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A Bruxelles, Sarkozy perd ses nerfs

Publié le 26 juin 2011 par Juan
A Bruxelles, Sarkozy perd ses nerfsCes derniers jours passés, il faut bien se rendre à l'évidence. Nicolas Sarkozy est énervé. Sa conférence de presse, en marge du Conseil européen, vendredi 24 juin à Bruxelles, n'en fut qu'une triste illustration.
Nicolas Sarkozy n'a pas changé. Bravache, nerveux, narcissique. Ne le critiquez pas, ne lui suggérez pas d'idée, surtout si vous êtes de son camp naturel. Il ne vous le pardonnera pas.
Ce vendredi, la distribution de gifles fut publique, en pleine conférence de presse à Bruxelles.
La Cour des Comptes ? Pas concerné !
Tout avait bien commencé. Nicolas Sarkozy avait évidemment débuté par un satisfecit personnel: « Franchement, à chaque fois, nous avons trouvé la réponse. Et à chaque fois la catastrophe a été évitée. Franchement. »
Lors de cette désormais funeste conférence de presse, Nicolas Sarkozy fut évidemment interrogé sur le dernier rapport de la Cour des Comptes. Les Sages, présidés par l'ancien député socialiste Didier Migaud, se sont publiquement inquiétés de la situation des finances publiques françaises. Et voici ce que notre Monarque répondit :
« Le rapport de la Cour des comptes, j'y attache un grand intérêt mais je n'ai pas cru qu'il m'était adressé. Je pense que le premier président de la Cour des comptes, M. Migaud, s'est souvenu de ses amitiés et qu'il a voulu adresser un message à ceux qui pensent qu'il ne faut pas respecter le rendez-vous de 2013, qu'il faut s'exonérer de la règle du 'un sur deux' [le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite], qu'il faut refuser de voter la 'règle d'or' et qu'il faut remettre en cause la réforme des retraites pour revenir à la retraite à 60 ans. »
Rappelons que la Cour dénonçait (1) l'aggravation structurelle des déficits français par des allègements anachroniques d'impôts, (2) l'imprécision des prévisions françaises, (3) l'emballement de la dette française, et (4) l'impossible tenue des objectifs des rééquilibrage des comptes publics d'ici 2013.
Et sur ces constats précis, Nicolas Sarkozy n'avait rien à dire.
Robert Gates ? « Ta gueule ! »
Pour faire croire qu'il aime l'Europe, ce vendredi, Nicolas Sarkozy devait louer sa guerre en Libye.  Et il était, là encore, énervé. Il n'avait pas apprécié que Robert Gates, le patron du Pentagone, s'inquiète du faible investissement financier des Européens au sein de l'Otan, qui assure notamment la logistique militaire des opérations en Libye : « Je n'ai pas l'impression qu'en Libye l'essentiel du travail soit fait par nos amis américains.» Ou encore : « Il y avait d'autres moments dans l'histoire où il aurait pu dire cela, mais pas au moment ou les Français, les Anglais et les Italiens font le travail ! »
« Si nous n'allons pas plus vite, c'est que nous avons un consensus sur la nécessité de ne pas avoir de bavure. C'est ce qui fait la distinction entre une armée au service de la démocratie et une armée au service d'une dictature »
Trichet ? « Casse-toi ! »
Vendredi, le Monarque a violemment taclé le futur ex-président de la Banque Centrale Européenne. Jean-Claude Trichet, qui rendra son mandat le 1er novembre dernier, a suggéré aux chefs d'Etat européens de nommer un « ministre européen des Finances ». On peut être en désaccord avec le pseudo-rigoureux Trichet, toujours prompt à donner des leçons de rigueur pour sauver la face de l'euro. Mais on ne saurait contester la logique du raisonnement. La crise grecque a ceci de difficile à gérer que la dévaluation de l'euro est actuellement impossible mais, à l'inverse, qu'une gestion des finances au niveau européen est impossible sans un minimum de coordination. Trichet, donc, suggérait une mesure de bon sens, mais qui aurait pu amoindrir, si elle était adoptée, le petit pouvoir monarchique de la Sarkofrance.
Et bien voici ce que notre président français, « cool, présidentiel et zen » a répondu, lors de sa conférence de presse :
« Ce qui compte, c'est un gouvernement économique, avec une politique économique commune, qu'on construise dans cette direction. Je pense qu'au point où nous en sommes (...) le moins de déclarations on peut faire sur tous ces sujets, le mieux c'est. Des actes, des décisions, du sang froid, du calme et un poil moins de créativité. (...) nous avons suffisamment de personnes qui parlent et qui ne doivent pas parler ». 
Une façon polie de dire « ta gueule » à Trichet...
On aurait pu croire que Nicolas Sarkozy préférerait une Europe politique des nations. Que nenni ! Il a laissé l'Assemblée adopter une nouvelle résolution européenne « relatives aux programmes de stabilité et de réforme de la France », qui assujetti un peu plus les décisions budgétaires au contrôle d'une commission bruxelloise non élue.


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