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Si critique mais moins court

Publié le 29 juin 2011 par Grindaizer

Il y'a 3 jours j'ai posté un court-métrage sur lequel je suis tombé en me baladant sur vimeo.com !
Si critique mais moins court
J'avoue qu'en commençant à le regarder, j'ai eu un peu de mal à comprendre le propos. Un gars qui se réveille dans sa chambre, et qui va au travail ! On commence à voir passer de drôles d'objets en commençant par cette drôle de lampe !
Heureusement la fin arrive, et là les choses se remettent instantanément en place, une épiphanie, un grand "ahhh d'accord" qui vient de loin. C'est la raison pour laquelle je suis un grand amateur de courts-métrages, le format oblige à beaucoup d'efforts et de créativité pour faire raconter une histoire, faire passer un message, en un temps court.
Vu mes questionnements en regardant le film, je me suis dit que ça serait bien sympathique de voir comment d'autres personnes allaient l'interpréter. Un peu comme un test de Rorschach, où chacun peut projeter ces idées, ces sensations, son vécu, etc, et mettre en forme ces ombres indéfinies qui vivent et virevoltent au fond de nos têtes, et dont on n'a conscience qu'à moitié sans trop savoir ce que c'est.
Je remercie les personnes qui ont répondu positivement à mon appel, et je remets ici les commentaires avant de faire ma part :
Nawel : En effet, difficile de deviner le sens de ce court métrage. Pour ma part tout au long de ce film, j'ai ressenti comme une dénonciation: peu importe son statut social, chaque personne est esclave de cette société dite "moderne" à travers ses actes quotidiens. Enfin je ne sais pas, ça reste confus dans ma tête. Peut-on connaitre ton avis ?
bentaljazair : LOOOL les feux rouge et vert!
Sérieusement :
La fin ... très fort!...La fin du générique aussi est intéressante.
C'est symbolique bien sûr : l’esclavage par l’emploi !
Lorsqu'on utilise les autres, et qu’on se sert d'eux pour ses intérêts, pour son propre confort...lorsqu'on s'habitue à les humilier et qu’on ne les remarque même plus.
Lorsque ce comportement ne nous indigne pas et on trouve ça normal...à une échelle supérieure on se retrouve soit même utilisé, humilié par d'autres...on s'habitue, ça n’indigne personne…On accepte, on obéit, on fait partie de la masse…
Jusqu’à ce que quelqu’un se rebelle…comme à la fin du générique.
Et ben mon vieux c’est un court métrage révolutionnaire…
Qui l'eût cru?
electr : j'y vois une analyse assez ironique, toute personne est esclave, mais en même temps c'est le concept même du travail, avoir son utilité pour quelqu'un,aussi qu'il n'y a pas de sous besogne et que le chaumage est une aberration dans des société ou il y a tant à faire
j'y vois que quelque soit ton statut sociale, tu doit te faire piétiner quelque part,
la dénonciation pour moi est à la fin du générique quand le lampadaire en à assez,
sinon il faut retenir que les personnage sont impassible et agissent comme si cela était inévitable et naturel.
très bien fait, merci pour ce billet :D
Anonyme : Il y a une certaine critique envers le médium sec du travail qui a rendu les gens aussi loins les uns des autres.
Pour l'esclavage, ça pourrait être un des résultat de ce mode de vie (le monde de travail actuel), mais pas forcément le seul, car on voit très bien le comportement du monsieur au début avec sa femme et ses enfants, une relation qui ne comporte pas la hiérarchie trouvée dans le milieu du travail.
selma : Au boulot il y a différents profils il y a les esclaves du boulot qui sont obsédés soit par l'idée d'exceller.. ou ils veulent simplement poursuivre la quête de la fortune qu'a commencé oncle piksou ...et tout ça en dépit de leur familles car on voit bien que la femme au foyer est condamnée a servir de porte manteau pour son mari !, il y a aussi les lèches botes et les Boucs émissaires , c'est une question de caractère....chacun doit choisir son camp
 (Je n'imaginais que les commentaires prendraient autant de place !!!)

Eurêka : c'est une critique de la société


Comme on peut le lire dans les commentaires, il n'y a pas de doute possible sur les intentions de l'auteur. Il s'agit bel et bien d'une critique, ce qui est très clair à la fin du générique. Et on peut coller dessus toutes les interprétations qu'on veut.
Commençons par ce qu'on voit : un individu lambda, tout à fait normal, évolue dans une société où d'autres individus tiennent des rôles et des fonctions inhabituels, et aussi simples que ridicules, mais dans la logique du film, elles sont nécessaires pour que le monde tourne. Qu'y aurait-t-il en effet à la place des "hommes tricolores", si ceux-ci ne se chargeaient pas de réguler la circulation ?
On ne dirait pas comme ça, mais ça soulève plusieurs questions et remarques mine de rien. Et pour bien les comprendre, il faut savoir prendre de la distance avec notre logique de tous les jours, et toutes ces choses qui nous semblent aller de soi. L'esclavage aller de soi il y a 2000 ans ou même encore 300 ans dans les champs de cotons et de sucre, quand les tracteurs n'existaient pas. Tout simplement parce que ça semblait être la seule façon de faire les choses. Il est très dur de remettre en question ce qui "va de soi", tout simplement parce qu'on n'y pense pas (vu que ça va de soi).
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Je serais curieux de savoir avec quels moyens la fonction sociale des gens est déterminée ? Il semblerait que la morphologie joue un certain rôle. Les gens qui occupent la même fonction se ressemblent, et le surpoids s'avère utile comme contrepoids dans l'ascenseur. C'est une forme de déterminisme social à l'œuvre, peut être qu'un préposé mesure et pèse les gens, et leur donne ensuite une liste de tâches qu'ils ont le droit de faire, pour piocher dedans leur métier. Ça n'est pas plus absurde que d'atterrir dans une société où le futur emploi dépend de qui on a eu la chance de rencontrer dans sa vie, ou de la fortune personnelle familiale. Dans tous les cas, le tirage aléatoire des conditions initiales n'est ni homogène ni indépendant.
Ceci étant dit, les idées clés qui reviennent dans les commentaires sont liés à l'emploi, l'esclavage, la hiérarchie sociale, et une pointe de féminisme.
Si critique mais moins courtFéminisme parce que la première scène montre le père chef de famille dominer la hiérarchie à la maison. Cette même hiérarchie est suggéré tout le long du film, puisque jusqu'à la fin, on croit que les "autres" sont au service de notre personnage principal, et de quelques autres. Les "hommes-portes" s'écartent pour le laisser, et il prend l'ascenseur pour monter, et l'étage dans lequel on travaille renvoie à la place hiérarchique. Le big-boss a son bureau au sommet, tandis que les gars du service IT sont au sous-sol (oui je fais référence à the IT-crowd pour les connaisseurs!). C'est la raison pour laquelle la fin est aussi surprenante. Tous les indices nous laisse penser qu'on voit une personne importante, pour au final le voir s'allonger délicatement au sol et servir de carpette face à quelqu'un de plus "puissant".
Si critique mais moins courtUne symbolique aussi forte interpelle !
Au final, on peut dire que chacun tient une fonction social, qui est défini d'une façon ou d'une autre, et l'exécutent mécaniquement afin que le monde continue de tourner comme il l'a toujours fait. Comme des abeilles ou des fourmis, ce comportement mécanique individuel est la base d'une société qui est beaucoup plus complexe, trop complexe pour qu'un individu lambda puisse appréhender l'ensemble de cette dynamique. Je ne pense pas personnellement que ça soit propre au monde moderne. La complexité de celui-ci ne fait qu'amplifier le phénomène, mais de tout temps, chaque membre de la société reproduit des gestes qu'il a appris d'une façon ou d'une autre, et contribue à perpétuer et amplifier la complexité de l'édifice.
Si critique mais moins courtLe film finit quand même sur une note optimiste, puisque la lampe semble se réveiller, et questionner sa place dans cette société. Mais au final, c'est en homme libre qu'il sort, tel un Néo fuyant la Matrice, seul face à la masse. Mais ce n'est pas pour autant que les choses vont changer ! Toute la question se pose, est-il possible de changer une société complexe, avec une forte inertie ? Et si par bonheur la réponse est oui, comment fait-on ? Mais sans aller jusque là, est-il simplement possible de comprendre la dynamique et la façon dont émerge les caractéristiques du système en étudiant ces constituants, les gens, et leurs interactions mutuelles ?
Un sujet bien passionnant pour celui qui aura le temps et les moyens de se pencher dessus.

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