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Playtime

Publié le 18 juin 2011 par Olivier Walmacq

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genre: comédie inclassable, Tatien

année: 1967

durée: 2h

la critique de Koamae:

Six ans après la sortie de Mon Oncle, Jacques Tati se met à la réalisation d'un nouveau film. Nous sommes en 1964 quand le projet Playtimecommence.
Ce qui va durer trois ans: le film s'achève et sort en 1967. C'est le quatrième film de Tati, son ante-pénultième oeuvre. Auréolé du succès de ses premiers films, il met des moyens considérables dans celui-là, opte pour une caméra en 70mm, histoire de donner une impression de grandiose, d'imposant. Mais ce film n'est tout simplement pas taillé pour le grand public, et est un échec immense, un bide total. A sa sortie, les critiques le qualifient de navet.
Tati détruira les décors qu'il avait construits, car personne n'en voudra. Sa société de production fait faillite, et il ne s'en remettra jamais, de cet échec, l'un des plus monumentaux de l'histoire du cinéma. Il tournera encore deux films, Trafic et Parade, avant que la maladie ne le rattrape, mais même ces deux films n'auront pas l'impact des premiers.
Comme beaucoup de bides, Playtime est aujourd'hui un objet de culte auprès de n'importe quel cinéphile. Considéré comme le chef d'oeuvre absolu de Tati 40 ans après sa sortie, certains diront qu'il s'agit de l'un des plus grands films de l'histoire.
David Lynch ira même jusqu'à dire que Playtime est son film de chevet, ou peu s'en faut. Bref, on n'imagine pas à quel point Playtime est mythique.

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Ce film brille avant tout par sa monumentale critique de la modernisation de la société, et de la consommation de masse. Inspiré par Metropolis de Fritz Lang, Alphaville de Godard et La Party de Blake Edwards (pour toute la partie du restaurant), Playtime est divisé en six parties, évidemment reliées par Monsieur Hulot, et aussi par un groupe de touristes anglaises ayant opté pour une formule qui leur fait visiter une capitale par jour.
Mais arrivées à l'aéroport d'Orly, elles découvrent des nouvelles constructions imposantes, privées d'âme. Bref, pas du tout l'idée que l'on se fait de Paris.
C'est après ce quart d'heure d'introduction que l'on retrouve enfin Monsieur Hulot, dans une salle d'attente pour un rendez-vous. Après quelques grandes expériences avec le rembourrage des chaises, il commence à s'ennuyer et se lève, pour se perdre dans un dédale de bureaux.
Complètement paumé, il arrive par hasard dans une exposition d'objets du quotidien (lampe, poubelle...), mais fantaisistes, futuristes, où l'on retrouve notre groupe de touristes. Hulot finit par retrouver un ancien copain de l'armée, qui l'emmène dans son nouvel appartement à la pointe de la technologie, avant que la soirée n'arrive. Et la soirée, Hulot va la passer à l'inauguration du Royal Garden, un restaurant chic qui n'était peut-être pas totalement prêt pour être inauguré...
Peinture pas sèche, faux contact du néon extérieur, installations qui se cassent la gueule, climatisation qui ne marche pas... Le tout avec des clients aussi bourgeois que chiants...
Enfin, dans le dernier quart d'heure, on voit un Paris toujours aussi moderne, se réveillant, dans le dédale des voitures. Les touristes repartent tandis que Monsieur Hulot, qui n'a décidemment rien à faire dans cette société nouvelle, continue son chemin...

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En deux heures, Playtime s'impose comme la pièce maîtresse de Tati, génie absolu du cinéma. Le film souffre probablement de sa longueur: il met un peu de temps à démarrer, mais une fois arrivé à la scène du restaurant, inoubliable, il gagne en majestuosité.
Alors, je n'irai pas jusqu'à dire qu'il s'agit du meilleur film de Tati, préférant Les Vacances De Monsieur Hulot. Mais nul doute que Playtime reste une grande oeuvre qui, malgré son ratage commercial total, a marqué l'esprit des cinéphiles. A voir, pour peu que l'on aime le grand Cinéma, avec un C majuscule !

Note: 19/20


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