Magazine Société

Un chien socialiste?

Publié le 12 juin 2011 par Hermes
Un chien socialiste? Cavalier d'Arpin, Diane et Acteon.
Un chien socialiste? Louis Galloche, Diane et Actéon
« A peine (Actéon) est-il entré dans l'antre où la source épanchait sa rosée que les nymphes, dans l'état de nudité où elles se trouvaient, se mirent soudain, en apercevant un homme, à se frapper la poitrine et à emplir toute la forêt de leurs cris perçants ; pressées autour de Diane, elles lui firent un abri de leur corps ; mais la déesse est plus grande qu'elles (...)ainsi, Diane prit de l'eau, la jeta à la face de l'homme et aspergeant sa chevelure avec l'eau vengeresse, elle ajouta ces paroles, annonciatrices du malheur à venir : "maintenant, va raconter que tu m'as vue sans voile, si tu le peux, je te l'accorde. Et sans proférer davantage de menaces, elle fait apparaître sur la tête ruisselante d'Actéon les cornes du cerf vivace (...) elle couvre son corps d'une peau tachetée ; elle y ajoute même une nature craintive (…) " » Ovide, Les Métamorphoses.
Encore un mythe qui fit le délice des peintres tant il permet la mise en image de l’artiste lui-même dans sa position de voyeur et de la scène capturée par le regard. Mais surtout, comme dans le récit de Suzanne et des vieillards, on retrouve cette tension entre le corps dévoilé au bain et le viol d’un regard. Mais là où la faute était avérée, dans le texte d’Ovide c’est au contraire l’innocence du regard qui est châtiée par Diane qui transforme le chasseur en cerf. Voici donc que celui qui poursuivait une biche transformé en proie : Le bourreau devient victime, le cerf sera déchiré par les chiens.
De nouveau le présent qui s’inscrit dans la peinture : Diane et le groupe des nymphes comme des femmes de chambre hurlant autour de leur égérie. Je ne juge rien. Je regarde un tableau. Je regarde la télévision. Je vois le même spectacle.
Mais la peinture ne prétend ni au réel ni à la vérité. Elle propose des dispositifs de compréhension laissés à la réflexion du spectateur. Elle répond à des codes qui fonctionnent de façon explicite quand on met en relation plusieurs toiles. Ainsi il suffit de voir ce tableau d’un peintre peu connu du XVIIe siècle, Louis Galloche dans la représentation du mythe d’Actéon. Comme pour la peinture du Tintoret , même disposition scénique, même effraction du regard. Et l’irruption du dehors, de la nature, de l’animalité, du satyre à l’intérieur d’un univers clos et féminin.
Un autre tableau, celui du Cavalier d’Arpin, par une mise en scène plus resserrée, par des jeux chromatiques plus sobres, permet de figer cet instant de tension quand le face à face de l’innocence est déjà une violence : Les regards et le doigt accusateur désignent celui qui porte déjà les cornes du châtiment.

Et, au côté d’Actéon, le chien qui se retournera contre son maître, qui le dévorera. Un chien socialiste ? Ou l’honneur d’un homme jeté aux chiens ?
Qui est qui? On ne peut que conclure en laissant le doute s'installer, en prônant avec humour l'ambiguité ou l'ubiquité comme lorsqu'un peintre plus proche de nous, Alberola, signait ses toiles ainsi: Acteo pixit, Acteon fecit.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Hermes 157 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine