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Une campagne présidentielle dans le caniveau

Publié le 20 juillet 2011 par Hmoreigne

Une campagne présidentielle dans le caniveau"Manipulations". Le terme a été lâché par François Hollande lui-même, rattrapé par les tentacules de l'interminable feuilleton DSK. Faut-il voir la main de l'Elysée derrière ce début de campagne qui ne sort pas du caniveau et qui éclabousse les principaux prétendants socialistes ? C'est ce qu'affirment différents ténors socialistes qui s'inquiètent de voir Le Figaro, journal engagé mais de qualité se muer en organe de presse de l'UMP, n'hésitant pas recourir à des photomontages et des manchettes trompeuses.

Halte à la manipulation. De façon posée mais particulièrement ferme François Hollande tape du poing sur la table à propos d'un scénario politico-judiciaire qui désormais le concerne. "Ce que je n’accepte pas, c’est la manipulation d’une affaire qui n’est pas la mienne, qui n’est pas celle du PS, à des fins politiques !" a déclaré depuis Dijon le candidat à la primaire socialiste.

La manœuvre cousue de fil blanc pour attacher un boulet au pied du candidat corrézien est à double tranchant. Que peut-on reprocher à l'ancien Premier secrétaire du PS : de ne pas avoir interpellé DSK sur des faits rapportés sur sa vie privée ? Seule certitude, la famille Mansouret-Banon aurait besoin d'une bonne psychothérapie tant les rapports mère fille semblent complexes.

François Hollande reconnaît avoir parlé avec Anne Mansouret d’un «incident» que sa fille aurait eu avec l’ancien patron du FMI. Dans Le Monde du 20 juillet il indique "qu'elle ne m’avait donné aucun détail, ni demandé quoi que ce soit, et je lui avais répondu que la meilleure solution était que, si sa fille avait eu un problème, le mieux était qu’elle en parle à la police".

Anne Mansouret, élue socialiste, est bien plaçée pour savoir que le rôle du patron des socialistes n'est pas celui d'un procureur. Dans un entretien accordé au quotidien Libération, édition datée du 20 juillet elle précise d'ailleurs"Je dis haut et fort que je ne reproche rien à François Hollande, (...) il est le seul être humain que j'ai rencontré en politique. C'est un homme profondément humain".

La droite aurait tort de se lécher les babines trop tôt. Comment se fait-il que Nicolas Sarkozy échappe à tout reproche alors que comme ancien ministre de l'Intérieur il devait avoir connaissance de rapports sur DSK et que malgré cela, il a permis qu'il devienne directeur du FMI ?

Très logiquement, François Hollande a demandé mardi à être entendu "le plus rapidement possible" par les policiers français, qui tentent de vérifier la crédibilité des accusations de tentative de viol portées par Tristane Banon contre Dominique Strauss-Kahn. De nombreuses personnes ont en effet été auditionnées ces derniers jours. L’audition de François Hollande, prévue en septembre, tombe, est-ce un hasard, juste avant le premier tour de la primaire prévu le 9 octobre.

Cette mobilisation policière tranche avec le calme plat qui entoure la sulfureuse affaire de financement politique dite de Karachi ainsi que du mystérieux intermédiaire Takiédine.

Cas Banon contre Karachi, la bataille de boules puantes est loin d'être souhaitable. Non pas que l'émergence de la vérité ne soit pas un droit et une nécessité mais parce que ces affaires sont trop souvent utilisées en écran de fumée pour éviter tout débat politique de fond.

On a l'habitude de railler les théologiens byzantins qui discutaient encore du sexe des anges alors que leur ville, Constantinople, était sur le point de tomber aux mains des Turcs. Etrange similitude. Arrêtons quelques instants le voyeurisme sur la vie sexuelle de DSK pour nous intéresser aux coups de boutoirs des marchés financiers qui menacent aujourd'hui de faire tomber les murailles de l'UE.


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