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Date limite

Publié le 10 juillet 2011 par Malesherbes

Le 10 mai, le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a demandé à la Cour de justice de la République (CJR) de mener une enquête sur le fait que Catherine Lagarde avait accepté que la résolution de l’affaire opposant Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais soit confiée à une cour arbitrale. La chambre d’accusation de la CJR devait rendre sa décision le 10 juin.

Le Conseil du Fonds monétaire international devant se prononcer sur l’embauche éventuelle de Mme Christine Lagarde comme Directeur général le 28 juin, la Chambre d’accusation a opportunément repoussé sa décision au 8 juillet. Il s’agissait alors sans doute de ne pas laisser la menace d’une éventuelle enquête sur l’affaire en cause compromettre les chances d’une candidate aussi talentueuse, susceptible de porter très haut le rayonnement de la France éternelle. Rappelons que cette avocate devenue ministre des finances a deux atouts essentiels, elle est parfaitement à l’aise en anglais et est du sexe dit faible. Soulignons également que ses compétences, tant dans le domaine bancaire que dans le monétaire, sont voisines de zéro. Mais impérissable auteuse, autrice, ou auteure, je ne sais plus, du concept de croissance négative, elle sera tout à fait à l’aise dans un monde où les paradis fiscaux ont été éradiqués par notre souverain bien-aimé et où banques et traders ont été ramenés à la raison.

J’avais ensuite entendu, je ne sais plus sur quel canal, que le FMI n’avait pas immédiatement fait signer à Mme Lagarde son contrat, dans l’attente de la décision repoussée au 8 juillet. Mais j’ai lu depuis que son contrat spécifiait en matière d’éthique des exigences beaucoup plus strictes que pour ses prédécesseurs. J’en ai donc conclu que ce contrat avait bel et bien été signé. Patatras, voilà que la chambre d’accusation de la CJR, le 8 juillet, a décidé de reporter sa décision au 4 août. Peut-être avait-elle eu vent de la même rumeur que moi-même et, soucieuse de ne pas compromettre cette signature, elle a jugé plus opportun d’attendre. Ce faisant, choisissant la date du 4 août, date de l’abolition des privilèges, si sa décision est celle que l’on peut hélas craindre, décréter l’inutilité de toute enquête sur une affaire ruineuse pour un État en déficit, ces sages juges auront choisi de réinstaurer un privilège : la possibilité pour les puissants de n’être jamais interrogés sur les motivations de leurs décisions contraires à l’intérêt national.

Ce report est également choquant pour une autre raison. Ce qui est en question, ce n’est pas une enquête, mais plutôt l’opportunité d’une enquête. Tous les éléments qui permettent d’en juger sont déjà réunis puisque la réponse devait être rendue le 10 juin. Dans la vraie vie, celle des travailleurs qui se lèvent tôt, si chers au cœur de Nicolas Sarkozy, existe quelque chose qui s’appelle une date limite. Ainsi, quand une entreprise répond à un appel d’offres, on lui spécifie que sa réponse devra impérativement être fournie au plus tard un jour donné et à l’heure prescrite. Comment donc de telles éminences peuvent s’autoriser, sans aucune justification, sauf les raisons perverses que l’on devine, à ne pas respecter les dates qu’elles ont elles-mêmes fixées ?

Allez, Nico, si tu veux gérer la France comme une entreprise, te voilà encore avec du pain sur la planche.


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