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Douala :Les agences de voyages tournent au ralenti.

Publié le 01 juillet 2011 par 237online @237online

Écrit par La Nouvelle Expression   

Vendredi, 01 Juillet 2011 09:38

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Douala :Les agences de voyages tournent au ralenti.
L'interdiction des voyages de nuit qui constituent une part importante des revenus de ces agences empêche les responsables de rentrer dans leurs investissements.La nouvelle est perçue comme un coup de poignard par les propriétaires des agences de voyages de la ville de Douala, Au Carrefour Tonnerre à Bépanda, lieu où sont concentrées les agences de voyages qui font la ligne de l'Ouest pendant la nuit, la nouvelle est comme une pilule difficile à avaler. «Vous savez qu'on ne voyage ici que la nuit. C'est à cette heure-là que nous réalisons nos bénéfices. Si donc c'est interdit par le ministre, qu'allons nous faire ? » S'interroge un responsable d'agence de transport rencontré à « Bépanda Tonnerre ». A ce carrefour populaire très fréquenté par tous ceux qui se rendent à l'Ouest Cameroun, quelques cars de transport sont au chargement, et les passagers rares. Car, « c'est la journée » nous dit-on. Pour avoir un passager, il faut courir après tous ceux qui s'aventurent à ce carrefour, ou les héler au passage. Ce qui n'est pas facile. «Parce que, les passagers sont rares en journée. » explique Eric Djila, un chargeur exerçant en ce lieu.

Beaucoup de chômeurs

Pour lui, la mesure du ministre des Transports va tout simplement faire beaucoup de chômeurs, parce que beaucoup d'agences de voyages vont faire faillite.A l'agence Trésor voyages qui fait la ligne Douala-Bafoussam-Dschang-Mbouda, le responsable de l'agence est peu disert sur cette mesure du Mintrans. «Regardez vous aussi l'ambiance et dites-moi ce que vous constatez. On va fonctionner en perte si cette mesure venait à être respectée », déclare-t-il avec furie. Visiblement concentré à vendre le ticket à la poignée de voyageurs qu'il y a devant son guichet, il est très courroucé car, le bus de 72 places qui est au chargement n'a pas encore fait le plein et les vrombissements du moteur annoncent son départ. Ce qui l'intrigue davantage. «Au temps des voyages de nuit, un bus comme celui-ci ne pouvait pas décoller à vide tel que vous voyez là... » Déclare-t-il.

Sensibiliser les passagers

A l'agence Général Express voyages, l'heure de départ du bus qui devait décoller à 13 h a été revue à 14h.30. Parce qu'il n'y avait pas assez de passagers. «On ne peut pas décoller à vide » répond le guichetier à un voyageur impatient. Occupé à enregistrer les différents courriers, le guichetier n'a cessé de rappeler à tous ceux qui arrivent pour les réservations de voyage de nuit que le bus ne voyage plus à cette heure-là. C'était également l'occasion pour celui qui déclare que la mesure est observée chez eux depuis hier, de sensibiliser les passagers sur cette nouvelle mesure du ministre

Samuel Fotue:« Cette décision n'a pas été bien pensée. »

Membre de la Fédération des syndicats du secteur des transports terrestres (Fesetracam), il analyse les conséquences liées à l'interdiction des voyages de nuit.

Le ministre des Transports Bello Bouba Maigari a signé le 23 juin dernier un arrêté qui interdit aux agences de voyages d'effectuer les transports dans la nuit. Que pensez-vous de cette mesure ?

D'après moi, la mesure prise par le ministre des Transports n'a pas été bien pensée. C'est une mesure prise avec précipitation. Car, il fallait que le ministre des Transports se concerte avec les responsables des syndicats qui gèrent ce secteur. Il y a certes des avantages dans cette mesure mais, les inconvénients sont plus importants que les avantages qu'elle peut contenir.

Les transporteurs ne travaillent pas au même moment. Il y a des transporteurs spécialisés dans le transport en journée et ceux qui travaillent dans la nuit. Avec cette décision, lorsque les gens ne vont plus voyager dans la nuit, le flux sera intense en journée et les accidents vont plutôt se multiplier.

S'agissant des conséquences, ce sont les voyageurs qui en soufrent les premiers. J'ai fait le tour dans des agences spécialisées dans les voyages de nuit et les passagers sont très mécontents. Il y a des agences qui font la ligne de l'Ouest et qui font en moyenne 40 à 50 voyages de nuit durant le week-end. Ils y vont la nuit et reviennent le matin sans problème. Les funérailles aussi se gèrent davantage la nuit. Des gens voyagent vendredi soir pour faire les enterrements et les cérémonies funéraires dans la journée de samedi et reprennent la route dans la nuit pour arriver en ville à temps et se préparer pour le boulot.

Sur le plan économique, les conséquences sont énormes. Chez les transporteurs, les conséquences sont plus démesurées parce que le chômage va s'aggraver. Certaines agences seront obligées de fermer Parce qu'elles n'ont pas la possibilité de déplacer leurs véhicules. Je vous rappelle que tant du coté des transporteurs que des voyageurs, les pertes sont énormes.

Cette mesure peut –elle contribuer à réduire les accidents de la circulation au Cameroun ?

On n'a jamais déclaré que les accidents de la route se faisaient uniquement dans la nuit. Les accidents de la route se produisent également dans la journée. Moi j'ai pensé qu'on pouvait plutôt aménager des routes. Parce que la majorité des accidents qui se font sont dus à plusieurs raisons. Soit les voitures sont mal garées, soit il y a un trou sur la route, soit par la fatigue.

Les accidents sont généralement dus aux comportements des chauffeurs qui conduisent. L'application de cette mesure sera difficile. Parce que tout le monde est mécontent. En plus, cela va encourager la corruption. Car, il y a des gens qui vont trouver leur compte là-dedans. Au niveau des contrôles, on va laisser passer des gens parce qu'ils ont donné de l'argent et cela va créer un autre marché.

En tant que représentant des syndicats des transporteurs à Douala, Qu'est ce qu'on doit faire pour limiter les accidents de la circulation sur les axes routiers du Cameroun ?

Pour limiter les accidents de la circulation, il suffit seulement que le gouvernement construise de bonnes routes. Que l'on renforce des visites techniques, puisque ces visites sont délivrées de n'importe quelle manière. Certains accidents sont dus à l'éclatement des pneus de véhicules. Que tous les nids de poules que l'on rencontre sur la chaussée soient éliminés. Dans les agences de voyages, les responsables doivent gérer convenablement leur personnel. Qu'ils permettent à leurs chauffeurs de bien se reposer afin d'éviter la fatigue sur la route et l'insomnie. Car ces deux maux sont responsables de la majorité des accidents de la route que l'on connait. La qualité des véhicules n'est pas en reste. Les bus de transport urbain doivent être de bonne qualité. Les accidents de la route sont causés par les conducteurs qui sont soit distraits, parce qu'ils sont au téléphone ou parce qu'ils écoutent la musique. Il faut davantage les sensibiliser à ce sujet. Il faux diagnostiquer les vraies causes des accidents au Cameroun. Après un bon diagnostic, je suis sûr qu'on trouvera les vrais traitements pour limiter les accidents sur nos routes. Il faut mettre les dos d'âne pour limiter les vitesses. J'insiste qu'il faut construire des routes comme ce qui existe dans d'autres pays africains. Car, c'est la route qui tue, ce n'est pas nous qui tuons.


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