Magazine Autres sports

Les gagnants et les perdants du lock-out

Publié le 27 juillet 2011 par Sixverges
Les gagnants et les perdants du lock-outJR clôt le triste chapitre du du lock-out en nommant les gagnants et les perdants de ce conflit de travail.
-Les gagnants-
Les propriétaires : Depuis le début, c’était écrit dans le ciel ; les concessions allaient venir du côté des joueurs dans cette négociation. Même s’ils n’ont pas obtenu tous les gains qu’ils convoitaient (la saison de 18 matchs semble repoussée aux calendres grecques entre autres), ils ont imposé le point le plus important de leur agenda, soit la baisse de la part des joueurs dans le partage des revenus. Puis, en imposant un plafond salarial restrictif aux recrues, ils viennent finalement à bout d’un irritant majeur et de la source d’inflation principale des salaires ces dernières années. Tout ceci devrait permettre aux patrons d’économiser entre 300 et 450 millions par année.
Les joueurs de 5e et 6e année : Une des concessions faite aux joueurs touche l’autonomie. Il fallait auparavant attendre 6 ans pour devenir agent libre sans compensation. Maintenant, les joueurs seront libres comme l’air après 4 ans. Sachant que les carrières sont courtes dans le football, ceci permettra à bon nombre d’entre eux de monnayer plus adéquatement leurs meilleures saisons.
Les amateurs : A part Simon Bussières, levez la main ceux qui croyaient que le lock-out allait se régler si rapidement. Certains craignaient la perte d’une saison complète, beaucoup s’attendaient à ce que le conflit de travail retarde au moins le début de la saison d’un ou deux mois. Mais finalement, la saison régulière sera disputée en entier, et, avec l’ouverture des camps et la folie des agents libres, le lock-out ne sera plus qu’un mauvais souvenir sous peu. En plus la convention collective est valide pour les 10 prochaines années, ce qui nous assure de ne parler que du sport pendant longtemps.
Roger Goodell et DeMaurice Smith : Ça n’a pas toujours été beau, mais ultimement, ils ont fait le travail. Ils jouaient gros au plan personnel, les deux en étant à leur première négociation comme chefs de leurs groupes respectifs. Ils nous livrent une paix syndicale de 10 ans et une entente qui semble satisfaire les 2 parties (votes unanimes des 2 bords, moins Al Davis, mais il baigne dans le formol donc ça ne compte pas). Goodell, un commissaire populaire avant le lock-out retrouvera probablement une grande partie de son aura auprès des amateurs. Ces conflits tournent souvent en une guerre d’égos, ce que ces deux hommes qui n’ont guère d’atomes crochus ont su éviter. Le résultat étant qu’ils ont solidifié leur emprise sur leur emploi respectif.
Les joueurs qui touchent le salaire minimum : Mine de rien, 1000 des 1800 membres de la NFLPA touchent le salaire minimum, soit plus de la moitié des effectifs. La hausse annuelle de 10 % prévue de ce minimum leur fera certainement plaisir. De plus, les réductions de la charge de travail hors saison devraient en théorie limiter les blessures et prolonger les carrières.
Les retraités : Entre 900 millions et un milliard de dollars supplémentaires iront à la caisse de retraite, dont 620 millions pour les retraités d’avant 1993, des légendes qui n’ont pas bénéficié des salaires offerts aujourd’hui. La couverture médicale, tant des retraités que des joueurs actifs a aussi été bonifiée.
Robert Kraft : Je déteste les Patriots à m’en confesser et je continuerai de leur souhaiter tous les malheurs de la terre pour la saison qui vient. Mais on ne peut qu’admirer le travail accompli par leur propriétaire Robert Kraft dans ces négociations. Dans des circonstances personnelles douloureuses, il est celui qui a rapproché les 2 parties, celui qui a évité l’affrontement et facilité la conciliation. Il n’y a pas de doutes, à Boston, l’excellence vient du sommet de la pyramide. En ce sens, l’hommage senti que lui a rendu Jeff Saturday démontre la classe et le calibre de ces individus. Disons qu’on ne s’ennuie pas des coups de gueule de Chris Chelios ou Gérald Larose dans des moments comme ça.
-Les perdants-
Les recrues : Ce sont eux les grands perdants de ce lock-out. Dans la plus pure tradition syndicale, ce sont les nouveaux venus qui ont été sacrifiés et qui absorberont la grande majorité des réductions de salaires. Les premières évaluations font état que le salaire du premier choix 2011 Cam Newton n’atteindrait que la moitié de celui de son prédécesseur Sam Bradford. Bon, il devrait quand même empocher 35 millions de dollars, donc on ne versera pas de larmes pour le QB des Panthers, mais c’est quand même une diminution marquée. Elle est toutefois pleinement justifiée, les salaires des recrues (particulièrement les 15 premiers choix) atteignaient des proportions stratosphériques. La ligue compense un peu en abaissant d’un an la durée de ces contrats. L’autre difficulté pour les nouveaux venus est qu’ils n’ont pas eu d’entraînements officiels avec leurs clubs. Surtout pour ceux dont on attend un impact dès cet automne, ça fera beaucoup de matière à maîtriser en peu de temps.
Les équipes jeunes ou qui ont fait plusieurs changements: Malgré l’absence de camps formels, à peu près toutes les équipes se sont entraînées ensemble à l’initiative de leurs joueurs. Sauf qu’alors qu’une équipe comme les Saints a pu le faire sous la supervision d’un QB qui connaît le playbook par cœur, les équipes qui changent de système et/ou d’entraîneurs et qui confiront des postes importants à des recrues ont dû s’en remettre à des exercices généraux et à du team building. Des équipes comme Cincinnati ou Cleveland risquent d’avoir besoin de chaque minute du camp pour implanter leurs nouvelle philosophie, tandis qu’à Pittsburgh, Green Bay ou la Nouvelle-Orléans, ce sera « business as usual ».
Les propriétaires gratteux : Le plafond salarial a baissé, mais le plancher a augmenté, une clause à laquelle les joueurs tenaient beaucoup. Ainsi, les Bengals, Chiefs, Bucs et Browns de ce monde devront augmenter leurs dépenses, car 99 % du plafond salarial imposé de 120 millions de dollars et des poussières devra être dépensé en 2011 et 2012. Par la suite, cette somme descend à 95 %, ce qui est quand même une hausse significative sur la situation précédente.
Les faucons : C’est vrai que les patrons ont gagné sur le point qui leur importait le plus et c’est aussi vrai qu’il fallait casser la spirale vertigineuse des salaires depuis 2006. Mais les Jerry Richardson de ce monde, qui voulaient en profiter pour briser le syndicat des joueurs et abuser de la situation à leur avantage ont jappé fort au début, mais furent écartés de la suite des choses. Ce sont les modérés, Robert Kraft (Patriots), John Mara (Giants), qui ont pris les choses en main et les tenants de la ligne dure ont dû se résigner à plusieurs concessions.
Logan Mankins et Vincent Jackson : Il y avait 8 autres plaignants dans la cause juridique des joueurs contre les exemptions de la loi anti-monopole américaine dont jouit la NFL. Mais Mankins et Jackson sont ceux que la perception populaire a identifiés comme les barrières à un accord sur la fin. Peut être est-ce un vestige d’une époque révolue, mais les plaignants dans ces causes obtenaient des compensations dans les années 80. Non seulement Mankins, Jackson et leurs 8 collègues n’en ont pas reçues, leurs demandes les a fait passer pour des enfants gâtés et des individualistes. Ayant déjà fait la grève en 2010, ces 2 joueurs ont brûlé leurs bonnes grâces et n’auront pas d’autres choix que d’accepter le Franchise Tag qui leur a été accolé en 2011.
La UFL : Déjà qu’ils avaient retardé le début de leurs activités cette saison, ce règlement est le coup fatal pour la ligue un peu broche à foin. Leur seule chance de percer était d’espérer un long conflit dans la NFL pour espérer faire leur place auprès des maniaques de football. Ce ne sera pas le cas et la UFL ira rejoindre la USFL et autres XFL au cimetière des ligues bidon qui ont osé s’attaquer à la toute puissante NFL.
Les avocats de la défense partout aux USA : La levée du lock-out signifie le retour du code de conduite. Après un lock-out particulièrement mouvementé dans la chronique judiciaire, le retour du code devrait calmer les esprits un peu. La NFL a dit avoir l’intention d’appliquer des sanctions pour les transgressions commises durant le conflit de travail, mais ils ont probablement beaucoup d’autres chats à fouetter présentement. Aqib Talib remporte la palme du plus con durant cette période. Félicitations!!!
Et voilà, terminé le lock-out! La prochaine fois qu’on parlera de gagnants et de perdants, ce sera sur le gridiron, une perspective beaucoup plus agréable!

Retour à La Une de Logo Paperblog