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#34 - Auto-filature

Par L3ctro

34 - Auto-filature

Lundi 12 janvier 1948 – 10h23
Londres, Angleterre

   Chris était revenu un peu avant l’heure où il s’était réveillé. Chez son grand-père, il s’était changé de vêtements, afin que les passants ne voient pas deux fois le même homme dans les mêmes habits.

Il avait opté pour emprunter le vieux chapeau de son grand-père, qui en 1948 se révélait être presque neuf. Il prit aussi une paire de jumelles, et alla commencer son investigation.

Il commença par aller à l’hôpital où il s’était retrouvé. Devant l’entrée, il vit une ambulance descendant une civière. Reconnaissant sa coupe de cheveux, il sut que c’était lui. Il s’approcha lentement, tout en se souvenant des conseils de son grand-père. « Tu ne devras parler à personne, et personne ne devra te remarquer. Tu devras te fondre dans la masse. », lui avait-il dit.

Faisant attention à bien cacher son visage avec le chapeau, il avança prudemment et nonchalamment, en direction de l’entrée. Une fois à l’intérieur, il regarda où en étaient les ambulanciers avec le brancard.

-   Allez, on y va, lança l’un d’eux, tout en poussant Chris.

Les voyant entrer, le Chris le plus vieux s’assit sur une chaise, regardant ailleurs, afin que personne ne voie son visage.

Il y avait de l’agitation. Personne ne prenait attention à personne. C’était parfait. Voyant que l’ambulancier s’approchait de la femme à l’accueil, il fit semblant de faire la queue pour écouter la conversation.

-   On l’a trouvé sur le trottoir d’une rue, près d’ici, dit le même brancardier que tout à l’heure. Il a perdu connaissance, mais aucun signe de blessure grave.

-   Très bien, répondit-elle. Amenez-le en salle…

Chris en avait assez entendu. Il fallait maintenant qu’il attende que son double sorte. Il prit le journal que son grand-père lui avait donné, et s’assit sur un banc, devant l’hôpital. Il fit semblant de le lire, mais en réalité il réfléchit. Il avait peur. Il était effrayé à l’idée qu’il ne réussisse pas à retourner à son époque. En effet, il y avait tellement d’évènements qu’il avait pu changer… L’ambulance, peut-être qu’elle aurait dû sauver quelqu’un d’autre… Le lit dans lequel il était, peut-être était-ce le dernier ? Même chose pour le sandwich, et pour tous ces gens qui l’ont vu…

Mais tellement de choses impossibles s’étaient produites ces derniers temps qu’il ne pouvait que se dire qu’il retrouverait bien vite le futur.

   Peu après, il se vit sortir de l’hôpital, en enfilant son manteau. Le Chris sur le banc se releva, puis continua à « lire » son journal près de l’entrée du bar. Après une dizaine de minutes, un détail le frappa : il vit un homme courir à toutes jambes dans la rue adjacente au bar. Au même moment, il vit son double du passé payer le barman.

   Le double sortit du bar exactement au moment où l’homme qui courait passait, ce qui fit que Chris bouscula cet homme.

   Le Chris du futur vit son double désorienté, puis partir. De son côté, il n’y avait plus rien à voir, car il n’avait vu pratiquement personne jusqu’à chez son grand-père, à seulement quelques blocs de maisons.  

   Il se mit donc à la poursuite de celui qui semblait courir pour sa survie, mais il trouvait ça difficile de suivre quelqu’un qui court très vite sans se faire remarquer. Du coup, Chris s’arrêta là, et se dit qu’il se téléporterait un peu plus loin. Le temps n’était plus un obstacle pour lui désormais.

   S’arrêtant là où il était, il reprit son souffle, puis entendit un cri. Tournant brusquement la tête, il vit une femme, dans la rue, appelant à l’aide car un agresseur lui volait son sac, un couteau à la main.

   Celui-ci ne semblant pas vouloir lâcher le sac, et elle non plus, Chris pensa que cela pourrait dégénérer. D’un autre côté, cela aurait pu encore plus aggraver la situation. Réfléchissant au dilemme que lui proposait l’agression, il se rendit compte qu’il n’avait plus le temps de peser le pour et le contre, et, instinctivement, il traversa la rue et se dirigea vers le lieu de l’agression.

-   Lâchez ça ! lança-t-il violemment.

Le malfrat le regarda d’un air de tueur, et vit qu’autour, des passants regardaient la scène. Ne voulant pas avoir affaire à la police, il s’enfuit.

C’est ce que fit Chris presque immédiatement à son tour, attendant d’être suffisamment éloigné des témoins pour se téléporter, alors que la victime lui criait :

-   Attendez !

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