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Test de No More Heroes : Heroes' Paradise

Publié le 16 juin 2011 par Axime
Test de No More Heroes : Heroes' Paradise

Lorsqu'on cherche un jeu déjanté, fou et qui ne s'impose pas de limites, on peut se tourner vers les créations de Suda 51 dont le studio Grasshopper Manufacture est principalement connu pour le très particulier Killer 7. Sorti en 2007 sur Wii, No More Heroes aura eu besoin de nombreuses années pour passer sur PS3 et finir par échouer en Europe. C'est Konami qui nous a fait cette offrande comprenant des bonus et surtout oubliant la censure de la version Nintendo européenne. C'est donc un No More Heroes : Heroes' Paradise plus tranchant que jamais auquel nous avons le droit, suffisant pour devenir le numéro 1 ?

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Chérie, ça va trancher

Travis Touchdown est un otaku comme les autres, il collectionne les figurines de mangas, embrasse son poster de jeunes filles issues d'animes tous les matins, regarde le catch à la télévision et il joue aux jeux vidéo. Sa seule originalité est d'être classé 11ème de l'UAA, la United Assassins Association, un classement recensant les meilleurs assassins. Il faut dire que ses motivations sont nobles, car s'il tranche les gens avec son Beam Katana, comprenez son sabre laser, c'est pour la sublime Sylvia qui a promis de coucher avec lui s'il devient numéro 1. La vie de Travis suit donc tranquillement son cours à Santa Destroy pour notre héros, ponctuée de siestes dans le canapé ou, de temps en temps, du massacre de collègues le précédant au classement de l'UAA et dont la particularité d'osciller entre le mentalement dérangé et le complètement fou à lier. Bref, une vie tranquille pour un garçon aux hautes ambitions.

No More Heroes : Heroes' Paradise fait partie de ces jeux déjantés qui demandent de laisser toute trace de bon sens au vestiaire et de plonger dans un univers délirant où un anti-héros tient la vedette et où les toilettes servent de point de sauvegarde. Bien qu'il tienne le premier rôle, Travis doit pourtant partager la vedette avec des assassins tous plus charismatiques les uns que les autres. La folie du personnage principal se retrouve aussi dans les missions qu'il devra accomplir pour gagner sa vie, tout comme son côté otaku qui a déteint sur l'ensemble du jeu. On retrouve ainsi de nombreuses références plus ou moins cachées à Star Wars, Dragon Ball, Duke Nukem, aux jeux vidéo, à Killer 7, à Suda 51 lui-même, voire même à Scott Pilgrim. Un véritable pot-pourri qui participe au charme unique qui se dégage de ce titre. Ne vous attendez pas à de hautes envolées philosophiques mais plutôt à rire très souvent, de vrais fous rires qui ne cacheront pas pour autant un scénario qu'on découvre avec plaisir et surtout des personnages qui crèvent l'écran.

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Les boucheries doubles

Pour devenir numéro un, il faut tout de même se bouger un peu et ne pas rester affalé dans le canapé toute la journée. Votre mission principale sera donc d'aller massacrer toute personne se présentant entre vous et un autre assassin avant de finir en beauté avec un duel contre votre cible. Autant vous le dire, si vous êtes contre la cruauté envers les êtres humains, il faudra passer votre chemin. Travis découpe les têtes aussi facilement qu'il tranche ses adversaires des pieds à la tête, le tout dans une pluie de sang. La censure n'est plus d'actualité et on s'en rend bien compte. Ce déluge de violence est servi par un gameplay très efficace et encore plus lorsque vous prenez votre Move en main.

Une fois son Beam Katana allumé, notre héros va alors se déchainer grâce à une pression sur un bouton, enchainant les combos. Vous pouvez alors frapper en haut ou en bas selon l'inclinaison de votre baguette magique, ce qui permettra de passer à travers la défense de vos adversaires. Si vous préférez utiliser la manette, il faudra alterner entre deux boutons correspondant chacun à une hauteur. Une fois la barre d'un ennemi vide, une flèche apparait à l'écran ; à vous de donner un coup de Move dans la direction de celle-ci pour l'achever dans une mare de sang, ce qui déclenchera un tirage au sort qui peut vous offrir une attaque spéciale si la chance est avec vous. Vous pouvez aussi assommer un adversaire qui resterait trop en garde puis le saisir afin de lui infliger une prise de catch dévastatrice, toujours à l'aide de flèches vous indiquant le mouvement à réaliser. Bien plus profond qu'il n'apparait au début, le système de combat permet bien entendu de contrer les coups mais aussi d'esquiver ou de placer une contre-attaque dévastatrice. Si jamais vous frappez en même temps que votre opposant, un choc s'enclenche et il faudra tourner votre Move le plus vite possible pour l'emporter et placer une attaque fatale. Les combats sont extrêmement dynamiques et on a à peine le temps de souffler entre deux adversaires. Une autre donnée à prendre en compte durant les affrontements vient de votre sabre laser qui fonctionne sur batterie. Plus vous contrez de coups, plus celle-ci diminue, si bien qu'une fois vide vous ne pourrez plus ni attaquer, ni défendre, il faudra vite trouver un coin tranquille pour secouer votre bâton de manière très explicite.

Le problème de Travis c'est qu'organiser un combat entre assassins ça coute très cher, tout comme la vie d'otaku, il lui faut donc enfourcher sa moto et sillonner les rues de Santa Destroy pour se remplir les poches. Malheureusement, ces parties sont les plus ennuyeuses du jeu étant donné que la ville est très vide, que les voitures s'arrêtent devant vous, sans parler de certains bugs qui coinceront votre engin sur un arbre, problèmes déjà inhérents à la version Wii et donc aucunement améliorés. Il vous faudra alors vous éloigner puis appeler un ami afin qu'il ramène votre monstre mécanique. Bien que la ville regorge d'objets à trouver comme des boules orange permettant de profiter de certains bonus, ou encore de T-shirts tous plus classes les uns que les autres, on s'ennuie rapidement à devoir aller d'un point A à un point B sans aucun challenge entre les deux.

Heureusement, les promenades en ville permettent de s'adonner à certains plaisirs pour le moins excitants. Que ce soit l'entrainement à base de QTE ou de mouvements en rythme, la découverte de cassettes vidéo permettant d'apprendre de nouvelles prises de catch, une boutique pour faire attention à son look, sans oublier d'améliorer son arme. Le problème c'est qu'on en oublierait presque qu'à l'origine on est sorti pour aller chercher de l'argent. Il est alors temps d'aller faire un tour à l'agence pour l'emploi locale. Vos missions iront du base-ball avec des noix de coco au ramassage de chats, sans oublier d'effacer les tags des murs ou de faire tourner le burger géant d'un restaurant : tout est bon pour obtenir quelques billets supplémentaires. Il ne faudrait pas oublier non plus que le travail illégal rapporte souvent plus, aussi n'hésitez pas à vous renseigner sur les offres d'assassinats beaucoup plus rémunératrices. Bien souvent il s'agira de massacrer joyeusement une petite armée dans un temps limité. Si vous voulez un véritable défi, il reste aussi la possibilité de vous adonner à des combats d'arène où vous n'avez qu'un misérable point de vie. Dans tous les cas une médaille vous sera décernée, à vous de vous battre pour obtenir l'or partout. S'il faut compter une quinzaine d'heures pour atteindre le sommet de la hiérarchie des assassins, ces missions annexes peuvent vous combler de bonheur quelques heures supplémentaires.

Un dernier mode vous permettra d'affronter chaque boss en combat singulier avec l'arme de votre choix. Il s'agit en fait d'un score attack qui vous offre la possibilité de vous hisser au sommet du classement disponible sur internet. Perdre le moins de vie possible et achever votre adversaire rapidement seront les éléments clés pour devenir l'assassin numéro un mondial.

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Here Come New Challengers

Un jeu décalé ne pouvait pas se contenter de graphismes classiques, c'est donc du côté des comics que Grasshopper Manufacture a puisé son inspiration, tout en ajoutant une pointe de pop-art pour les écrans de chargement. Les environnements sont colorés et variés, et le jeu à une identité visuelle très forte. Artistiquement le parti pris peut en rebuter plus d'un mais cette impression de voir une BD américaine est vraiment agréable et fait, une nouvelle fois, de No More Heroes un jeu à part. D'un point de vue technique, les choses sont bien moins réjouissantes avec un aliasing très présent, surtout lors des promenades en ville où on sent que les développeurs avaient bien d'autres préoccupations. C'est d'autant plus dommage que la mise à jour graphique du titre est flagrante par rapport à la version Wii. L'esthétique du jeu permet de ne pas s'attarder sur certaines modélisations trop cubiques mais le crénelage et le tearing (coupure de l'image lors d'un mouvement brusque de caméra)viennent gâcher le résultat final. On aurait aussi aimé que la caméra soit améliorée tant il arrive de prendre des coups à cause d'un ennemi impossible à voir à cause de la manipulation peu évidente de cette dernière puisqu'il faut utiliser un bouton pour tourner vers la gauche et un autre pour la direction oppposée. La jouabilité de No More Heroes reste excellente mais il s'agit d'un détail qui peut agacer dans les combats difficiles et où la victoire ne tient qu'à un coup de sabre.

Un bon remake ne se limite pas pour autant à l'aspect graphique, il faut aussi ajouter des bonus pour les fans. De ce côté-là, No More Heroes : Heroes' Paradise reste dans l'ambiance délirant du titre tout en étant un peu avare. En effet, en s'endormant sur les toilettes on a le droit à cinq boss issus de No More Heroes 2, sorti uniquement sur Wii pour le moment, mais ceux-ci sont loin d'être les plus classes du jeu. On peut même dire qu'un seul se montre véritablement aussi charismatique que ceux que l'on affronte dans l'aventure principale. Si quelques petits boulots supplémentaires compléteront l'aventure, le véritable ajout reste le mode Super Sweet qui consiste à faire le jeu avec toutes les femmes (dé)vêtues de tenues bien plus sexy. Un ajout dans l'esprit du titre mais qui fait tout de même léger pour convaincre les possesseurs de l'opus Wii.

Si le jeu propose finalement peu de nouveautés, il n'efface en rien les qualités de l'épisode original totalement décalé et à la folie contagieuse. Suda et son équipe de Grasshopper Manufacture ont créé un jeu qui ne se trompe pas de public, les joueurs qui aiment être dépaysés autant que les otakus-geeks qui sont parodiés. Un titre à prendre au vingt-troisième degré mais de tout premier ordre.


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