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Le dieu du carnage de Yasmina Reza

Par Sylvie

Editions Albin Michel

Le Dieu du carnage
Mise en scène au Théâtre Antoine (janvier-mars 2008)
Voici donc le grand événement théâtral de Paris en ce moment : la nouvelle pièce de la plus prolixe des dramaturges françaises, Yasmina Reza. Ce nouvel opus est un petit bijou de cynisme : derrière les bons sentiments et la bonne conscience occidentale, l'auteur pointe notre hypocrisie ; derrière la raison proclamée, le dieu du carnage n'est jamais loin ...

L'histoire est très simple : un couple, Véronique et Michel Houllié invitent chez eux un autre couple, Annette et Alain Reille pour régler une simple histoire de coups de poing entre leurs deux rejetons : Ferdinand, le fils Reille a cassé deux dents à Bruno, le fils Reille.
Entre gens de bonne famille, on s'invite donc pour régler le problème à l'amiable plutôt que de se crêper le chignon. On mange donc du clafoutis et on s'explique, on parle de ses métiers respectifs....et tout s'envenime ! Il y a Alain, avocat véreux qui défend une industrie pharmaceutique plus que douteuse, toujours accroché à son portable. Sa femme, Annette, plutôt timorée, se met soudain à vomir ! Quant à Véronique, elle est obnubilée par les grands principes moralisateurs : alors qu'elle publie un livre sur le Darfour, passionnée par la cause humanitaire, elle tient absolument à ce que les deux enfants s'expliquent entre eux alors qu'ils n'ont que 10 ans !!!

Le dieu du carnage de Yasmina Reza

Mais derrière cette civilisation de la raison et des bonnes manières, les pulsions et les frustrations remontent à la surface...On apprend alors que le matin même, le hamster de l'enfant a été jeté dans la rue et que finalement, "on est élevé dans une idée johnwaynienne de la virilité" ! Le vomissement d'Annette(sur les livres d'art !) est particulièrement significatif de toute cette violence refoulée !
On rit forcément de ces personnages caricaturaux qui ne veulent pas assumer leur violence sous-jacente. Pour Reza, les bons sentiments, la civilisation ne sont qu'un leurre. Elle épingle en passant toute la société bien-pensante pétrie de bons principes.
Comme à chaque fois, c'est mordant, acerbe, méchant. Je n'ai qu'une hâte : c'est de voir Isabelle Huppert dans le rôle de Véronique Houillé, la bourgeoise bien pensante !
"Nous vivons en France. Nous ne vivons pas à Kinshasa ! Nous vivons en France avec les codes de la société occidentale. Ce qui se passe square de l'Aspirant-Dunant relève des valeurs de la société occidentale ! A laquelle, ne nous déplaise, je suis heureuse d'appartenir !"
"La morale nous prescrit de dominer nos pulsions mais parfois il est bon de ne pas les dominer. On n'a pas envie de baiser en chantant l'Agnus Dei
;"


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