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Little Big Man – critique

Par Tedsifflera3fois

Après Le Lauréat et Macadam Cowboy, Little Big Man est le film qui achève de faire de Dustin Hoffman une icône du renouveau du cinéma américain des années 70. Ce western sans héros égratigne les mythes du far west américain dans une succession de scénettes inégales, entre indignation et résignation.

Synopsis : Agé de 121 ans, Jack Crabb se souvient de son passé au temps de la conquête de l’ouest, entre son éducation par des cheyennes et son retour parmi les blancs.

Little Big Man - critique
Little Big Man est un western iconoclaste qui ridiculise l’idéal américain de la conquête de l’ouest. D’une part, le film dénonce le génocide des indiens en montrant le massacre des hommes, des femmes et des enfants par des blancs imbus de leur puissance et avides de domination et de violence. D’autre part, il détruit le mythe du cow-boy : celui-ci est parfois un alcoolique paranoïaque, parfois un vantard, parfois un imbécile sûr de lui.

Les dévots ne sont que des hypocrites soumis à des besoins sexuels d’autant plus omniprésents qu’ils se les interdisent. La prostituée a perdu son grand coeur, il ne lui reste que ses désirs lubriques, toujours plus puissants. Et les dévots et les prostituées ne sont d’ailleurs que les deux faces d’une même pièce. Quant à la famille protectrice, elle s’effondre vite devant la loi du chacun pour soi, tout comme l’esprit d’entreprise : le self-made man est en fait un voleur.

Dans cet univers mensonger, Jack Crabb passe par toutes les phases. D’enfant blanc orphelin il devient jeune guerrier indien plein de courage, de là il se transforme tour à tour en jeune religieux modèle, en charlatan professionnel, en légende de la gâchette, en commerçant marié, en soldat américain, en papa indien et même en mâle dominant d’une famille de quatre soeurs sexuellement insatisfaites.

L’histoire de Jack Crabb, c’est l’histoire de l’Amérique revisitée et mise à mal. De nombreux symboles constitutifs de l’identité américaine sont tournés en dérision : le conquérant d’un nouveau monde, le libre entrepreneur, l’homme bon et religieux, le guerrier intelligent et solitaire. Jack Crabb est tous ces hommes à la fois et pourtant il ne sera jamais meilleur que quand il sera cheyenne. Little Big Man est un film grave et pourtant léger, souvent drôle. L’indignation, partout présente, se transforme souvent en résignation devant un monde et des hommes qui ne tournent pas ronds. Little Big Man prend le parti qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer.

La succession de vignettes est aussi la limite du film : les multiples vies de Jack transforment son histoire en un pot-pourri d’expériences drôles mais finalement anecdotiques. Little Big Man a une fâcheuse tendance à tourner ici et là au film à sketches. Pourtant, de ces aventures se dégagent quelques personnages forts (le chef cheyenne, l’ennemi de Jack qui fait tout à l’envers, le charlatan qui perd une partie de son corps à chaque nouvelle apparition) et quelques moments marquants (l’horrible massacre de la famille cheyenne de Jack, l’attaque du convoi et de sa femme par des indiens ou encore le « départ » raté du chef et la vie qui s’obstine). Et un fort étonnement devant ce qui fut sans doute la réalité de l’ouest : des mesquineries, des violences et des antihéros qui ont été sanctifiés avec le temps. Un univers brutal et insensé mis forcément en regard du XXème siècle, l’histoire étant contée par un Jack Crabb de 121 ans et le film ayant été tourné pendant la guerre du Viêt-Nam.

Note : 5/10

Little Big Man
Un film d’Arthur Penn avec Dustin Hoffman, Faye Dunaway, Martin Balsam et Chef Dan George
Western – USA – 2h19 – 1970


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