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Le jury du Plessis Robinson a choisi Photo de groupe au bord du fleuve

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Le jury du Plessis Robinson a choisi Photo de groupe au bord du fleuveRégulièrement un groupe de lecteurs passionnés s'est réuni pour s'exercer à la critique littéraire avec les conseils et l'aide bienveillante de Norbert Czarny, professeur de lettres, critique et collaborateur de la Quinzaine Littéraire depuis 1985.
La dernière séance de travail a eu lieu ce soir et en huis clos avec pour mission de se mettre d'accord pour désigner le Prix du jury parmi les dix livres de la sélection dont vous trouverez j'avais publié un récapitulatif exhaustif.
Quatre ouvrages ont émergé :
Un Bûcher sous la neige de Susan FLETCHER
Un roman habité par la nature, porté par la voix envoutante de Corrag, une jeune femme libre dans Écosse du XVIIème siècle.
Caracreatura de Pino ROVEREDO
Au cours de l’effondrement de son monde affectif, le long cri de douleur et de colère d’une mère.
Zola Jackson de Gilles LEROY
Une force de la nature confrontée à l’ouragan Katrina. Mais le plus difficile n’est peut-être pas de lutter contre les éléments naturels…
et Photo de groupe au bord du fleuve d'Emmanuel Dongala (chez Actes Sud, 2010) qui s'est classé en tête, avec peu d'avance sur un Bucher sous la neige et Caracreatura.
Demain sera révélé le Prix des lecteurs, à partir de la comptabilisation des bulletins glissés dans l'urne de la bibliothèque. On peut parier pour la Couleur des sentiments peut-être ....
Le jury du Plessis Robinson a choisi Photo de groupe au bord du fleuveVoici, en attendant ce que j'écrivais à propos de Photo de groupe :
C'est le récit d’un combat féministe auprès de femmes d’origine africaine. Un livre à découvrir absolument.
Emmanuel Dongala déploie le roman au fil de trente-deux chapitres écrits comme trente-deux lettres dont on s’interroge sur le destinataire. On comprend d’emblée que le tutoiement n’est pas adressé au lecteur, et on suppose vaguement qu’il pourrait concerner sa mère puisque l’ouvrage lui est dédicacé.
Ce « tu » à répétition écarte le lecteur de la scène à laquelle il assiste comme derrière une vitre sans tain. Comme un intrus qui jetterait un œil par-dessus l’épaule d’un narrateur commentant des photos souvenir sorties une à une d’une boite à chaussures.
Ce « tu » s’adresse à Méréana, une forte femme mise à genoux par le machisme, assommée par une société corrompue par une cupidité obscène, victime mais jamais vaincue. On pense (encore) à Rosa Park même si l’oppresseur est ici davantage une question d’inégalité sexuelle que raciale.
On pense aussi bien sur à Florence Aubenas qui s’est infiltrée sur Le Quai de Ouistreham, paru aux éditions de L’Olivier en février 2010.
Que diable font là toutes ces femmes à casser des cailloux ? Ce n’est pas un métier qu’on choisit mais qu’on exerce jusqu’à ce que son corps lâche.
Quel chemin d’infortune les a menées au bord du fleuve ? Peut-on aller plus loin dans la dégringolade sociale ?
Très vite je me suis rapprochée pour n’être que juste un peu décalée.
Je me suis habituée à ce tutoiement qui me maintenait pourtant à distance. J’ai accepté d’être réduite à cette position de spectatrice, m’estimant heureuse d’être admise dans le cercle de ces battantes, d’entendre leurs confidences, d’être conviée à leurs cérémonies, de partager leurs peines et leurs enthousiasmes, porter leurs espoirs, frémir de leurs audaces …
J’ai accepté d’être celle qui se tait et ce n’est qu’à la toute fin que j’ai compris qui parlait, quel était celui qui osait ce tendre tutoiement, respectueux, admiratif, bienveillant et positivement amoureux.
Je terminai la chronique en souhaitant longue route à vous, Armando et Méré. Que mes vœux vous accompagnent. Longtemps !
Je suis très sincèrement ravie pour l'auteur et pour le livre que mon enthousiasme ait été partagé. Et je constate que la photo de l'article du 16 mai était en quelque sorte prémonitoire.

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