Magazine Entreprise

L’impasse américaine

Publié le 28 juillet 2011 par Edelit @TransacEDHEC

Longtemps les Etats-Unis se sont moqués et ont tourné en dérision la « vieille Europe », incapable de parler d’une voie unie sur la scène internationale, peinant mettre en place un mécanisme de stabilisation financière, rechignant à affronter les difficultés inhérentes à la construction de la zone euro. Force est de constater qu’à ce jour, ce sont bien ces mêmes Etats-Unis qui, du fait de basses manœuvres de part et d’autre de l’échiquier politique, se révèlent incapables d’affronter la « debt ceiling crisis ».

Précisons. L’endettement est une part essentiel du financement des nations et ce depuis de nombreux siècles. En 1917 les américains ont décidé de se doter d’un plafond, censé limiter l’endettement publique. Bien sûr, ce plafond n’a cessé d’être relevé pour faire face aux besoins toujours croissant de l’Etat fédéral. A l’heure actuelle, les Etats-Unis empruntent 40 cents pour 1$ dépensé.

La limite de 14 300 milliards de dollars a été atteint en mai dernier. Le Trésor a annoncé que le 2 aout serait la date butoir a partir de laquelle il ne pourrait plus faire face à ses engagements. Il y a fort à parier que cela n’est pas tout à fait exact. D’après Barclays Capital les USA pourraient tenir jusqu’au 10 aout, voire jusqu’au 15 selon d’autres experts. Là n’est pas le problème. Cette échéance est surtout un moyen pour s’assurer que les politiques parviennent à un compromis au plus vite. L’urgence de la situation n’est plus à démontrer. Depuis trois mois les marchés se montrent extrêmement fébriles face aux risques souverains. La zone euro a échappé de peu à l’implosion, pour l’instant. Un défaut de paiement des Etats-Unis aurait des conséquences dramatiques à échelle mondiale.

Mais alors, pourquoi ce blocage ? Républicains et démocrates sont évidemment au fait des enjeux économiques. Depuis des années, oppositions et gouvernements successifs n’ont cessé de se rejeter la responsabilité de l’endettement de la nation sans jamais prendre les mesures nécessaires à son contrôle. D’ailleurs cela est valable pour une grande partie des pays développés. Même les adeptes de « l’Etat minimal » n’ont pu s’empêcher de participer à cette course à la dette. Ce n’est pas les programmes militaires des Bush et autres Reagan qui démentiront cela. A ce jour, les démocrates se sont accordés sur des coupes budgétaires mais souhaitent préserver les programmes sociaux historiques comme medicare et medicaid. Ils désirent surtout augmenter la fiscalité sur les haut et très haut revenus. Les républicains y sont formellement opposés et prônent des coupes budgétaires drastiques pour parvenir à une réduction du déficit de 4000 milliards de dollars d’ici 2020.

Il faut alors bien prendre en compte l’importance du contexte pour mieux appréhender la situation actuelle. Les Etats-Unis sont dans une période pré-électorale. La réélection de B.Obama est très loin d’être acquise et les républicains ont de sérieuses ambitions. Rappelons que le Sénat est à majorité démocrate alors que la Chambre des Représentants est acquise aux républicains. Pour l’instant, aucun des plans présentés par chacun des partis n’a permis de parvenir à un compromis. Par ailleurs, les républicains n’ont pas grand intérêt à parvenir à une solution de long terme. En effet, s’ils s’accordent avec les démocrates sur un plan de réduction des déficit et un rehaussement du plafond de la dette, cela viendrait au crédit du mandat actuel d’Obama. A l’inverse, une solution provisoire consistant en un relèvement faible (ou temporaire) du plafond de la dette, hypothèse qui parait maintenant la plus probable, permettrait aux républicains de maintenir la pression sur les démocrates pendant la campagne.

Les marchés s’attendent à ce qu’un compromis soit trouvé rapidement mais celui-ci risque de n’être qu’un pis-aller. Il serait bon que les leaders républicains et démocrates dépassent leur conflit à court terme et se rendent compte qu’une dégradation, ne serait-ce que d’un cran, de la note de la dette US couterait des centaines de milliards de dollars au Trésor, et je ne parle même pas de la catastrophe que représenterait un défaut de paiement.

M.B.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edelit 18215 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte