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Pourquoi le retour vers le passé ?

Publié le 29 juillet 2011 par Rsada @SolidShell

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Le drame survenu en Norvège a pris de court toute l’Europe. A un point tel qu’il est surprenant de constater qu’une fois le bilan des victimes connu, le profil psychologique de l’assassin déterminé et ses motivations évoquées, le seul enseignement tiré par les différents commentateurs de cette tuerie est une résurgence de l’extrême-droite et des idées fascisantes.

S’il fallait en rire, nous pourrions réutiliser un slogan dépassé de La Poste : « pour une nouvelle, c’est une bonne nouvelle ! ».

Un panorama rapide des résultats électoraux de ces dernières années, obtenus par des partis d’extrême-droite en Europe suffit pour s’en convaincre :

Autriche : FPO/BZO = 29% des voix aux législatives de 2008. Belgique : Vlaams Belang = 11,9 % des voix aux législatives de 2007. Danemark : 13,2% des voix aux législatives de 2007. France : FN = 11,4% des voix aux régionales de 2010. Finlande : 19,1% des voix aux législatives de 2011. Norvège : FrP = 23% des voix aux législatives de 2009.

En France, le Front National n’a jamais cessé de progresser depuis le début des années 80. Si le suffrage universel uninominal à deux tours lui a empêché de retrouver les travées de l’Assemblée nationale, les dernières élections cantonales de mars 2011 ont montré qu’il parvenait désormais facilement à supplanter l’UMP pour le deuxième tour.

Ces dernières années, certains se sont contenter de juger le président Nicolas Sarkozy et l’UMP comme responsables d’un climat favorable au Front National en lançant des sujets comme celui de l’identité nationale, la chasse aux Roms ou la lutte contre l’immigration clandestine. Si ce sentiment n’est pas erroné sur la forme, il n’en demeure pas moins insuffisant sur le fond.

Comme je l’écrivais déjà en décembre 2009, les français « de souche » ont retrouvé leur identité. Mais l’avaient-ils réellement perdue avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République ? 2002 reste une année noire et les débats récurrents sur l’islam ou sur un antisémitisme latent dans notre pays ne nous ont jamais fait défaut.

La vérité c’est accepter de dire haut et fort que la France n’est pas la mieux placée lorsqu’il s’agit d’évoquer les questions de discriminations, de racisme ou d’actes d’intolérance. Elle paye son passé colonialiste et sa difficulté à assimiler la diversité de toutes les populations venues s’installer sur son territoire dans les années 60. 

La parole n’a jamais été aussi libérée qu’aujourd’hui, tous les excès sont autorisés et sont rarement sanctionnés. Les écarts de langage de certains responsables politiques ou intellectuels sont laissés à l’appréciation des français sans qu’aucune réponse appropriée et contradictoire ne soit apportée. La France à renoncer depuis longtemps à son devoir d’information et d’éducation.

La France entretient donc les clichés et utilise des formes nouvelles de stigmatisation pour justifier de certaines erreurs d’appréciation de son modèle économique et social. Elle renie son propre devoir de responsabilité.

Non, la résurgence des idées de l’extrême-droite et fascisantes n’est pas une nouvelle ni en Europe, ni en France. Comme un eczéma mal soigné, si ces idées refont surface plus fortement aujourd’hui, ce n’est ni la faute de la crise mondiale ou des attentats survenus en Norvège, c’est que ces idées n’ont tout simplement jamais disparues des esprits.

L’Histoire a toujours tenu une place importante en France. Dont acte. Que nos journalistes et nos chaines de télévisions fasse un travail d’historien cohérent en expliquant aux français pourquoi et comment le fascisme s’est propagé en Europe dans les années 30. Dans le même temps, qu’ils nous rappellent la triste période vécue par nos compatriotes durant les années de guerre lorsque la « Révolution Nationale » était portée aux nues par le Régime de Vichy.

Quelle que soit son origine ethnique, sa couleur de peau ou sa religion, les extrêmes ont abreuvés les imaginaires collectifs du rejet de l’étranger et de ce qui est différent. Renforcer l’instruction de nos enfants et l’éducation de tous, demeurent les seuls moyens efficaces pour préserver nos idéaux et contrer cette théorie malfaisante.

A la manière de Jonathan Swift : «  Comment peut-on espérer que des hommes acceptent des avis quand ils n'acceptent même pas des avertissements ? ».


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