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Sauver la Grèce, ou les banques ?

Publié le 30 juin 2011 par Copeau @Contrepoints
Grèce : nous ne paierons pas !

Caricature René Le Honzec

En ce moment, les Grecs fulminent. Ils descendent dans la rue, font du tapage, bloquent des routes. On peut les comprendre. Le gouvernement veut leur serrer la ceinture pour les cinq prochaines années. Baisse de salaire, coupe dans les services publics, hausse des taxes… Le pays au complet est à vendre au plus offrant — ports, aéroports, chemins de fer, sociétés d’État. Tout ça pour rembourser les créanciers du gouvernement.

Mais si on discute abondamment de plans de sauvetage dans les médias, ce n’est pas pour sauver la Grèce. C’est pour sauver les banques qui ont prêté à ce pays. La Banque centrale européenne et le FMI essaient d’acheter du temps. Croulant sous les dettes, la Grèce devra éventuellement faire défaut sur sa dette, ou à tout le moins forcer ses créanciers à recevoir moins que prévu sur l’argent qu’ils lui ont prêté.

Or qui va payer si la Grèce refuse d’honorer toutes ses dettes? Le site Business Insider a fouillé les chiffres de la Banque de règlements internationaux. Voici ce que ça donne :

Les banques américaines détiennent 1,8 milliard $ US de dettes grecques (CNN Money parle plutôt de 7,3 milliards). Les banques italiennes : 2,6 milliards $. Les banques anglaises 3,2 milliards $, les banques françaises 19,8 milliards $, et les banques allemandes : 26,3 milliards $. Les autres banques de la zone euro complètent le tableau, ayant prêté 15,7 milliards $ à la Grèce.

On comprend mieux pourquoi on tient tant à « sauver la Grèce ». Et pourquoi on fait subir au peuple des mesures d’austérité. C’est le système financier qu’on veut sauver. D’autant plus que les banques sont devenues les « pushers » des gouvernements partout dans le monde, ces derniers étant incapables de fonctionner sans s’endetter constamment.

Le côté obscur

Mais il existe aussi d’autres risques, moins visibles. Rappelez-vous ce qui a plongé la planète dans une crise financière il y a déjà trois ans : les produits financiers dérivés. Plusieurs banques, surtout américaines, ont vendu des « assurances » aux banques européennes en cas de défaut de la Grèce. Si le pays fait faillite, ces banques américaines devront payer des milliards à ceux qui ont acheté ces contrats.

Combien? Impossible à dire avec précision. Le monde des produits financiers dérivés est aussi opaque et complexe qu’avant la crise. Selon Fortune, le chiffre tournerait autour de 5 milliards $. Certains parlent de beaucoup plus. Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine, a récemment affirmé que l’exposition des banques américaines aux dettes de gouvernements européens était faible, mais qu’« une faillite désordonnée dans un des pays d’Europe déstabiliserait sans aucun doute les marchés financiers mondiaux ». Et que les impacts aux États-Unis seraient « significatifs ».

Bref, on n’a vraiment rien appris de la dernière crise. Et les contribuables risquent encore une fois de payer pour les erreurs des banquiers et des gouvernements.

La Grèce dans vos REER?

Avec les rendements faméliques qu’on trouve en ce moment pour notre épargne, ça vous dirait une obligation de deux ans à 28 %?

C’est ce que rapportent les obligations du gouvernement grec. Et le financier Charles Dereeper recommande d’en acheter. Son raisonnement, qu’on peut lire sur le site Objectif Eco : comme les politiciens sont copains-copains avec les grandes banques, et qu’ils veulent éviter de voir l’Europe imploser pendant qu’ils sont au pouvoir, ils vont tout faire pour repousser le problème à plus tard (au moins deux ans). Quitte à fouiller plus profond dans les poches des contribuables. Difficile de contredire son raisonnement. Quoique deux ans, c’est long.

Pour sa recommandation de placement, je vous laisse y penser. Un peu trop risqué à mon goût…

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