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Sucre :Les menaces qui pèsent sur le Ramadan

Publié le 26 juillet 2011 par 237online @237online

Écrit par La Nouvelle Expression   


La saisie la semaine dernière d'un stock spéculatif de 40 000 tonnes de sucre vient raviver les craintes sur la disponibilité du produit. Le ministère du commerce appelle les consommateurs à la vigilance.
« Ça représente la consommation de toute une ville ! » Ainsi s'écriait le directeur du commerce intérieur au ministère du Commerce, Valentin Mbarga Bihina le 19 juillet dernier, à l'annonce de la saisie par ses services d'un stock de sucre spéculatif de 40 000 tonnes appartenant à la société Sodipalcam. Excédé, le responsable gouvernemental n'en avouait pas moins son impuissance face à la roublardise de ce partenaire. « Certains partenaires ne jouent pas franc jeu car ils se livrent à la spéculation », avait-il alors poursuivi. Aussi, en cette période où la population musulmane s'apprête à entamer le jeûne du mois de Ramadan, celui-ci fait-il fort de préconiser la vigilance. « C'est une période où les gens consomment beaucoup de bouillie et d'aliments à base de sucre », explique t-il. Le Ramadan, qui s'ouvre, d'après certains religieux musulmans le 1er août sera suivie de la période des rentrées scolaires, qui figure elle aussi parmi les pics de consommation au Cameroun. Compte tenu des problèmes que connaît actuellement le marché du sucre, le « coup » de la Sodipalcam mérite d'être pris au sérieux.

Marché

Alors que la demande nationale est estimée à 180 000 tonnes, la production nationale de sucre s'élève aujourd'hui à 105 500 tonnes. La Sosucam (Société sucrière du Cameroun), principale productrice nationale peine encore à combler les attentes. Aussi le gouvernement a-t-il autorisé l'importation de 85 000 tonnes de sucre supplémentaires, afin de combler le déficit de la production nationale. Une solution qui n'a pas permis, jusqu'ici, d'en finir avec les spéculateurs. « Depuis le libéralisation du secteur, plusieurs sociétés interviennent désormais dans le système. Ce sont des entreprises privées, qui font leurs affaires, le gouvernement ne peut les empêcher », explique Valentin Mbarga Bihina.

En effet, le marché du sucre s'est depuis lors enrichi de nouveaux acteurs. Outre le producteur Sosucam, on distingue désormais les importateurs, qui font venir la denrée de l'extérieur et les transformateurs qui le conditionnent en carreaux. En queue de la chaîne, se trouvent les grossistes, chargés d'approvisionner les semi-grossistes et les détaillants. Quatre grands grossistes dominent actuellement le marché local, parmi lesquels la Sodipalcam. Or la brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes, principale gendarme du secteur, ne dispose pas toujours de moyens suffisants pour s'assurer de la sincérité des différents opérateurs.

Sanctions

L'une des principales entorses à la réglementation est, d'après le chef de cette brigade, Jean Marie Nemi Nkollo, la spéculation. Un des éléments de cette structure explique notamment que « quand vous dites que vous voulez du sucre, ils vous disent qu'il n'y en a pas. Après, ils vous tirent par derrière pour vous le proposer à un prix plus élevé. Et ils ne délivrent pas de facture ! » Ces dernières années, la brigade a entrepris plusieurs actions de saisie, qu'il s'agisse du gaz domestique, du poisson ou du sucre. Le cas Sodipalcam est notamment révélateur des irrégularités du système.

En 2007 déjà, le même opérateur a été coupable des mêmes faits. Les sanctions habituelles (saisie-revente-paiement des indemnités) ont été appliquées, mais elles ne semblent plus particulièrement dissuasives. D'après des responsables du Mincommerce, le gouvernement pense aujourd'hui à de nouvelles sanctions. En attendant, ceux-ci annoncent des caravanes de promotion du sucre autour des mosquées et points de regroupements des musulmans, ainsi que le renforcement des mesures de contrôle des prix dans les marchés.



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