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Mehdi Guadi, délégué exécutif de l’amev : « l’article 16 de la loi 28-00 sur la gestion des déchets au Maroc oblige les communes à élaborer un plan communal ou intercommunal de gestion des déchets ménagers et assimilés »

Publié le 01 août 2011 par Massolia

Mehdi Guadi
Délégué exécutif de l’amev
Conseiller Municipal Europe Ecologie Les Verts Paris (10)


- Est-ce que vous pourriez nous définir ce qu’est une éco-ville? Quels sont les éléments indispensables pour qu’une ville puisse revendiquer ce titre?

A vrai dire, il n’existe pas de définition universelle de l’éco ville ou de la Ville durable. Il n’y ni cahier des charges spécifique ni organisme de contrôle pour vérifier la conformité des villes à ce cahier. La ville durable renvoie plutôt à une éthique du développement. Elle ne peut pas être associée à un modèle particulier, dans la mesure où chaque ville possède un héritage mais aussi des dynamiques propres. Ainsi, le caractère durable d’une ville résiderait à mon avis, dans un ajustement permanent entre les mutations successives qu’elle connaît, les politiques qui les orientent et les dynamiques qu’elles génèrent dans le temps et dans l’espace. Bref, l’éco-ville est un construit.

Je vais tenter néanmoins de dégager quelques caractéristiques fondamentales de la ville durable qui sont à mon avis de plusieurs ordre :
1. Sa capacité à gérer le risque environnemental, en agissant d’une part sur la production de pollutions, et d’autre part sur la consommation de ressources;
2. Son souci de compenser les inégalités, autrement dit, à rétablir une équité sociale qui nécessite de renforcer la cohésion sociale tout en maintenant une certaine diversité sociale et culturelle.
3. Sa dynamique de diversification et de valorisation de son héritage.
4. Son développement économique partagé par tous et dont l’empreinte est limitée sur l’environnement naturel et culturel.
5. Sa vitalité démocratique par la reconfiguration des rôles de ceux qui justement font la ville. Il s’agit autant de donner une place nouvelle aux acteurs institutionnels, notamment à la sphère publique, qu’au citoyen


-Quelle est la raison d’être de l’Association Marocaine des Eco-Villes ?

Les raisons sont multiples et j’en citerais au moins deux içi:
D’abord, la conscience des président-es des communes fondatrices que la crie écologique, le dérèglement climatique, la réduction accélérée de la biodiversité, la raréfaction des ressources naturelles, les pollutions et plus généralement la dégradation de l’environnement, sont des dangers sérieux pour le futur de la planète et de l’humanité.

Ensuite, à l’échelle des communes, l’absence d’un espace d’échanges spécifique pour discuter des questions d’urbanisme, d’aménagement des quartiers, des d’espaces verts, de mobilité, d’énergie, de déchets…, à conforté les présidents des communes à construire une démarche collective pour instaurer cette nouvelle culture de coopération indispensable pour relever tous ces défis .

- Quels sont les priorités de vos communes-membres et les principaux projets d’éco-villes au Maroc?

En politique, tout est prioritaire ! Mais l’action de l’amev est balisée par les principaux objectifs que lui ont assignées les membres fondateurs à savoir :
• Produire des repères pour l’action et la gestion durable des territoires,
• Développer une culture commune du développement durable pour les élues et les élus des villes membres,
• Construire un réseau international et agir pour une coopération décentralisée écologique et solidaire,
• Informer et éduquer au développement durable et enfin, Associer le monde économique au développement soutenable des territoires.

-Deux villes sortent du lot : Agadir et Oulmes. Qu’en est-il exactement ?

Je cois que vous faites référence à la volonté de ces deux communes d’élaborer pour la première fois au Maorc, un Plan communal de gestion des déchets. Cet engagement est une décision collective du bureau de l’amev. En effet, à la suite d’une journée d’études que nous avons organisé à rabat le 26 novembre 2010, une commune urbaine, Agadir et une commune rurale, Oulmès, se sont portées candidates pour élaborer leur propre plan communal de gestion des déchets. Comme vous le savez, l’article 16 de la loi 28-00 sur la gestion des déchets au Maroc oblige les communes à élaborer un plan communal ou intercommunal de gestion des déchets ménagers et assimilés. Ce plan définit les opérations de pré collecte, de collecte, de mise en décharge, d’élimination, de traitement et de valorisation et, le cas échéant, de tri de ces déchets. Or faute du décret d’application, cette disposition est restée lettre morte. C’est tout l’intérêt de l’amev que de faire bouger les lignes au niveau local en apportant une aide et un accompagnement des communes volontaires.

Mais pour ne pas créer de jalousie entre nous, je peux citer aussi le cas de la Ville de Chefchaouen qui porte une attention particulière à la mobilité des piétons et des habitants. C’est dans ce cadre, nous avons conduit une mission d’assistance de la commune pour traiter efficacement cette question, ce rapport est téléchargeable sur notre site.


-Comment se fait au jour le jour la coordination avec les différentes communes membres et les autorités partenaires ?

Vu notre jeune âge, (moins d’un an), nous avons travaillé d’abord à renforcer les liens entre les communes membres. Cet objectif est en passe d’être atteint. En ce qui concerne les liens avec les autorités partenaires, ce travail est réalisé par le secrétariat général sous l’autorité de notre président. Nous privilégions pour cela, des méthodes souples qui tiennent en compte des agendas chargés des uns et des autres. Les échanges sont facilités par le recours aux échanges électroniques. J’assure aussi ma part le contact direct avec les présidents de communes par des déplacements réguliers.

-Les communes marocaines ont-elles des particularités liées à la problématique environnementales ? Lesquelles ?

La première caractéristique des communes marocaines est leur fort rythme de croissance, qui est excessivement rapide (un taux d’accroissement annuel moyen de 3,6 %). Cette urbanisation est aussi inégalement répartie. Elle se fait dans les villes côtières au détriment des villes de l’intérieur.
On peut citer aussi la question de la rareté de l’eau, le traitement des eaux usés, la pollution atmosphérique, l’extinction de la biodiversité en ville, l’étalement urbain,…… L’acuité de ces problèmes, leurs spécificités diffèrent d’un espace local à l’autre du territoire marocain. Leur degré de gravité est fonction du temps et de la manière dont ils sont gérés.


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