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119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »

Publié le 24 mai 2011 par Melaniepiqpiq
Il y a 3 ou 4 ans, j'avais vu un petit reportage sur France 2 à la fin des infos qui m'avait fait rêver: des gens qui jouaient à Tarzan, passant d'un arbre à l'autre en tyrolienne, et dormaient dans des cabanes en haut des arbres au milieu de la jungle, le tout pour une bonne cause, dans un pays asiatique que je n'avais pas vraiment cherché à identifier tellement ça me paraissait loin et irréel....
Si j'avais su qu'un jour je la vivrais moi-même, cette expérience !!
Que vous me croyiez ou pas, il s’avère que la petite bourgade paresseuse d'Huay Xai où j'ai débarqué est le point de départ pour cette excursion, la fameuse «Gibbon experience» ! Mon Lonely Planet périmé n'en parlant même pas, je l'ai appris par hasard par 2 Anglaises avec lesquelles j'ai dîné, et qui, a leur grand dam, n'avaient pas pu avoir de place le jour souhaité alors qu'elles avaient essayé de réserver 2 semaines à l'avance. Moi, je m'y suis prise la veille pour le lendemain et il y avait encore des places. Je n'avais donc pas le droit d’hésiter malgré le prix relativement élevé, d'autant plus que les bénéfices sont investis dans la protection de la jungle et des espèces presque disparues (le fameux gibbon par exemple), et dans le salaire d'une équipe locale composée d'une centaines de personnes (guides, cuisiniers, garde-forestiers...). Cette implication des locaux est très importante pour faire évoluer les mentalités sur certaines pratiques désastreuses pour l'écosystème, comme le braconnage et la culture sur brûlis.
Si vous voulez en savoir plus, ce site non officiel en français vous fournira de très bonnes explications :
http://www.echoway.org/page12.php?ct=3&py;=335&li;=238
Sinon il y a le site officiel en anglais :
http://www.gibbonexperience.org/
L’épopée a commencé avec un trajet cahoteux en pick up d'environ 2 heures pour arriver dans la réserve naturelle. Si certains tronçons de la route étaient relativement fraîchement goudronnés comme celui-ci,
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »Si j'arrivais à déchiffrer le lao, je serais curieuse de lire dans le journal la rubrique « cochons écrasés »...
d'autres étaient pleins de nids de poules, et à la fin, ce n’était plus qu'un chemin de terre.
Nous avons même traversé des rivières !
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »
Après une heure de marche coupée d'une pause-sandwich,
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs » image emblématique du Laos: l'influence française avec la touche locale. Bien plus esthétique et naturel que le papier alu. Le pain est aussi mauvais qu'il en l'air (caoutchouteux comme celui de chez mamie) mais la garniture rattrape le tout.
nous avons atteint la première tyrolienne. Les différentes cabanes (il y en a 7 en tout je crois, dont une qui a brûlé à cause d'un couillon qui avait allume une bougie avant de s'endormir) sont reliées principalement par ces câbles. C’est moins néfaste pour l’écosystème que d’aménager des chemins à travers la jungle... et tellement moins fatigant (dit la feignasse de première que je suis, déjà HS au bout de l'heure de marche), et surtout, surtout, plus « adrénalisant ».
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs » arnachée pour le grand saut, avec look anti-sangsues (et non pas kéké des banlieues).
C'est seulement là qu'il m'est soudainement revenu à l'esprit (j'avais refoulé en fait, tellement j'avais envie de vivre cette expérience) que je suis sujette au vertige.
Je n'ai pas pris mon courage à deux mains car j'avais bien trop besoin de ces deux dernières, à placer sur la corde et sur le frein (sur le câble). Je ne me suis pas non plus jetée à l'eau mais dans le vide... et je n'ai pas regretté. Quelle magnifique expérience que de « voler » au-dessus des arbres, parfois entre (attention aux branches), jusqu'à une hauteur de 100 mètres... Là, je n'avais plus peur... tant que je ne regardais pas en bas mais en face. Le plus difficile en fait, c’était le départ et l'atterrissage. Certaines plate-formes étaient redoutables, telle celle-ci dans un arbre à des dizaines de mètres de hauteur (enfin c'est l'impression que j'ai eue... c’était vertigineux, en tout cas!!)
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs » Tu atterris sur la plate-forme en haut à droite, et tu DOIS repartir de celle de gauche (inclinée et glissante à cause de la pluie) après avoir descendu et monté, non harnachée, des escaliers à travers lesquels tu vois le vide.
Je précise qu'avant l'atterrissage, j'ai dû me hisser à la force de mes bras sur une dizaine de mètres au-dessus du vide, n'ayant pas assez d’élan... Là, tu fermes les yeux bien fort et tu te félicites d'avoir acheté des gants...
Heureusement qu'on avait un petit guide adorable (2 têtes de moins que moi comme celui du dernier treck, ça doit être un critère de recrutement) et patient qui a su m'apaiser... un peu (j’étais quand même au bord de la crise de nerfs). De toute façon j'avais pas le choix : il fallait passer par la pour atteindre la maison ! Alors entre ça ou me faire dévorer tout cru par un tigre ou un ours (il y en a vraiment, je n'extrapole pas!!), c’était tout vu.
Malgré les émotions pas d'incident majeur, je suis arrivée indemne dans ma maison en haut des arbres,
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »mon arrivée floue à la cabane, seule photo que j'aie de moi « en action »
et meme rentrée indemne 2 jours plus tard... Je vous sens déçus, bande de sadiques.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »notre cabane, impossible à prendre autrement qu'en contre-jour, et accessible uniquement en tyrolienne.
Je pensais cohabiter seulement avec un Indien, une Norvégienne et un Australien... mais nous nous sommes aperçus, à la tombée de la nuit, que cette cabane était un véritable squat à rats, moustiques (eh oui, ils volent jusque la-haut) et araignées absolument monstrueuses qui heureusement restaient au plafond, sans compter les essaims d'abeilles qu'on entendait très proches sans les voir, en se demandant quand elles allaient attaquer... J'ai mis mes phobies de côté (politique de l'autruche : je n'ai rien vu, rien entendu, et de toute façon, on dort sous une moustiquaire bien épaisse)... et j'ai profité.
Laissez-moi d'abord vous présenter les lieux, à une altitude de 31 mètres au-dessus du niveau du sol.,
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »Ce fut le résultat de l’opération mesurage (on s'occupe comme on peut), menée avec une théière pendue au bout d'un fil (on fait avec les moyens du bord)
dans la canopée , mot que je suis toute fière d'avoir appris (après m’être demandé pendant 3 jours ce qu’était cette satanée « canopy » in English!). D’après Wikipedia (à qui on peut faire confiance sur ce coup-là je crois), c'est l'étage supérieur des forêts tropicales, en contact direct avec l'atmosphère et les rayons du soleil. 
Ne pas confondre avec le « canapé » de nos amis de Ch'Nord.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »au-dessus des nuages
Incroyable mais vrai : on avait l'eau courante, et même de électricité (grâce à des panneaux solaires) !
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »Première fois que j'ai eu le vertige en prenant ma douche
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »Si les toilettes n’étaient pas à la turque, on pourrait s'y éterniser en contemplation...
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »Comme dans un hôtel ! Gentille attention, ai-je d'abord pensé. J'ai mieux compris le soir lors des attaques que nous avons subies.
Les repas étaient livrés par tyrolienne, c’était ça ou le largage par hélicoptère : autre chose que la pizza-mobylette.
J'ai cru halluciner quand j'ai vu que notre premier dîner était accompagné d'une bouteille de vin local qui avait tout l'air d’être rouge ! Depuis le temps que j'en rêvais (home sweet home).
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »Malacca wine » , ça doit être le nom du vignoble, nous sommes-nous dit naïvement.
Aux battements de mains du début (ceux qui connaissent Ugly Betty comprendront la référence) a succédé, dès l'ouverture de la bouteille, la fausse joie générale. Déjà l'odeur : c'est quoi ce truc?? On ne savait pas, mais ce n’était en aucun cas du vin de raisin, et ça n'incitait pas à la dégustation... Puis la couleur : une espèce de marron aqueux guère appétissant...
Nous avons donc mieux compris pourquoi l’étiquette, au lieu de mettre en garde contre les dangers de l'alcoolisme, fait l'apologie des propriétés du produit, telle la description de ces tisanes dégueulasses qui sont censées te faire maigrir et te protéger contre tous les maux.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »agrandissez, ça vaut le coup
Pour votre gouverne : j'ai appris par la suite que le malacca est une baie locale. Ceci explique cela. Ceci dit les Thaïs du Nord font bien mieux avec les fraises.
Nous avons quand même trinqué, après tout, à cadre hors du commun, vin hors du commun.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »
C'est dans un calme assourdissant que nous avons assisté au coucher de soleil.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »
C'est l'oxymore qui me vient à l'esprit pour décrire l'ambiance de la jungle. Un vacarme relaxant serait aussi approprié. Je ne peux pas vous décrire la chose car je n' y connais rien en insectes et en animaux, mais ils se mettent tous au diapason pour vous présenter un étonnant concert, qui n'est troublé par aucun bruit artificiel/humain.
Pareil pour la vue : absolument aucune lumière à l'horizon, les cabanes étant suffisamment éloignées les unes des autres pour ne pas qu'on se pollue mutuellement.
Le matin à 6h, j'ai été réveillée par le chant des gibbons à travers mes boules Quies ! Ca aussi, c’était quelque chose... Un peu comme le cri des geckos (sur le principe uniquement!) : ça passe par plusieurs phases complètement différentes, certaines faisant penser à des sons extraterrestres...
Peu après, le déluge a commence. On a dit bye bye a la promenade matinale, ce qui, ai-je eu l'impression, arrangeait bien notre petit guide qui a profité d’être libéré de ses obligations pour piquer un petit somme (ça alors, un Lao qui dort, jamais vu ça). On a fait de même.
Au bout de quelques heures, nous avons été tirés de notre état végétatif par le bruit bien caractéristique de la tyrolienne. Qui diantre pouvait bien avoir le courage (ou l'inconscience?) de nous rendre visite sous ces trombes d'eau ?!
Eh bien... c'est la réincarnation de Tarzan que nous avons vu débarquer, en la personne d'un jeune Allemand torse nu (blond et muscle, forcement). Il nous a raconté qu'il faisait 3 mois de bénévolat après (ou pendant?) ses études d'architecture pour aider a la construction d'une nouvelle cabane dans les arbres. Comme les conditions météorologiques ne permettaient pas de travailler ce matin-la, il s'ennuyait un peu (tu m’étonnes...), donc il est venu voir ce qui se passait dans les cabanes.
Ils ne finiront jamais de m’épater, ces petits Teutons (et de me filer des complexes). Si jeunes et déjà une telle expérience de l’étranger...
Il nous a raconté une anecdote qui n'a pas contribué à me rassurer : le jour de son arrivée, il a demandé à voir les plans de construction de la cabane... il n'y en avait pas ! Bon, apparemment, ils savent ce qu'ils font... mais quand même !!
En début d’après-midi, le déluge a finalement cessé, ce qui nous a permis d'aller rendre visite a nos camarades en empruntant tyroliennes et chemins glissants.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »heureusement qu'on pouvait se rattraper aux robustes bambous
Ça, c'est la « big tree house », concue pour 8 personnes.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »
C'est de la que la vue est la meilleure.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »
Avec beaucoup de patience, nous avons pu apercevoir quelques gibbons (saviez-vous qu'ils n'ont pas de queue?!) à une vingtaine de mètres (trop loin pour prendre des photos qui donnent quelque chose), et des oiseaux très colorés à moindre distance.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »
Nous sommes aussi allés voir à quoi ressemblait la pouponnière, autrement dit la cabane des 2 petits Anglais de 19 ans (et déjà à l'autre bout du monde!). Ils se sont sacrifiés pour prendre cette
« romantic tree house » pour 2 personnes. Un comble quand même !! Pas un seul couple dans notre groupe initial de 14 personnes, alors que je suppose que d'habitude, les gens se battent pour l'avoir, cette maison pour 2 !
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »On enlève ses chaussures à l’entrée !! En arrière-plan, vous reconnaîtrez les bouteilles de la fameuse imitation de vin.
Entre deux, nous avons joyeusement zipliné (je préfère le mot anglais, qui n'a pas la connotation vieillotte de « tyrolienne »),
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »l'atterrissage imminent d'Anneli, ma coloc norvégienne 
OK, si j’étais honnête, je devrais plutôt écrire « frileusement » pour ma part. N'ayant pas voulu m'infliger une 3e fois l’épreuve des 2 tyroliennes que je détestais (voir plus haut) , sachant que je devrais de toute façon le refaire le lendemain pour rentrer, je suis resté à attendre mes colocs sur un banc où j'ai pu observer la faune locale. Outre les sangsues (inphotographiables, effet caméléon sur la terre) qui me faisaient une fascinante mais répugnante danse du ventre, j'ai pu observer cette bestiole digne d'un cartoon
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs » dommage que ce soit flou 
Nous sommes rentrés à la cabane pour une deuxième et dernière soirée tranquille.
119. A la rencontre de Tarzan, ou « affronte tes peurs »scène de vie arbresque : l'Australien pique un petit roupillon alors qu'Anneli essaie de soulager avec un slip mouillé d'eau froide son gros orteil meurtri par un atterrissage difficile.
C'est la-haut que j'ai réussi l'exploit de me faire mordre par une sangsue... sous l'aisselle !! (première parcelle de peau nue).Elle a dû ramper pendant des heures pour arriver a se hisser jusque-la. J'irais presque jusqu'à dire qu'elle a du mérite.
Pour une première morsure de sangsue (eh oui, j’étais pas chez les scoots), je serais tentée de dire « même pas mal » (ça pique juste un coup et basta), mais ça doit être parce que les dents ne sont pas restées dans la peau.
Le lendemain, un gros nuage planait sur nous au sens propre comme figuré concernant le retour : la veille encore (où il avait tant plu), un groupe avait du faire une partie du chemin (la dernière section avant d'arriver au parc, en terre)... à pied !!! Vous imaginez le cauchemar ? 6h de pataugeage dans la bouillasse.
Le suspense a duré jusqu'au dernier moment car les portables ne passant pas à cet endroit, on ne pouvait pas appeler pour savoir. On attendait les pick up comme le messie, guettant anxieusement le moindre bruit a l'horizon... surtout la pauvre Anneli et son gros orteil foulé.
Je ne vous raconte pas les cris de joie quand on les a vus arriver. Une véritable ovation.
Fin de ce post-fleuve.
Pour les rabat-joie et les mauvaises langues : oui je sais, pas besoin d'aller aussi loin pour vivre tout ça, chez nous ya l'accrobranche et le zoo de Jurques.

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