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Otages, Karachi, visite : les sales coulisses de Sarkozy

Publié le 01 juillet 2011 par Juan
Otages, Karachi, visite : les sales coulisses de SarkozyEt si le sort s'acharnait ? Mercredi, Nicolas Sarkozy pouvait être tout sourire. La nomination de sa ministre Lagarde au FMI était présentée comme son succès. Et la libération des otages Taponier et Ghesquière était une victoire inespérée. On pouvait oublier sa sinistre visite d'une usine de poulets, mardi dernier.
Puis, comme un coup du sort, la journée de jeudi fut rapidement un cauchemar. Un malotrus agrippa la veste du Monarque lors d'un ridicule bain de foule. A peine arrivés en France, les deux otages rappelèrent  combien les accusations d'imprudence du Monarque étaient injustifiées. Et deux journalistes du Monde lâchaient une nouvelle bombe dans l'affaire de Karachi.
Sale journée !
Foule sentimentale
Jeudi, le Monarque se déplaçait dans le Lot-et-Garonne, à Brax. Les télévisions étaient là, évidemment, pour filmer Nicolas Sarkozy, monarque souriant sous le soleil, serrer de multiples mains qui se tendaient vers lui dans une rue d'Agen. Quand soudain, scandale et émoi, un homme agrippe violemment le bras du président, qui manque du coup de tomber. Les agents de sécurité neutralisèrent rapidement l'agresseur situé derrière la barrière. On apprendra qu'il avait 32 ans, et qu'il était employé municipal au Conservatoire de musique et de danse d'Agen. Il voulait « protester auprès de Nicolas Sarkozy contre l'intervention armée de troupes françaises en Libye », confia une source de l'enquête.
Les caméras reculent, suivent l'action et l'on découvrit, cliché fugace, rare mais vrai, que la foule était finalement bien maigre à se presser sur le passage du Monarque : une petite rangée à peine, quelques militants choisis, quelques habitants, mais peu nombreux. Brax, le village visité par le Monarque ce jour-là ne comprend que 2.400 habitants.
Quand il sort du Palais, Sarkozy se terre dans des petits villages aux rues facilement bouclées, pour quelques plans rapprochés au milieu d'une pseudo-foule généralement acquise. Cette image, toujours la même, n'est qu'une image, une fraction du story-telling présidentiel qui vise à nous convaincre que notre Monarque se déplace partout, quand il veut et dans la rue. 
Quelques instants plus tard, un conseiller du monarque confiait que Sarkozy ne porterait pas plainte. D'autres s'en chargeront : « l'individu ayant été interpellé sur place puis placé en garde à vue, il est peu probable que cette affaire n'ait aucune suite judiciaire » commentait le Figaro. Il risque jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. « Non, pas de problème, pas de problème » confia Sarkozy lui-même à la chaîne d'information i-Télé.
Otages, la polémique
Un grand reporter de Paris Match témoignait, mercredi sur iTélé, que ses contacts en Afghanistan l'avaient informé que les conditions d'une libération des otages étaient réunies depuis des mois déjà. La France a payé une rançon, une « compensation financière ».  Selon un communiqué des Talibans, ce ne fut pas tout : « Après plusieurs tractations, écrit porte-parole des rebelles, Zabihullah Mujahid, la France a finalement été conduite à accepter les conditions des combattants de l'Emirat islamique d'Afghanistan et à consentir à la libération d'un certain nombre de rebelles en échange de la libération des journalistes ». Et après tout, qu'importe la polémique !
Jeudi, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier pouvaient enfin descendre de leur avion, sur le sol français, à Villacoublay. Nicolas Sarkozy n'était pas là pour les accueillir. Un conseiller en communication expliqua à l'AFP : « C'était un choix des familles et de la présidence. Il était important de leur réserver un moment d'intimité pour leurs retrouvailles.» Bien sûr. Les caméras de télévisions, même celles de France Télévision dont les deux journalistes sont les employés, étaient proscrites. Seule TF1 parvint à filmer, au téléobjectif d'un coin du tarmac de l'aéroport. Sarkozy, dans son coin, voulait éviter de se montrer. On nous explique qu'il s'agissait d'éviter toute accusation de récupération politique. Et on rigole. Hier, Alain Juppé, nouveau rallié de Sarkofrance, pavanait devant les médias lors d'une conférence de presse pour expliquer que « la France ne verse pas de rançon ». François Fillon attendit la retransmission hebdomadaire et en direct des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale pour faire l'annonce de cette libération tant espérée. Et ce jeudi, à Brax, Nicolas Sarkozy ne put éviter le commentaire télévisé : « Je voudrais dire combien nous avons été heureux d'accueillir ce matin nos deux compatriotes, si lâchement et si injustement retenus pendant de très longs mois
Une autre explication qu'une soudaine envie d'abstinence médiatique de Nicolas Sarkozy semble plus crédible : Sarkozy et quelques proches (Guéant, Gergolin) ont mal traité les deux otages dans les premiers jours de leur captivité, il y a 547 fois 24 heures. Le Monarque, rappelez-vous, les avaient accusé d'imprudence. Et d'ailleurs, même loin d'ici, les deux otages ont entendu ce premier et sinistre message sarkozyen.
A 14h15, au siège de France Télévisions, quelques heures après leur arrivée, Hervé Ghesquière est revenu sur la polémique. Il avait le ton véhément et le propos ferme : « Personne ne nous avait mis en garde avant de partir. (...) Nous ne sommes pas allés affronter la face Nord de l'Everest en tongs, loin de là. (...) On n'est pas allés à l'aventurette, on n'a pas eu de chance, on était bien préparés. (...) Personne ne nous a rien dit. Que cela soit clair ». On appelle cela une mise au point. Et dans les circonstances, celle-là compte double. Les deux otages ont également largement remercié l'armée française.
C'est une coïncidence si ce jeudi on apprenait un terrifiant détail de la libération d'une autre otage, Ingrid Betancourt. Un ancien émissaire français s'est rappelé au bon souvenir du Monarque. Noël Saez, diplomate français, expliquait, dans un documentaire diffusé en Colombie, que la Sarkofrance a proposé de « blanchir » les FARC s'ils libéraient l'otage franco-colombienne : « Sur instruction du président de la République et du gouvernement français, j'ai proposé à Raul [Reyes]: si vous libérez les otages, Ingrid et les autres otages, nous allons demander à l'Union européenne qu'elle enlève les FARC de la liste des organisations terroristes ».
Karachi, nouvelle révélation ?
Le Figaro confirme le Monde. C'est la nouvelle du jour, sur une affaire qui mouille Balladur et son ancien proche Nicolas Sarkozy. C'est dire que l'information est importante, même si le quotidien de Sarkofrance ne lui accorde qu'une brève : « De nouveaux soupçons pèsent sur le financement de la campagne de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur en 1995 avec la révélation d'une somme de 20 millions de francs "dont la provenance est inexpliquée", a-t-on appris de source proche de l'enquête confirmant une information du Monde. ».
Justement, deux journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, révélaient combien l'enquête sur le volet financier de l'affaire de Karachi des juges Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke devenait « de plus en plus embarrassante pour Edouard Balladur ». L'embarras est effectivement manifeste : quelques 23,6 millions de francs, dont 20 millions de francs en espèces, ont été reconstitués dans les dépenses de campagne de Balladur. Jusqu'alors, on ne parlait « que » de 10 millions de francs (1,5 million d'euros). Pire, les enquêteurs de la Division nationale des investigations financières confirment qu' « On peut conclure que ce versement d'espèces de 10,25 millions ne correspond à aucune recette provenant de collectes, de vente d'articles publicitaires, de remboursement de frais ou de dons de particuliers, et par conséquent que cette somme n'est pas justifiable sur le plan comptable.» 
Rappelons que l'avocat des victimes soutient que l'attentat de Karachi de mai 2002 était la représailles de l'arrêt de versement de pots-de-vin à des officiels pakistanais qui eux-mêmes auraient financé la campagne Balladurienne avec le concours du ministre du Budget de l'époque Nicolas Sarkozy.
Il y a quelques semaines, la thèse de l'attentat islamiste, à Karachi en mai 2002, avait déjà du plomb dans l'aile.

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