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TONOHARU de Lars Martinson

Publié le 22 juin 2011 par Aaapoum Bapoum

Tonoharu-couv Parler de l’autre avec des mots à soi. C’est un projet élémentaire, certes, mais parfaitement adapté à Tonoharu, cette petite chronique d’un américain exilé pour quelques années dans la campagne japonaise. Comment évoquer ce pays lointain, sa temporalité étrange, sa société impénétrable… sans retomber dans l’orientalisme ou encore servir la soupe populaire du mono no aware, cet éloge romantique japonais du temps suspendu que reflète la nature ou le décor?

Evidemment, en temps normal, il ne serait pas trop exigeant de considérer ce refus de l’orientalisme de « minimum syndical » de l’écriture. Sauf que, perdue dans une époque où les jeunes produisent à la chaîne des mangas à la française (hérésie), où les épopées franco belge japonisante nourries aux samouraï et aux poncifs philosophiques inondent les rayons, cette petite chronique d’un américain qui souhaite simplement communiquer la solitude et la mélancolie provoquées par le choc des cultures apparaît salvatrice.

 On s’amuse, à l’évidence, des déconvenues tragi-comiques du petit enseignant étranger, égaré dans le vide de la campagne nipponne, en perpétuelle quête d’une relation amoureuse, en constante butte aux malentendus et à l'embarras. Mais la qualité dominante, c’est cette écriture diablement contagieuse à travers laquelle l’immuabilité pesante du quotidien est retranscrite. Ces canevas de quatre cases par page, ces décors et paysages fossilisés par des myriades de hachures étouffantes, ces environnements répétés à l’envie avec le même cadrage, transcrivent parfaitement et d’une manière unique cette temporalité ralentie que les occidentaux attribuent au Japon, ces silences qui s’étirent, parfois jusqu’à l’épuisement.

Dans Tonoharu, in fine, l’auteur veut faire toucher du doigt l’expérience d’une vie d’expatrié au Japon. Et personnellement, je ne pense pas m’y installer tout de suite.

Tonoharu, de Lars Martinson, 270 pages, en vente chez AAAPOUM au prix de 23 euros. (Pour voir quelques pages intérieures, en anglais malheureusement, cliquez ci-dessous)


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