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BLUE VALENTINE (Derek Cianfrance - 2011)

Par Actarus682
http://cinemateaser.com/wordpress/wp-content/uploads/2010/11/BLUE-VALENTINE-POSTER.jpg Le mélodrame pourrait concourir sans problèmes au titre de "genre cinématographique le plus casse-gueule" du septième art. Là où l'immense Douglas Sirk lui donna ses titres de noblesse avec des oeuvres aussi indispensables que Tout ce que le ciel permet, Ecrit sur du vent ou Le temps de vivre et le temps de mourir, d'autres réalisateurs s'y vautrèrent avec la discrétion d'un hippopotame testant des canapés chez Ikea, en misant sur le tire-larmes à fond les gamelles, histoire de rameuter le chaland avide de facilité lacrymale (le Lars von Trier de Dancer in the dark ou le Guillaume Canet des Petits mouchoirs, pour ne citer qu'eux).   Plutôt courageux pour le débutant Derek Cianfrance, donc, de s'essayer au mélo pour son premier long-métrage. Dire que le metteur en scène s'en sort avec les honneurs serait un euphémisme, puisque Blue Valentine constitue ni plus ni moins qu'une gigantesque déflagration émotionnelle qui nous explose en plein coeur et dont les répercussions nous poursuivent et nous secouent bien après la projection. http://marvelll.fr/wp-content/gallery/blue-valentine/blue-valentine-photo-3.jpg Auscultant le lent délitement d'un couple à travers un quotidien de plus en plus oppressant, le réalisateur nous dépeint le désamour qui peut s'emparer d'un être pour son conjoint à travers des non-dits, des détails (c'est toujours en leur sein que se cache le diable), et des regards qui en disent plus long que n'importe quel discours. Ainsi, un mot trop vite prononcé, un corps que l'on répugne progressivement à toucher, la présence de l'autre que l'on ne supporte plus, apparaissent comme autant de signes de détachement . En l'occurence, celui qu'éprouvera le personnage de Cindy (parfaite Michelle Williams) pour son mari Dean (bouleversant Ryan Gosling). La désintégration de ce couple s'avèrera ainsi au final comme l'une des plus traumatisantes jamais portées sur un écran. http://www.cinereves.com/photos/BLUE%20VALENTINE%2027.JPG http://a10.idata.over-blog.com/600x398/3/34/23/10/Cinema/Blue-Valentine---Michelle-Williams.jpg   Optant pour un astucieux montage alternant flash backs et temps présent, Derek Cianfrance nous convie à découvrir comment les deux personnages principaux se sont rencontrés et aimés, mais également ce qu'ils sont devenus, dans une traumatisante construction parallèle qui invite d'emblée le spectateur à l'identification (cette histoire peut arriver à n'importe qui). Ou comment peut-on passer d'un amour absolu au néant sentimental et au mépris de l'autre. Une lente descente aux enfers dont l'inéluctable cours n'a d'égale que l'universalité de sa portée. Film d'horreur Blue Valentine ? On n'en est pas loin. http://28.media.tumblr.com/tumblr_lnujovd4kl1qbjvowo1_500.jpg http://www.le75011.fr/wp-content/uploads/2011/06/blue_valentine_michelle_williams.jpg   Jamais larmoyant mais s'inscrivant au contraire dans une démarche sincère dont l'absence de calcul mérite le plus grand des respects, Blue Valentine alterne les électro-chocs viscéraux et noue la gorge à plusieurs reprises, en faisant sien l'axiome selon lequel l'amour n'a d'autre maître que lui-même. Les personnages subiront ainsi l'absence totale de contrôle sur le devenir de leurs sentiments, malgré leurs efforts pour tenter de tout sauver. Témoins impuissants de la tragédie ordinaire qui se déroule sous nos yeux, déglingués à l'intérieur, secoués par une potentielle résonnance personnelle, on sort lessivés de Blue Valentine, essorés, les yeux pleins de larme et le coeur en vrille, la dernière scène du film constituant le coup de massue final qui enverrait au tapis le plus robuste des spectateurs. L'amour est mort, mais la vie continue.

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