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La semaine de Mme Aubry

Publié le 01 juillet 2011 par Alex75

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C'est désormais une certitude, Martine Aubry se lancera dans la course à la primaire au PS. Elle a donné ainsi le vrai coup de départ de la campagne, à Lille, dans sa bonne ville de Lille. C'est ainsi la semaine de Martine, candidate, fille de Jacques Delors, catholique de gauche. Mais Martine Aubry en profite. Elle n'est déjà, pas seule en lice, et “le coup d'encensoir médiatique, ne perdurera pas“.

En effet, Martine Aubry n'est pas une vraie créature médiatico-politique, à l'image de sa grande rivale, candidate en 2007, Ségolène. Elle n'a pas son charme irrésistible, ni son goût pour les coups de gueule médiatiques, lors des traditionnels débats télévisés de l'entre-deux-tours. Martine Aubry est une femme politique, froide, distante avec les journalistes, mais aussi  avec les militants, à la limite de l'antiphathie. Aussitôt qu'elle apparaît, l'audimat (radio /tv) s'affole au début, puis flanche. Elle n'est pas affublée du redoutable sens de l'humour et du côté pince-sans-rire, d'un François Hollande, en tout cas, en public. Elle a par contre la réputation d'avoir la dent dure, et en privé, parait-il, “ses vacheries peuvent être drôles“. En 1993, elle exécute l'ensemble des dirigeants socialistes, les traitant de “lâches” pour les garçons et d'”oies blanches” pour les filles, dans le “Nouvel Obs“, seul le regretté Jean Poperen échappant au massacre. La première dame du PS exécute régulièrement la direction de son parti, n'en épargnant aucun, de Bérégovoy en son temps, à Fabius et Hollande, en passant par Mauroy.

En 2002, elle règnait au firmament des sondages. Mais elle a surtout donné les 35 heures à la France, devenue la hantise du patronat, mais aussi d'une part importante du salariat, en créant des mécanismes salariaux / horaires particulièrement complexes, desservant au final, largement les intéressés… Le bilan de son passage au gouvernement est particulièrement mitigé. Nombre des penchants et revers de Mme Aubry, étaient dévoilés dans l'ouvrage “La Dame des 35 heures“, de ses relations avec André Mauroy, et une partie du patronat, à son élection à la mairie de Lille, et sa spectaculaire ascension au sein du parti. Durant ses quinze dernières années, elle ne s'est pas faite que des amitiés en interne. Il est vrai, qu'elle ne semble pas avoir quitté tout à fait, l'administration des affaires sociales, où elle fit aussi ses premières armes. Elle a élagué une partie de son vocabulaire médiatique, car cela donnait l'impression qu'elle n'avait pas dépassé le statut d'assistante sociale, mais l'idée et le style sont restés.  

Madame Aubry est une femme moderne des années 70, issue de la deuxième gauche rocardienne. Elle avait fait sienne, toutes ses idées qui paraissaient si neuves, de l'élite technocratique de la gauche des années 70, de l'Europe, à la décentralisation / contractualisation, en passant pas le libre-échange et le multiculturalisme, qui ont perdu de leur éclat, mais restent le corset idéologique. Sa filiation avec Jacques Delors est biologique, mais aussi idéologique. Ils sont tous deux, des produits d'une certaine gauche, plus ou moins pétrie de démocratie chrétienne, des cathos de gauche, imprégnés par la religion sans le dogme, d'un universalisme sans rédemption, d'une tolérance ne souffrant aucune limite, l'amenant à réserver des horaires spécifiques dans les piscines de sa ville de Lille, pour les femmes musulmanes, issues de l'immigration. Ce qui conduira son mari avocat, à prendre la défense systématique des femmes voilées et de ses nombreuses associations décriées, au travers des polémiques multiples… Comme disait l'écrivain anglais, Chesterton : ” Le monde est plein d'idées chrétiennes devenues folles“.

Mais Martine Aubry est surtout et avant tout, associée aussi dans l'imagerie populaire, à la réduction du temps de travail. Elle est la dame des 35 heures, ce que lui reproche la droite, au nom de la compétitivité des entreprises, de notre économie, mais aussi et surtout des ouvriers, qui se voient empêchés de mettre du beurre dans leurs épinards, par l'impossibilité d'effectuer des heures supplémentaires. Mais ce qui est pourtant injuste, en partie, car Martine Aubry n'ayant fait qu'appliquer “une mirobolante idée de campagne de DSK“, à laquelle elle était au début opposée. Il fut, en effet, un temps où elle était la coqueluche du patronat, il y a environ quinze ans, ami d'Alain Minc (ce qui est toujours le cas), partisane de la mondialisation heureuse et du traitement social du chômage. Et c'est d'ailleurs le salariat et la dette, qui ont payé le coût mirifique de ces chers 35 heures, et non le patronat. Mais finalement, rien ne la sépare fondamentalement de François Hollande, son grand adversaire de la primaire, seule l'inimitié cumulée au mépris, la stimulant.

Pour conclure sur cette tirade zemmourienne, il est vrai, “en politique, l'inimitié, voire la haine, est souvent un moteur décisif. Elle vous pousse en avant, vous stimule, vous motive, mais vous pousse à la faute et vous aveugle aussi parfois…“.

   J. D.


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