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Soldes en milieu extrême

Publié le 24 juin 2011 par Gentlemanw

Une aventure qui a commençé par un malaise, la chaleur sans doute de ce lieu où elles étaient si nombreuses, presque animales, prêtes à tout pour conquérir la pièce rare. Enfer ou forêt tropicale dans un magasin, l'atmosphère était bruyant, saturé de mouvements, de poussées, de rayons encombrés, de passages impossibles et cette chaleur qui m'a fait emmené au sol, un malaise.

C'était trop !

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Je me suis réveillé, mais je n'étais ni dans une ambulance, ni sur un brancard dans un coin de l'infirmerie de ce grand magasin. Le jour perçait par la verrière au-dessus de moi, je sentais le froid sous moi, le carrelage du magasin. J'étais encore allongé sur le sol, je me suis relevé, j'ai plié les genoux, levé les yeux, regardé dans les allées autour de moi. J'étais là, seul, étrangement seul dans un silence froissé par les bruits grésillants des lumières, un faux silence industriel. J'ai repris ma position debout, mon pantalon a repris ses plis impeccables. Mes lacets, mes chaussures cirées, les allées droites, devant moi, derrière moi. Rien de plus ! Rien  !

J'étais dans le magasin, là où était passé une foule, une horde de panthères, de louves atrocement affamées de vêtements, leur nourriture, leurs addictions beauté et accessoires. Mais maintenant tout était pour moi, disponible, impeccablement rangé, comme cette collection de rouge à lèvres sur le comptoir. Je le regardais, brillant, luisant des dizaines de néons disponibles. 

Quelques pas sur le marbre, sur cette marquetterie ancienne de pierre, vers l'autre rayon, beauté et maquillage pour apercevoir les parfums, ici la frontière est dans les airs, avec des molécules qui flottent, qui éclatent, un univers de jasmin, de roses et de pivoines, d'ambre et de sucre, Angel ou Shalimar, JP Gaultier Classique ou Hermès eau d'orange verte. Que des femmes, je ferme les yeux, je suis leurs chemins, leurs arrêts, le claquements de leurs talons, je perçois le brouhahas de leurs papotages. Je vois en moi, leurs sourires, une pression sur le dessous de leurs poignets fragiles, la peau fine s'imprégnant des arômes. Un effluve, plusieurs ? Elles sont passées ici, avant de croiser dans tous les coins et recoins, étages et sous-sol du lieu magique. Les lumières faiblissent, je marche, je profite de l'immensité des volumes. Je vois un balcon supérieur, ma destination, avec un canapé rouge, capitonné de velours, je serai bien là-haut, pour devenir un contemplatif, demain quand elles seront de retour. Sur les marches ... dans les allées ... ici et là !

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Mes pas sont légers, je grimpe les escaliers, sans souci de poids, je trébuche à nouveai, non pas sous l'effet de la chaleur, mais du manque d'habitude, je rippe, mais je m'enroule autour, en travers de la rampe devant moi, bois ou métal doré, lissé par toutes les mains qui le caresse en montant, les statures qui se montrent en descendant sur leurs hauts talons. Je flotte.

Oh, curieuse sensation !

Me voilà enfin sur ce canapé, je m'asseois, non, je prends place, entre deux niveaux, je suis immatériel, et maintenant ce lieu, les femmes qui y viendront seront le tourbillon pour nourrir mes yeux. Oui je suis le nouveau fantôme esthète, victime des soldes, victime de son amour inconditionnel des féminités en mouvement.

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