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[France - Oligarques] Ces ministres et parlementaires qui s’accrochent à leur logement social – LeMonde.fr

Publié le 25 juin 2011 par Yes

Parmi les hommes et femme politiques cramponnés à un logement de la ville de Paris, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) signale Jean-Pierre Chevènement.

Parmi les hommes et femme politiques cramponnés à un logement de la ville de Paris, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) signale Jean-Pierre Chevènement.AFP/SEBASTIEN BOZON

Ils sont députés, sénateurs, maires ou anciens ministres, ils disposent de confortables revenus… et d’un logement social à Paris. Une situation  » éthiquement intenable » juge Jean-Yves Mano, élu socialiste, adjoint au maire de Paris chargé du logement, alors que la ville reçoit, chaque année 120 000 demandes pour un appartement à loyer modéré du parc de la capitale, dont seulement 10 % obtiennent une réponse favorable.

Un récent rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC)  juge que « le taux de rotation structurellement faible à Paris » est en parti dû à des occupants « ‘aisés » que « le coût des logements sur le marché privé » incite « à ne pas quitter leur logement social », laissant des demandeurs plus modestes chercher un logement dans le privé. Et parmi ces « aisés », on trouve nombre d’élus.

OPÉRATION « TRANSPARENCE »

En 2008, la mairie de Paris a lancé une opération « transparence » à la suite de la révélation de l’« affaire Bolufer » du nom du directeur de cabinet de la ministre du logement de l’époque, Christine Boutin, qui occupait, boulevard du Port-Royal, un logement de 190 m2 pour un loyer très « social ». L’initiative de l’hôtel de ville visait à encourager « députés, sénateurs ou membres du gouvernement » à évacuer le parc social de la ville pour aller se loger dans le privé. Mais tous n’ont pas suivi ce conseil.

Parmi les hommes et femme politiques cramponnés à un logement de la ville de Paris, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) signale Jean-Pierre Chevènement. L’ancien ministre de l’intérieur et sénateur socialiste dispose d’un appartement de 120 m² dans le 5e arrondissement de Paris pour 1 271 € par mois, et ce malgré les 7 000 euros de revenus pour son seul mandat de parlementaire. Le tarif pour un appartement similaire dans cet arrondissement prisé tourne, dans le parc privé, autour de 3 000 € par mois.

Delphine Batho, députée des Deux-Sèvres et proche de Ségolène Royal , bénéficie également d’un logement social à Paris : 108 m² dans le 19e arrondissement, qu’elle paye 1 524 euros par mois, un loyer là encore majoré, à sa demande selon elle, mais qui reste 20 % au-dessous des prix du marché. Son collègue de l’UMP, Alain Cousin, député de la Manche, occupe pour sa part un logement de l’Office public de l’habitat de la capitale, Paris-Habitat.

« Depuis que nous sommes aux affaires, nous avons voulu faire le ménage » assure Pierre Aïdenbaum, président de la RIVP depuis 2008. « Mais il a, encore, à Paris, des personnalités politiques qui n’ont rien à faire dans du logement social » témoigne-t-il. « Nous n’avons pas de levier juridique qui nous permet de retirer un appartement à une personne qui a légalement obtenu un logement conventionné sous prétexte qu’il est élu ou que ses revenus ont grimpé » explique Jean-Yves Mano. « Ils paient un surloyer » poursuit Pierre Aïdenbaum; mais même dans ce cas , la location dans le parc social demeure avantageuse.

L’AFFAIRE BOLUFER

Encouragés par la Mairie de Paris, plusieurs dizaines de parlementaires ont libéré des appartements, d’autres ont choisis de rester. Benoist Apparu, secrétaire d’Etat chargé du logement, occupait un logement social alors qu’il était député de la Marne. Il en a discrètement rendu les clefs lorsque l’affaire Bolufer a éclaté. Ce n’est pas le cas de son ex-collègue Fadela Amara ; l’ancienne secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville a conservé un logement social lors de son passage au gouvernement. Un petit appartement du 13e arrondissement (50 m², pour 525 euros par mois)  qu’elle cumulait avec un logement de fonction de 120m2 dans le 7e arrondissement. Elle est aujourd’hui nommée Inspectrice générale des affaires sociales (Igas) mais conserve le logement social de la RIVP.

Brigitte Kuster, élue UMP du 17e arrondissement, occupait également un logement de la ville de Paris jusqu’en 2008. Elle a rendu cet appartement pour occuper un logement privé lorsqu’elle a été élue maire d’arrondissement. Un mandat qui lui assure 4 808 euros de revenus ainsi que 1 208 euros de frais de représentation. Un choix que n’a pas partagé Michèle Bluemental, retraitée de l’éducation nationale et maire socialiste du 12e arrondissement depuis 2001, qui occupe toujours, avec son seul mari, un appartement familial de 70 m2, situé à un jet de pierre de sa mairie.

MINISTRES, PARLEMENTAIRES EN LOGEMENT SOCIAL

Le premier adjoint de Michèle Bluemental, Alexis Corbière, élu front de gauche, est également locataire d’un appartement de la RIVP. Il justifie le fait d’occuper un logement social par la précarité de son statut d’élu et du prix de l’immobilier parisien. « Aujourd’hui je reçois de la ville 4 000 euros par mois, mais mon mandat sera-t-il renouvelé en 2014 ? Ma famille et moi aurons alors toujours besoin d’un toit. »

Une explication proche de celle fournie par l’UMP Jean-Jacques Gianesinni, élu au conseil de Paris du 19e et locataire d’un appartement de la ville dans le quartier de la Porte de Pantin : « Je n’ai pas le choix, les prix exorbitants des logements parisiens m’empêchent de faire autrement. J’ai obtenu cet appartement dans les années 1990 alors que j’étais chômeur (il est aujourd’hui collaborateur de Chantal Jouanno au ministère des sports) ; je n’ai pas l’impression de voler quoi que ce soit », déclare-t-il.

Les plafonds de revenus, pour être éligible à un logement social à Paris, se situent, pour un couple, entre  19 614 euros et 42 962 euros selon la catégorie de logement . Néanmoins, du côté de la mairie de Paris, on estime qu’il est nécessaire de ne pas faire d’amalgame entre ancien-ministres, ministres, parlementaires, d’un côté, et élus locaux dont les revenus sont jusqu’à cinq fois inférieurs.

D’autant plus que la chasse aux parlementaires ne serait maintenant que la partie immergée du scandale. « Plusieurs personnalités, au plus haut-niveau de l’Etat, ont obtenu et conservent un logement conventionné », souligne Jean-Yves Mano.

Eric Nunès

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