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Denis Lalanne ou l'art salutaire du contrepied

Publié le 13 juin 2011 par Ansolo

Le journaliste et écrivain Denis Lalanne est sans doute l'une des plus belles plumes du rugby de France. L'auteur du très fameux "Grand combat du XV de France" nous gratifie désormais de quelques chroniques, malheureusement trop rares, dans le supplément mensuel de Midi Olympique.

Dans la dernière en date, le locataire du XV, rue du Pack évoque le thème de l'arbitrage. Une fois de plus, diront ceux que la question finit par exaspérer. Certes. Mais cette fois, le prisme retenu par l'écrivain-journaliste mérite qu'on s'y arrête.

On le sait, le rugby est l'un des sports (avec le cyclisme ?) qui suscite le plus la nostalgie. Celle d'un temps révolu, qui exhale un parfum de camphre et de dolpic. La bibliothèque du rugbyphile averti regorge de ces ouvrages portant sur le passé un regard emprunt d'émotions et de regrets. Ces regrets qui s'expriment devant la montée en puissance du professionnalisme, que d'aucuns jugent sinon sans âme du moins porteur des germes de la destruction du rugby de toujours, et de ses valeurs.

Titrée "l'honneur des pros", la chronique de Denis Lalanne revient donc sur la polémique née de l'affaire Chabal, pour affirmer ce qui ne va pas forcément de soi : le profesionnalisme implique pour les joueurs une plus grande maîtrise d'eux-même que par le passé. Et de rappeler que le championnat de France de nos aînés ne fût pas, loin s'en faut, un modèle de savoir vivre, en particulier s'agissant de l'arbitre et du respect qui lui est dû. Le constat est finalement assez logique, mais une telle évidence ne saute pas forcément aux yeux de ceux dont l'âge n'est pas suffisamment vénérable pour avoir le souvenir des joutes d'antans.

Cette chronique conduit ainsi à nous interroger sur le regard que nous portons sur notre passé, mythifié et déformé. Dans son ouvrage "Mythes et mythologies politiques", Raoul Girardet détaillait précisément ce phénomène qui, nous le constatons, ne trouve pas seulement à s'appliquer à la chose publique mais également à celle, ovale, qui égaye nos week-end dix mois de l'année. Et Raoul Girardet d'illustrer, par des exemples tirés de la littérature, comment ce regret de la pureté perdue irrigue l'histoire de nos sociétés, pour lesquelles "le souvenir garde toujours une pesanteur d'espérance".

Gardons-nous donc de croire que "c'était mieux avant", sans pour autant succomber à la tentation de la table rase. Ce juste équilibre, chacune des chroniques de Denis Lalanne nous invite, sans le formuler nécessairement, à le chercher chaque fois que nos passions menacent de brouiller notre jugement.


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