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Une Eucharistie pour l'opéra: les Opernfestspiele s'ouvrent avec une messe de Schubert à Sankt-Michael.

Publié le 26 juin 2011 par Luc-Henri Roger @munichandco

Fichier:Michaelskirche Muenchen-full.jpg

Crédit photographique: Lerdsuwa

La très catholique Bavière vient d'inaugurer le Festival d'opéra de l'été 2011 (Münchner Opernfestspiele 2011) par une célébration eucharistique festive en l'église jésuite Saint-Michael sur la Neuhauserstrasse, une élégante église fin renaissance située sur le non moins élégant piétonnier du centre-ville. L'abside baroque de l'église accueillait derrière l'autel  des musiciens de l'orchestre national, des choristes et des solistes de l'opéra national bavarois sous la direction du Directeur général de la Musique Kent Nagano.
Saint-Michael est connu pour ses messes chantées et propose chaque dimanche un service eucharistique qu'accompagnent des musiciens de qualité. Autant dire que c'est une messe à laquelle on se presse et qu'il est bon d'y venir tôt si l'on veut y trouver une place assise. Ce dimanche matin, toutes les places de la grande nef étaient occupées une heure avant le début du service. L'attente en valait la chandelle: Kent Nagano, l'orchestre et les choeurs ont effectué une répétition qui a ravi l'assistance. Puis, à 10 heures, il commença par diriger une sonate de Mozart, suivie de  la messe en B de Schubert pour solistes, choeur, orgue et orchestre (n°3), une messe dont le compositeur a écrit la partition alors qu'il n'était âgé que de 18 ans.
Comme on pouvait s'y attendre, ce fut divin! A la beauté de la musique , s'ajoutait la beauté des ornements liturgiques: le Cardinal Friedrich Wetter avait revêtu une chasuble brodée de fils d'or, de fleurs rouges et de feuillages verts du plus bel effet sur leurs bandes à fond vieux-rose. Son homélie comme il fallait s'y attendre fut consacrée aux rapports de la musique et de l'église. Le Prélat a estimé que la musique est d'origine céleste. Il ne manquait certes pas d'humour lorsqu'il rappelait que Schubert s'était refusé dans toute les messes qu'il a composées d'inclure la suite de mots unam, sanctam, catholicam et apostolicam dans la composition des Credos. L'homme de Dieu semblait avoir absout Schubert, qui devait avoir aussi des contacts avec la maçonnerie,  pour ce manquement flagrant à la foi catholique. Il se plut aussi à souligner que la religion serait présente pendant le festival d'opéra puisque le Staatsoper monte pour sa soirée d'ouverture le Saint François de Messiaen.
Les applaudissements furent autorisés après la célébration et crépitèrent avec une reconnaissance toute jubilatoire sous les belles voûtes de Saint Michael.
La question ne semble pas se poser en Bavière de savoir s'il ne conviendrait pas de pratiquer la séparation de l'église et de l'opéra. On sait que dans nos démocraties l'Eglise et l'Etat sont séparés. On pourrait imaginer que  l'Opéra, essentiellement subventionné par le Land de Bavière, pratiquerait la même séparation. Ce n'est visiblement pas le cas: la messe de ce matin en est la preuve. De même que le prochain voyage au Vatican de l'orchestre et du Directeur général de la musique, Kent Nagano, qui iront jouer la neuvième symphonie de Bruckner au Vatican, à la demande du pape, et semble-t-il aux frais de l'Opéra, et donc du contribuable bavarois. En tout cas, le pape a bien de la chance, quand Nagano dirige la neuvième de Bruckner comme ce fut le cas en novembre au Théâtre national, on voit descendre les anges du paradis.
On est curieux de savoir ce qu'en pensent les contribuables non catholiques...

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