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Max von Oppenheim et l’aventure de Tell Halaf

Publié le 06 juillet 2011 par Cardigan @onlyapartmentsF

Le récit au sujet de la réaction d’Agatha Christie et de Samuel Beckett lorsqu’ils contemplèrent tout les deux les fascinantes et étranges représentations sculpturales de la mythologie mésopotamienne au Musée Berlin nous donne un témoignage certain des différences de sensibilités et attitudes, comme écrivains et comme personnes, existantes entre Agatha Christie et Samuel Becket. Ces sculptures représentent des divinités, des hommes oiseaux-scorpion perturbants, des volailles, des sphinx, taureau griffon… des objets de cultes et de vénération il y a des milliers d’années dans le prospère entourage de la rivière Khabur, entre le Tigre et l’Euphrate. Ces sculptures furent découverte au début du 20ème siècle dans la localité syrienne de Tell Halaf, dont le nom sert depuis lors pour faire référence à une période du néolithique au Moyen Orient qui comprend le sixième et le cinquième millénaire avant Jésus Christ, la culture Halaf.

max von oppenheim tell halaf berlin

Donc Samuel Beckett fut ensorceler par les extravagantes formes et expressions des énigmatiques et hypnotisante statues araméennes, arrivant à définir la figure d’un caurale soleil géant avec les mots, Sobrement démoniaque, sinistre, implacable, et une tel profusion d’adjectifs ne laisse pas de nous surprendre chez un artiste avec une réduction et du silence si consommé comme l’écrivain irlandais. Tout ce qu’Agatha Christie trouva à dire sur ces statues c’est qu’elle les trouvait moches, bien que l’on ait très souvent entendu dire pour sa défense qu’en réalité elle était très jalouse car son mari, l’archéologue Max Mallowan, était absolument fasciné par ces statues et semblait prêter beaucoup plus d’attention à ces pierres qu’à son épouse, de plus elle ne se souvenait pas d’avoir jamais susciter une telle admiration en lui. Les mauvaises langues affirment que c’est pour cette raison qu’elle préféra l’Egypte à la Mésopotamie pour l’ambiance de son célèbre roman Mort sur le Nil.

Les inquiétantes et inoubliables figures de Tell Halaf ont été découvertes en 1911 par l’aristocrate allemand d’origine juive Max von Oppenheim, un séduisant personnage digne de ce merveilleux monde perdu des explorations archéologiques et géographiques en Afrique et au Moyen Orient, similaires aux intrigues politiques évoquées dans des romans comme Le Patient Anglais et des films comme Indiana Jones, les aventuriers de l’arche perdu. Hédoniste, aventurier, archéologue, bon vivant, orientaliste, millionnaire, peut-être espion (il fut accusé par les britanniques d’être une sorte de Lawrence d’Arabie en négatif qui aurait essayé de retourner les arabes contre les alliés) von Oppenhein renonça à son poste de diplomate impérial nommé par le Keiser Guillaume II pour se dédié à son rêve de faire des excavations à Tell Halaf.

Grâce à son astuce il réussit même à convaincre les nazis que malgré leurs nez proéminent et leurs yeux globuleux, ces statues avaient d’indiscutables traits ariens et que par conséquent ils devaient continuer à financer ses voyages en Orient et respecter son musée.

Cependant, celui-ci fut dévasté une funeste nuit de novembre 1943 durant une attaque aérienne par une bombe incendiaire allié qui fit voler les sculptures en dizaines de milliers de fragments. Miraculeusement, à partir de ceux-ci, les pièces purent être reconstituées et elles seront exhibées jusqu’au 14 aout prochain au Musée Pergamon (http://www.smb.museum/smb/standorte/index.php?lang=en&p=2&objID=27&n=1&r=4)

Paul Oilzum Only-apartments Author
Paul Oilzum


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