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Sous la Plage,la Dette?

Publié le 25 juillet 2011 par Jblully

Le Blog Friedland vous souhaite de bonnes vacances,et il serait malséant de gâcher cette période de remise en forme par des propos trop déprimants.

Toutefois il est permis durant cette période bénie,de fermer les yeux allongé sur un transat et de réflechir quelques minutes au monde que l’on va retrouver à la rentrée,avec ses craintes et ses espoirs. La lucidité de la pré sieste..

La « Crise Grecque » et ses extensions mondialisées ne sont pas si intuitives à comprendre,notre bon sens nous disant d’abord que si le pays est beau  et ensoleillé il ne pèse pas bien lourd dans la production et encore moins les échanges du Village Europe. Et,après tout,si dans un bourg prospère aux activités diversifiées un des plus petits commerce bat de l’aile,c’est bien triste pour lui,son propriétaire et ses trois salariés, mais cela ne devrait pas affecter sensiblement l’emploi et l’activité de la communauté.

Cela serait exact s’il s’agissait d’une mort subite,mais le petit commerce en question était en déficit depuis des décennies,la banque locale l’a aidé tout ce temps à boucler ses fins de mois et il a emprunté régulièrement à ses voisins rassurés par cet adossement bancaire. Et finalement les montants accumulés ne sont pas négligeables,si la banque devait passer ses créances en pertes cela ferait un trou conséquent dans son bilan,et quand aux voisins obligeants ils subiraient un prélévement très désagréable et inattendu sur leur épargne .

Mais  surtout cela crée une trop tardive mais légitime interrogation sur l’objet même des concours accordés à ce petit commerce..et à d’autres entreprises beaucoup plus importantes du village.Finalement,quand on prête à long ou très long termeà une entreprise,ou à un Etat,on imagine spontanément financer des machines performantes,des infrastructures ,de la R et D,des Université,toutes sources de revenus et de croissance futurs donc de possibilité de remboursement. Quand on se rend compte qu’on a en fait financé le salaire des employés ou la retraite des fonctionnaires,on s’inquiète. Quand on prend conscience qu’on a en fait abondé le service des intérêts à d’autres créanciers,on s’affole car on est pas loin du Ponzi..

La crise de la dette n’est pas grecque,elle est européenne et mondialisée,et passe du dollar à l’euroland et inversement sur le même fondement: les Etats se sont financés « vertueusement » en apparence,  par appel à l’épargne longue et non à la création de fausse monnaie, mais la vertu n’a pas été la même dans l’usage de cette épargne. Si on y réflechit bien qu’une bonne part de nos dépenses quotidiennes de santé soit in fine réglée par des investisseurs étrangers en titres longs est aberrant.

Les marchés financiers spéculent certes,c’est à dire essayent de prévoir l’avenir sans trop d’etat d’âme. Mais en l’occurrence ils ne sont pas particulièrement amoraux,ni les agences de notation particulièrement cyniques.Les premiers réunissent les prêteurs qui ne veulent pas perdre leur mise,les secondes sont écartelées entre le postulat de la qualité sacrée de la « signature » d’un état et la connaissance élémentaire des dynamiques d’une dette quand les taux sont supérieurs à la croissance. Et si elles mettent en doute la signature,elles font augmenter les taux,cercle assez infernal.

Sous notre paisible plage,il y a donc un océan de dettes..Mais ne désespérons pas,la dette est la contrepartie du temps donné au débiteur pour agir.;Après les plans de sauvetage dans l’immédiat,doit et peut venir le temps de la remise en ordre générale et progressive, si du particulier à l ‘Etat souverain en passant par les entreprises le maitre mot est d’adapter l’horizon des crédits à celui des recettes attendues.Endettons nous sur vingt ans pour une maison qu’on habitera trente,et pas l’inverse et payons l’écran plat sur trois mois de salaires. Financons le traitement de nos grippes annuelles par nos cotisations et empruntons à long terme pour nos labos high tech.

Le crédit est un activité à risque,avec un aléa consubstantiel sur le rendement de l’activité ainsi financée.C’est là le mécanisme clé de la croissance.Or une grande part de la dette publique est dépourvue de tout aléa,on est certain…que la dépense est définitive et sans retour futur.Les disciplines budgétaires du futur devront pallier ce ce travers plutôt que s’evertuer à trouver le ratio idéal de déficit sur PIB.

Bonnes vacances à tous

Yann de Lestang

 


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