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V for Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd

Publié le 07 juillet 2011 par Acdehaenne

Bonsoir Londres. Il est neuf heure, et voici La voix du Destin… Nous sommes le cinq novembre 1997. Le peuple londonien est informé que les arrondissements de Brixton et Streatham sont placés sous quarantaine à compter d’aujourd’hui. Il vous est demandé de vous tenir éloignés de ces zones pour des raisons sanitaires et de sécurités. Tôt ce matin, la Police a inspecté dix sept maisons dans le quartier de Birmingham, révélant selon toutes vraisemblances un réseau terroriste de première importance. Vingt individus, dont huit femmes, ont été placés derrière les barreaux en attendant leur procès. La météo sera clémente jusque 12h07 jusqu’à la prochaine averse qui cessera à 1h30… Passez une agréable soirée.

Souviens-toi, souviens-toi le 5 novembre…

L'homme des jeux

J’ai déjà dit tout le bien que je pensais d’Alan Moore à l’occasion d’un article sur Watchmen. Or, le

L'homme des jeux
monsieur a écrit bien d’autres chefs d’œuvre dans bien d’autres registres. Parmi ceux-ci, il y V for Vendetta. Placer « chef d’œuvre » des les trois premières lignes n’est-il pas rapide ? Pour moi, ces trois mots suffiraient à faire l’article. D’habitude, j’essaie de proposer un résumé de l’intrigue lors du petit paragraphe d’introduction. Ici, j’ai préféré vous traduire (parce que oui, ma lecture est en anglais. Je vous présente mes excuses pour ma traduction maladroite) la quatrième de couverture tant je trouve qu’elle illustre parfaitement la noirceur et la violence de cette Angleterre post-apocalyptique et dystopique.

 Dans les années 1980, les hommes se sont (encore) entretués. Les principales puissances mondiales sont décimées, la face du globe est littéralement changée. A la rigueur, pour eux, le problème est réglé. L’Angleterre n’a pas eu cette chance. Son territoire est maintenu. Son peuple en revanche subit un sort peut être pire. Dans les années 1990, un parti fascisant arrive au pouvoir. Il y instaure un régime de terreur, de censure, de contrôle des mentalités ; il impose l’uniformisation des identités et surveille, à l’aide de caméras directement placées dans les habitations, que ses ouailles filent droit. L’ambiance rappelle fortement le chef d’œuvre de George Orwell, 1984. Il ne s’agit pas pour autant de pastiche mais d’une référence assumée des auteurs. Dans les sous-sols londonien, un homme bout. Un homme, arborant le masque de Guy Fox (principal acteur de la Conspiration des poudres), passe à l’action. Il entend ramener un peu de subversion et de singularité dans l’esprit des individus. Cela commence par la destruction, et par la plantation d’une graine dans le cerveau d’une jeune fille élue un peu par hasard : Eve. Cet anarchiste n’a pas de nom. Ou il n’en a plus. Il se nomme V. Et, V, is for Vendetta. En effet, si ses intentions sont nobles, il ne revendique pas le beau rôle dans l’instauration d’une nouvelle ère. Ses manières ne valent guère mieux. Mais si l’homme peut/doit disparaitre, l’idée reste et germe.

Encore une fois, Alan Moore fait état de son génie. On comprend sa déception à la vision de l’adaptation cinématographique de son œuvre. L’original est autrement plus violent et âpre. Aidé par le dessin de David Lloyd, auquel il faut s’habituer, mais qui en fin de compte illustre parfaitement le propos, V for Vendetta est déjà cinématographique. Les cases s’enchainent dans un dynamisme parfait ; la voix off illustre, ou non, les cases et plonge le lecteur dans un bouillonnement d’idées.

La critique sociale est acerbe. On adhère à la vision de V, puis on se met à douter de ses intentions, de son extrémisme. Dans le fond, il a raison. Mais, quand même… Après tout, comme il le dit, il n’est qu’une pièce du puzzle. Le dessin est presque terminé. Oui, presque. Il ne l’est pas encore. Contrairement au film, et c’est une nuance importante, le peuple ne se range pas derrière V en tant que tel. Au contraire, en tant qu’individus, ils donnent un sens à leur révolte et agissent à visage découvert. L’anarchie, c’est l’absence de leader. Voir la foule arborer le masque de Guy Fox est un contre-sens par rapport au propos de la BD qui prône au contraire l’autonomie de pensée. Alan Moore et David Lloyd donnent des indices sur l’impact de V sur la société londonienne. En aucun cas, ils ne résolvent quoi que ce soit. Tout reste à faire, et à réorganiser.

Note : 

V for Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd
V for Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd
V for Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd
V for Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd
V for Vendetta, par Alan Moore & David Lloyd

 Les Murmures.


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