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Nicolas Lampion

Publié le 13 février 2008 par Roman Bernard

Nicolas LampionIl serait loisible d'intenter un procès en " suivisme " à Criticus, qui reprendrait à son compte les critiques actuelles des grands médias, et notamment des hebdomadaires, à l'égard de Nicolas Sarkozy. Cela ne tiendrait pas debout, et ce pour trois raisons : d'abord, comme l'est Koz, je suis assez circonspect devant l'hallali médiatique qui a commencé contre le chef de l'État.

Comme Koz aussi, je pense que cet hallali disculpe les journalistes français de l'accusation de " sarkozysme " qui leur est lancée en permanence par les " critiques des médias " d'extrême-gauche, ou Marianne, dont les " unes " tapageusement anti-sarkozystes servent à masquer l'indigence du contenu - et à faire vendre un magazine d'intérêt limité. En outre, et surtout, j'ai critiqué dès l'été dernier Nicolas Sarkozy et les reculades de son gouvernement, contrairement au Point, qui est passé subitement de la dévotion totale à la critique sévère.

La troisième raison pour laquelle je tiens à garder mes distances avec l'antisarkozysme primaire qui, souvenons-nous en, avait déjà sévi pendant la campagne présidentielle, c'est que, bien qu'étant clairement déçu par la politique conduite par Nicolas Sarkozy, je ne regrette toujours pas mes votes des 22 avril et 6 mai 2007. Je rappelle à ceux qui ricanent de voir un " sarkozyste " déjà désappointé que le choix que j'avais, en face, était restreint : l'alternative à Sarkozy, c'était une vestale hystérique, arriviste et incompétente ou un européiste béat, poujadiste et mou du genou. Alors, oui, c'était un vote par défaut. Mais il convient ici de rappeler les principes du scrutin uninominal majoritaire à deux tours : soit on votait, au second tour, pour Sarkozy parce que l'on considérait qu'il était meilleur, ou " moins pire " que Royal, soit, à l'inverse et pour les mêmes raisons, on votait pour la candidate socialiste, soit, troisième solution, on s'en lavait les mains en s'abstenant ou en votant blanc ou nul, c'est-à-dire que l'on considérait que les candidatures de Sarkozy et Royal se valaient. Ce n'était pas mon cas. Si j'hésite toujours -réellement- à émigrer de ce pays figé, l'élection de Sarkozy a eu le mérite de retarder mon envie de partir. Si Ségolène avait été élue, nul doute que j'aurais fait des démarches d'émigration dès le lendemain de son élection. Je tiens également à dire que je n'ai pas attendu des prouesses de Nicolas Sarkozy et de son gouvernement. Mais le refus d'instaurer l' indispensable sélection à l'entrée de l'Université, avoué rapidement par Valérie Pécresse, m'a très vite rendu suspicieux par rapport à la réalité de la volonté réformatrice du gouvernement. Les reculades sur le service minimum ou les retraites ont achevé de faire de moi l'un des premiers " déçus du sarkozysme ".

Un peu d'humour ne fait pas de mal...

Cette déception, je préfère l'exprimer avec humour, plutôt que de verser dans l'outrance comme de nombreux blogs et médias qui n'ont pas été déçus puisque ayant toujours été sarkophobes. D'ailleurs, si je suis sévère à l'égard du gouvernement, c'est parce que je pense qu'il ne va pas assez loin. Le contraire des antisarkozystes.

Et, avec humour, je comparerai ici Nicolas Sarkozy et Séraphin Lampion. Pour ceux qui, n'étant pas comme leur serviteur tintinophiles, ne connaîtraient pas ce dernier, Séraphin Lampion est un personnage atypique des Aventures de Tintin et Milou.

Il incarne la figure du " beauf ", que les Belges francophones appellent " belgicain ", et les Québécois " colon ". Séraphin Lampion est aussi un emmerdeur, un pique-assiette, qui n'hésite pas à venir s'inviter à Moulinsart pour infliger aux occupants du château ses platitudes, ses anecdotes sur son oncle Anatole et les assurances Mondass dont il est l'employé, et ses blagues au goût plus que douteux.

Quel rapport avec notre président de la République, dont la présence à l'Élysée est légitime, au contraire de celle, intrusive, de Séraphin Lampion à Moulinsart ? Tout simplement, et uniquement, ce subtil mélange de mauvais goût, d'inculture et de surestimation de soi qui caractérise les deux personnages. Je ne sais pas si je suis le précurseur de cette analogie entre Nicolas Sarkozy et Séraphin Lampion mais elle méritait d'être faite ici. Nicolas Sarkozy, c'est en quelque sorte Séraphin Lampion qui aurait réussi. Ce dernier, président du " Volant-Club " de Moulinsart et de la société des " Joyeux Turlurons ", qui n'hésite pas, une fois le coup d'État du général Alcazar (cf. Tintin et les Picaros) grâce à son concours, à qualifier le dictateur sud-américain de " malabar ", affiche le même sans-gêne que Nicolas Sarkozy, qui exhibait fièrement son sabre saoudien, lors de sa visite officielle à Riyad, sans avoir la solennité et la majesté qui seyent à un chef d'État. Nicolas Sarkozy, en l'espèce, est l'anti-de Gaulle, et c'est sans doute ce qui explique le mieux mon agacement à son endroit. Mais comme Séraphin Lampion -comme Nicolas Sarkozy peut-être, l'avenir le dira- fait partie des personnages qui gagnent à être oubliés, j'arrête là cette plaisante comparaison, dont je ne sais pas pour qui elle est le moins flatteuse.

Sur les médias français qualifiés à tort " de droite " et " sarkozystes "

Cela devient presque une coutume, je reproduis ici le contenu d'un commentaire que j'ai laissé chez Le Chafouin, qui estime que les médias français sont sarkozystes :

Sur le fond de ton billet, Chafouin, quand tu écris " les journalistes penchent globalement plus à gauche qu'à droite, du moins culturellement ", c'est un doux euphémisme ! Les journalistes français sont ultra-majoritairement de gauche, non seulement culturellement, mais aussi politiquement, et c'est ce qui nous intéresse ici. S'ils ont offert une tribune dorée à Sarkozy de 2002 à 2007, c'est parce que ce dernier a su utiliser leur paresse, leur obsession de l'instantané et de la dernière info, et tout simplement parce que Sarkozy fait vendre. Je sais que tu dis tout cela, mais à mon avis, cela disculpe largement les journalistes de l'accusation de sarkozysme que tu leur lances. D'ailleurs, pour s'en convaincre, il n'y a qu'à demander aux journalistes ce qu'ils pensent de Sarkozy. Il y aura, je sais comme toi de quoi je parle, une grande majorité de journalistes qui auront de lui une opinion négative, voire hostile. Si nombre de gauchistes stupides (je sais, c'est redondant) avancent à tort que les journalistes français sont " de droite ", c'est parce que tout d'abord, ils sont économiquement libéraux (eh oui, on est au XXIe siècle, ce que n'ont pas compris Acrimed et consorts, le clivage gauche/droite ne porte plus sur l'économie), et que leurs patrons, majoritairement de droite et sarkozystes, sont les arbres de droite qui cachent la forêt de gauche de la presse française. En oubliant que ce ne sont pas les patrons qui produisent le contenu des médias, mais bien les journalistes, et cela malgré les pressions.
Les médias français n'ont jamais mangé dans la main de Sarkozy, hormis Le Figaro, Le Point, TF1. C'est certes considérable, mais cela ne comprend pas les autres télés, toutes les radios (oui, toutes), les autres titres de presse, qui sont nettement majoritaires, et qui ne mangent pas dans la main de Sarkozy, bien au contraire. Si tous les médias ont fait la promo de Sarkozy, c'est que, même quand ils l'ont lynché durant la campagne présidentielle, cela lui a servi à faire la victime. Les journalistes français ont ainsi un rapport très pervers avec Sarkozy, puisque le détestant et voulant le discréditer, ils ne parlent que de lui, et font ainsi, bien malgré eux, sa publicité.
Si, dès les premières difficultés, ils s'empressent de l'attaquer, cela prouve, non pas qu'ils lui sont hostiles, mais en tout cas que le procès en sarkolâtrie que leur intentait Marianne était infondé.[...]
Roman Bernard

Photo téléchargée sur : http://tintin.francetv.fr/fr/aventures/persos/lampion.html


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