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L’euro, la dette grecque et les agences de notation

Publié le 17 juillet 2011 par Olivia1972

Ce billet n’a pas de rapport direct avec l’Inde, mais il relève finalement de l’actualité internationale et économique et ce sujet alimente de nombreuses discussions avec mes collègues indiens.

Du fait de la dette grecque, l’euro connaît une véritable crise de crédibilité et aujourd’hui de nombreuses spéculations alimentent la morosité générale.

 

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Je lisais dimanche matin une responsable socialiste, dire qu’il fallait limiter le pouvoir des agences de notation. Ce qui inspira sans doute ce billet fut que la même responsable préconisait une augmentation de 30% du budget de la culture. Il semble que certaines personnes, à droite comme à gauche, aient du mal à comprendre certaines réalités économiques. C’est donc à eux que je dédie ce billet.

Commençons par le plus facile, les agences de notations. Les agences de notation sont des équipes de professionnels qui notent les entreprises, certains instruments financiers, les villes, les pays. Ces équipes analysent la situation et traduisent leur évaluation en une note qui est en fait l’expression d’une probabilité de défaut dans un horizon de temps donné. Ayant pratiqué ces agences durant de nombreuses années, je dois reconnaître leur professionnalisme. Vouloir limiter leur pouvoir, je ne sais pas ce que cela veut dire ? On peut être enclin à les supprimer ou à les interdire ce qui reviendrait à casser le thermomètre pour que le malade ne puisse connaître sa température. Il est vrai qu’une dégradation de note a des conséquences financières mais pas plus que la baisse d’un cours de bourse. Si on est dans un système économique ouvert et transparent, il faut en accepter les règles de transparence.

Mais revenons à la crise de l’euro, actuellement alimentée par la dette grecque. Faisons d’abord quelques constats puis résumons ce qu’il convient de faire.

 

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Ce qui se passe n’est pas très compliqué à comprendre ; l’Etat grec a accumulé une dette bien supérieure à ses capacités de remboursement. Qui est responsable de cette situation ? C’est simple c’est l’Etat grec et l’Europe mais aussi les prêteurs. Pensez aux situations qui frappent certains français en situation de surendettement. On peut reprocher à l’Etat grec, aidé en cela par une banque américaine sans scrupule, d’avoir lors de son adhésion à l’euro maquillé sa comptabilité publique. On peut surtout lui reprocher de n’avoir pas su équilibrer ses comptes. Les règles d’endettement, comprises dans le Traité de Maastricht (Pacte de stabilité et de croissance) prévoient que la dette publique ne peut excéder 60% du PIB. En 1999, pour la France on était à 59%, et on atteint aujourd’hui à 78%. La Grèce est à 113%, l’Italie à 115%.

 

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Le constat est que l’Europe a laissé filer la dette publique de la zone euro. On peut bien sûr débattre du lien entre accroissement de l’endettement et relance économique car dans certains cas, il faut savoir oser s’endetter pour relancer l’économie, mais cet exercice trouve ses limites dans la croissance mondiale. Le vrai constat est que l’Europe n’a pas aujourd’hui les moyens de contraindre les Etats à la rigueur budgétaire. Il ne peut y avoir de réussite de l’euro sans discipline financière. Sa crédibilité est à ce prix. Cela vaut pour la Grèce autant que pour la France.

Le deuxième constat est que l’euro dans sa construction implique l’idée qu’il existe une solidarité monétaire à l’intérieur de la zone euro. Le non règlement de la situation grecque serait à juste titre interprété comme la faillite du système euro.

Ce qu’il faut faire n’est pas très compliqué à énoncer, mais cela semble hélas plus compliqué à réaliser.

Il faut d’abord sauver la Grèce. Restructurer cette dette en l’allégeant, le fardeau devant être porté par les grecs et l’Europe. Nous ne sommes pas convaincus par l’idée qu’un abandon partiel de créance de la part des prêteurs soit vraiment dans l’intérêt de l’Europe, car de défaut (même partiel) de paiement serai

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t analysé comme un défaut de solidarité; et n'oublions pas que ici la solidarité signifie confiance.

Nos amis grecs doivent ensuite réduire leur déficit public; les règles du Traité de Maastricht limitent à 3% du PIB ce déficit. On est depuis plusieurs années en Grèce entre 8 et 10% ! A titre de comparaison, le déficit est de 7% en france et à 11% aux Etats-Unis.

Il faut surtout revenir à la discipline financière européenne. Comme le dit Jean Peyrelevade dans son excellent blog http://peyrelevade.blog.lemonde.fr/, il faut centraliser la gestion de la dette publique des Etats et imposer la discipline. Mais bien sûr cela suppose que dans les Etats de la zone euro, les responsables politiques aient le courage de tenir un discours de vérité sur l’endettement et le déficit.

 

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On voit bien, dans cette construction européenne, qu’il manque un leadership politique. Et c’est vraiment dommage car l’Europe constitue non seulement une grande zone économique de ce monde mais aussi une zone du monde qui porte de manière durable de grandes valeurs démocratiques qui nous sont enviées. Et c’est enfin un ensemble culturel homogène ayant atteint un niveau de développement assez remarquable. Il serait d’ailleurs paradoxal que la Grèce berceau culturel de l’Europe ne soit pas sauvée par elle.

Au fond, avec cette crise grecque, je me sens davantage européen.


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