson très dynamique où il y a, c’est vrai, des vibes plus joyeuses. Pourtant le beat est en réalité assez lent, et l’ambiance générale reste un peu sombre. Je trouve en tout cas qu’elle ponctue bien l’album.

N. : Je l’ai écrite en pensant à l’ambiance de cette fête où j’étais allé plus jeune, dans une immense villa en banlieue de Copenhague. A un moment de la soirée, vers 5h du matin, le soleil se levait mais il y avait malgré tout encore cette part d’obscurité en moi, ce sentiment de solitude. La chanson parle de cette ambivalence : j’imagine une fille qui embrasse un garçon pour la première fois, dans le jardin lors de cette soirée, tout en voulant ignorer tous les problèmes existentiels auxquels elle devra faire face plus tard.

Y a-t-il une chanson que vous préférez sur cet album ?

N. : Pour moi, ça serait Add Ends. C’est une chanson que j’ai écrite après avoir perdu un être cher. C’a été long, ça m’a pris un an et demi. Je l’ai réécrite peut-être vingt fois, le thème étant bien sûr très personnel.

Vous avez je crois déjà travaillé avec Christoffer Berg, qui a mixé deux albums pour The Knife et le premier single de Fever Ray [groupes suédois]. Est-ce que vous vous sentez appartenir à une “scène scandinave” ?

S. : C’était sur le premier album, oui, Christoffer a mixé les chansons avec nous. Sur celui-ci par contre, nous avons fait le mixage nous-mêmes. Je pense que notre musique était trop complexe cette fois pour qu’on puisse faire travailler quelqu’un d’extérieur au groupe. Nous avions une idée précise du son que nous voulions obtenir.

N. : C’est drôle parce que tout le monde nous dit que nous avons un son “scandinave”… mais ils savent mieux que nous ce que ça veut dire ! On vient de là-bas, alors forcément on écoute beaucoup de musique suédoise ou de la région, et c’est difficile pour nous de se définir par rapport à ça. Mais si on fait effectivement partie de cette scène et que ça plait aux gens, alors tant mieux !

En parlant de Fever Ray, leur live crée un univers absolument fabuleux. Si vous pouviez tout vous permettre, à quoi ressemblerait votre concert idéal ?

S. : Oh on ferait la même chose ! Exactement la même chose. C’est fantastique. La façon dont ils utilisent leurs vieilles lampes, c’est vraiment brillant. Je pense que Fever Ray (et The Knife) sont parmi les tout meilleurs artistes au monde pour créer une atmosphère visuelle en adéquation avec leur musique. Nous, on est moins réguliers, on aime changer les choses constamment, on ne pourrait pas tenir sur la durée avec un live aussi réglé. C’est toujours un peu le foutoir, mais si on regarde à l’intérieur il y a heureusement plein de choses intéressantes.

N. : Voilà. Si on pouvait faire le concert de nos rêves, ça donnerait un beau foutoir, mais joliment contrôlé ! [rires]

…et vous pourrez justement retrouver les WSGM en concert cet été au Festival de Nîmes, le 30 juin en compagnie d’Archive et de Paul Kalkbrenner !

Interview réalisée le 24 mai 2011 par Arthur Nancel.

[INTERVIEW] When Saints Go Machine

L’album Konkylie est sorti le 6/06/11.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kub3 1789 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines